- Mondafrique https://mondafrique.com/politique/ Mondafrique, site indépendant d'informations pays du Maghreb et Afrique francophone Sat, 10 May 2025 20:11:21 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.1 https://mondafrique.com/wp-content/uploads/2017/11/logo_mondafrique-150x36.jpg - Mondafrique https://mondafrique.com/politique/ 32 32 Le fan club international de Marine Le Pen https://mondafrique.com/politique/le-fan-club-international-de-marine-le-pen/ https://mondafrique.com/politique/le-fan-club-international-de-marine-le-pen/#respond Sun, 11 May 2025 04:29:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=131114 Marine le Pen, qui a été jugée non éligible par les magistrats français, a été soutenue par beaucoup de chefs d’état et des personnalités internationales. Avec de la gauche vers la droite. -Victor Orban-Geert Wilders, le Le Pen Hollandais-Donald Trump– VladimirPoutine-Elon Musk-Bolsonaro Et pour finir Matteo Salvini, chef de la ligue du nord italienne.

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Marine le Pen, qui a été jugée non éligible par les magistrats français, a été soutenue par beaucoup de chefs d’état et des personnalités internationales. Avec de la gauche vers la droite.

-Victor Orban
-Geert Wilders, le Le Pen Hollandais
-Donald Trump
– VladimirPoutine
-Elon Musk
-Bolsonaro

Et pour finir Matteo Salvini, chef de la ligue du nord italienne.

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Notre portrait d’Abdelilah Benkirane élu à la tète du PJD marocain https://mondafrique.com/politique/lislamiste-abdelilah-benkirane-elu-a-la-tete-du-pjd-marocain/ https://mondafrique.com/politique/lislamiste-abdelilah-benkirane-elu-a-la-tete-du-pjd-marocain/#respond Fri, 02 May 2025 09:20:31 +0000 https://mondafrique.com/?p=132738 Le Parti de la justice et du développement d’orientation islamiste a annoncé ce dimanche l’élection d’Abdelilah Benkirane pour un nouveau mandat à la tête du Parti de la justice et du développement jusqu’en 2028. Premier ministre islamiste entre 2011 et 2016 sous la férule de Mohammed VI, Abdelillah Benkirane avait été marginalisé au sein de […]

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Le Parti de la justice et du développement d’orientation islamiste a annoncé ce dimanche l’élection d’Abdelilah Benkirane pour un nouveau mandat à la tête du Parti de la justice et du développement jusqu’en 2028.

Premier ministre islamiste entre 2011 et 2016 sous la férule de Mohammed VI, Abdelillah Benkirane avait été marginalisé au sein de son mouvement après les élections législatives qui avaient marqué la fin de son mandat.

Un portrait signé Haoues SENIGUER, Maître de conférences en science politique à Sciences Po Lyon 

Si le père d’Abdelillah Benkirane n’avait pas de sympathie politique particulière, sa mère en revanche était une activiste politique, militante très active au sein de l’Istiqlal, puisqu’elle participait aux réunions du parti nationaliste, aussi bien avant qu’après l’indépendance nationale. Abdelillah Benkirane vit ainsi dans une ambiance politique familiale, et ce dès l’âge de cinq ans, soit deux années à peine après la fin du Protectorat (1956).

Le jeune Abdelilah assistait à des joutes politiques et se souvient même des querelles qui opposaient de plus en plus, au début des années 1960, l’Istiqlal à l’Union Nationale des Forces Populaires (UNFP), à laquelle a appartenu Mehdi Ben Barka (1920-1965). Ainsi, il prit très tôt connaissance des sujets politiques et des événements de son temps, toujours en étroite liaison avec des préoccupations religieuses qu’il nourrissait dès le plus jeune âge au sein de la cellule familiale. Son implication et son application religieuses viennent donc à loin :
« L’étincelle pour la politique est liée à ma plus tendre enfance. Je suis issu d’une famille pieuse et très branchée sur le plan politique. Ce n’est pas une famille à proprement parler politicienne mais à tout le moins intéressée par la chose politique. Ma mère a été membre de l’Istiqlal. Mon père était très pieux et d’obédience soufie, mystique (tarîqa al-tijâniyya). Dès mon plus jeune âge, j’ai été séduit à la fois par la politique et la religion. Quand j’avais seulement dix ans, je ne connaissais déjà pas moins de quatre parties (ahzâb) du Coran. À neuf ans, j’ai été interpellé par la guerre des Sables en 1963 avec notre voisine l’Algérie[1]. »

A. Benkirane s’intéressait, alors qu’il avait à peine dix ans, au conflit du Sahara, qui opposa le Maroc à l’Algérie. Il décrivit, ailleurs, son enthousiasme à rejoindre très vite la maison familiale, à la fin des cours, à 13H, afin de pouvoir assister, admiratif, à la télévision, aux discours de Hassan II, qui dénonçait les ingérences de l’Égypte de Nasser, de l’Algérie de Boumediene, et exprimait son intention de préserver la souveraineté du royaume sur le Sahara occidental. Ses tout premiers pas dans le militantisme politique se firent au sein de la jeunesse de l’Istiqlal, pour deux raisons au moins, outre l’appartenance de sa mère au mouvement nationaliste : d’une part, du fait du glorieux passé nationaliste de l’Istiqlal dans le cadre du Mouvement national ; et d’autre part, du fait de l’attachement du parti en question à l’islam et à ses valeurs, notamment au travers de ses principales figures de proue, telles que Allal Al-Fassi (1910-1974), un ‘âlim (un docte religieux) nationaliste très fortement attaché aux préceptes de l’islam.

C’est à la fin des années 1960, notamment en 1968 qui est une année de forte agitation politique en Europe (France) et au Maroc, à l’initiative des formations de gauche et d’extrême gauche très présentes sur les campus et sur la scène politique, que Benkirane prit la décision de quitter l’Istiqlal pour rallier la jeunesse de l’UNFP. Il assista assidûment, au lycée et à l’université, aux mobilisations et aux luttes organisées par la gauche, qui réclamait, à ses débuts, un changement radical de régime. Pour A. Benkirane, il fallait, selon ce qu’il nous en dit au milieu des années 2000, distinguer les militants de l’UNFP, qui manifestaient dans ces espaces, sans violences faites aux biens et aux personnes, et ceux qu’il qualifie « d’extrémistes marxistes-léninistes », non sans parti-pris idéologique, du fait de son ralliement ultérieur à l’islamisme, virulent adversaire de l’idéologie « athée » de ces groupes. Pourtant, selon certaines sources en principe non hostiles aux islamistes[2], Benkirane aurait fréquenté et appartenu au mouvement du 23 mars d’obédience marxiste-léniniste, qui fut fondé dans la foulée des manifestations fleuves et violentes du 23 mars 1965 parties des lycées au cours desquelles des slogans hostiles au roi Hassan II auraient été proférés.

Au fond, ce sont moins ces violences, imputées à tort aux seuls éléments marxistes-léninistes en en excluant arbitrairement l’UNFP, qui sont mises à l’index dans ces années-là par A. Benkirane, que leur philosophie de type matérialiste-athée. Car, hormis l’antagonisme idéologique entre islamistes et marxistes-léninistes du point de vue religieux, l’agitation révolutionnaire était une disposition partagée par toute une génération à laquelle a précisément appartenu A. Benkirane, extrême gauche et islamisme confondus.

Le rôle clé de l’UNEM

Il est indispensable de souligner le rôle prééminent joué par le principal syndicat étudiant, proche de la gauche, l’Union Nationale des Etudiants du Maroc (UNEM), dans l’organisation des manifestations contre les autorités et des débats publics sur les campus. A. Benkirane ressentait, encore au début des années 1970, une attirance particulière pour ce discours frondeur porté par les jeunes socialistes, à telle enseigne qu’il s’en rapprocha. La radicalité de la gauche en général et celle de l’UNEM[3] en particulier exercèrent un véritable attrait aux yeux de Abdelillah Benkirane, puisque ce sont elles qui incarnaient le plus, à tort ou à raison, entre 1969 et 1972, les espoirs de révolution politique et de rupture radicale avec l’ordre institutionnel établi.

Le politologue marocain Mohamed Dharif synthétise les objectifs de ce syndicat (« un parti révolutionnaire » selon le politiste), dont les revendications entraient dans un premier temps en écho avec une certaine vision de l’Istiqlal (jusqu’en 1959), puis, dans un second temps, ledit syndicat rapprocha davantage, principalement à partir de 1959, des thèses politiques diffusées par les marxistes-léninistes et l’UNFP. Ce sont les orientations que A. Benkirane semblait lui-même partager, dans ces années-là du moins.

C’est pourquoi il est permis de mettre en évidence l’idée suivant laquelle, chez A. Benkirane, l’entrée à l’UNFP, au sein de ses structures de jeunesse, doit beaucoup plus à sa rhétorique politique révolutionnaire, qu’à des déterminants religieux, sinon déniés, du moins très secondaires au sein d’une gauche et les organisations associées à tendance nettement séculariste ou sécularisée. Par conséquent, la polarisation sur les moyens de mettre à bas le régime monarchique, prédominait largement les représentations de A. Benkirane, de la fin des années 1960 jusqu’au milieu des années 1970, en dépit, une fois de plus, de son arrière-plan religieux.

Autant la socialisation et la politisation de A. Benkirane durent, au premier chef, à son environnement familial originel, au contexte politique national et international de son temps, autant elles furent également tributaires de ses engagements militants successifs, et de sa présence dans les lycées et les campus, où se jouaient effectivement les plus importantes des luttes politiques et culturelles[4].

C’est alors le contexte de répression, qui s’abattit presque à l’exclusive sur toutes les formations de gauche contestatrices de l’ordre établi, dont l’UNFP, qui amena, nolens volens, A. Benkirane et ses compagnons à se rapprocher d’Allal Al-Fassi ; du fait de l’aura dont il jouissait auprès des acteurs politiques en général et du Palais en particulier. Ce dernier accepta de les recevoir à deux reprises, à l’année 1973, alors que l’UNFP était « presque interdite d’activité ». C’est ce qui est relaté, sur la foi du témoignage livré par Benkirane lors de son passage à l’émission de la chaîne al-hiwâr que nous avons déjà mentionnée. Témoignage qui est tout de même corroboré par des faits objectifs, que Mohamed Dharif rapporte dans Le Mouvement étudiant marocain[5]. Le politologue explique, en effet, que l’État a réprimé la gauche en général et l’UNEM en particulier, en raison, selon les motifs invoqués par les autorités de l’époque, de leur radicalisation présumée. Ce qui se solda, le 24 janvier 1973, par « l’annonce de l’interdiction légale de l’UNEM », au moment même où ce mouvement était très bien implanté à Rabat, Casablanca et Fès ; les lieux où la Jeunesse islamique trouvera un terreau fertile, pour constituer des poches de mobilisation et mener à bien l’ensemble de ses activités.

[1] Entretien avec l’auteur, mai 2006, Rabat.

[2] http://www.aljazeera.net/encyclopedia/icons/2014/12/23/عبد-الإله-بنكيران Consulté le 24 février 2018

[3] Cf. Mohamed Dharif, Le mouvement étudiant marocain. Lecture de la crise de l’Union Nationale des Étudiants Marocains (UNEM) 1956-1996 (en arabe), Casablanca, Publications de la revue marocaine de la science sociale politique, 1996, p. 43-84. Pour ce politiste, le mouvement étudiant aurait connu deux grandes périodes : de sa naissance, en 1956, à 1973 et de 1973 à 1981. Celui-ci aurait été instrumentalisé politiquement, se muant, du même coup, en « parti révolutionnaire ».

[4] GEISSER Vincent, KARAM Karam, VAIREL Vincent, « Espaces du politique. Mobilisations et protestations », in PICARD Élizabeth (dir.), La politique dans le monde arabe, Paris, Armand Colin, 2006, p. 193-213 et p. 204-205.

[5] Mohamed Dharif, Le mouvement étudiant marocain. Lecture de la crise de l’Union Nationale des Étudiants Marocains (UNEM) 1956-1996 (en arabe), Casablanca, Publications de la revue marocaine de la science sociale politique, 1996, p. 65.

Le parti de la Lampe a déclaré que Benkirane a obtenu 974 voix sur 1.390 votes valides, tandis que son principal concurrent, Idriss Azmi Al-Idrissi, a reçu 374 voix, tandis qu’Abdullah Bouanou est arrivé troisième avec 42 voix.

Il convient de noter que Benkirane a dirigé le parti de 2008 à 2017, au cours de la première phase de laquelle il a été élu secrétaire général en juillet 2008, succédant à Saad Eddine El Othmani.

Il a dirigé le parti lors des élections de 2011 qui ont suivi le mouvement du 20 février, où le parti a remporté les élections et dirigé le gouvernement.

Il est resté secrétaire général jusqu’au huitième congrès du parti en décembre 2017, date à laquelle il a été remplacé par Saad Eddine El Othmani.

Suite à la cuisante défaite du parti aux élections du 8 septembre 2021, Saadeddine El Othmani a démissionné du Secrétariat général et Abdelilah Benkirane a été réélu Secrétaire général du parti fin octobre 2021. Il a continué à exercer ses fonctions jusqu’à ce que le neuvième Congrès , tenu hier et aujourd’hui à Bouznika, l’élise pour un 

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Mondafrique revient sur les attaques djihadistes du 17 avril au Bénin https://mondafrique.com/a-la-une/benin-deux-attaques-djihadistes-de-grande-ampleur/ Sun, 27 Apr 2025 06:27:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=132429 C’est un très lourd bilan, humain et matériel, que viennent d’encaisser les hommes de l’opération Mirador à l’intérieur du parc régional du W, à cheval sur les frontières du Bénin, du Burkina Faso et du Niger.  Jeudi 17 avril, les soldats des forces armées béninoises ont subi une double attaque contre leurs positions aux chutes […]

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C’est un très lourd bilan, humain et matériel, que viennent d’encaisser les hommes de l’opération Mirador à l’intérieur du parc régional du W, à cheval sur les frontières du Bénin, du Burkina Faso et du Niger.  Jeudi 17 avril, les soldats des forces armées béninoises ont subi une double attaque contre leurs positions aux chutes de Koudou et au Point Triple, deux sites du parc tenus par les djihadistes du Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM) et abandonnés, depuis des années, par les touristes.

Le butinn en armes et munitions des groupes terroristes

Soixante-dix soldats auraient été tués, et leurs corps ramenés à la base septentrionale de Kandi, la ville la plus proche de la frontière du Niger. Dans une vidéo de revendication, un porte-parole du GSIM commente en français les images du butin prélevé sur les militaires morts et bien rangé, comme toujours : «22 PKM et 69 porte munitions, 9 12-7 et 12 porte-munitions, 11 lance-roquettes et 20 roquettes, 78 kalashnikov et 304 chargeurs, 49 caisses de munitions, 5 mortiers et 51 roquettes, 64 grenades, 113 téléphones tactiles, 13 téléphones à boutons, 13 powerbanks, 6 motos, 3 drones et un ordinateur portable.» Le djihadiste désigne deux gros tas de munitions en vrac «qu’on ne peut pas compter» et poursuit avec 6 motos et 8 véhicules brûlés, avant de promettre que son mouvement combattra jusqu’à la mort pour le retour « à la religion que Dieu nous a dit de pratiquer sur cette terre» et l’affirmation qu’il vengera «les civils [que les autorités] prennent, attrapent et partent enfermer» quelle que soit leur ethnie ou leur couleur de peau.

Le Parc National du W se trouve au sud du Niger, à la frontière avec le Bénin. Son nom vient de la forme en « W » du fleuve Niger dans cette zone. Le Parc du W couvre une superficie de 335,000 ha et dispose de 400 km de pistes de vision. Le parc accueille environ 1200 visiteurs par an.

L’opération Mirador a été lancée en 2021 pour tenter de sécuriser les frontières nord du pays, menacée par les groupes djihadistes sahéliens affiliés aux deux grandes franchises rivales d’Al Qaida et de l’Etat islamique.

La France, partenaire stratégique du Bénin

La revue française Conflits, sous la plume de Pierre d’Herbès, a publié en janvier 2025 un article sur l’effort militaire «ambitieux» du Bénin et de ses partenaires, notamment français. Selon elle, les effectifs sont passés de 7500 hommes en 2022 à 12 300 en 2024 et le budget défense du pays de 60 à 90 milliards dans la même période. La France a fourni en 2023 «des drones (…) 26 véhicules de l’avant blindés et des protections balistiques et d’autres équipements essentiels» et des instructeurs. «La consolidation de l’appui de la France est appréciée, à tel point que Paris est désormais considéré comme un partenaire stratégique», s’enorgueillit la revue dans un article publié, las !, après une première attaque meurtrière au même Point Triple, qui avait déjà fait 35 morts le 8 janvier.

Pour d’Herbès, manifestement très proche des milieux militaires et paramilitaires français, cette embuscade était «la conséquence directe de la dégradation sécuritaire totale dans les pays de l’AES (Mali, Niger, Burkina-Faso) (… où) les groupes armés, terroristes ou non, circulent désormais librement ou presque, au nez et à la barbe des forces de défenses locales et des mercenaires russes», sous l’égide de «juntes confinées dans les capitales (…) qui font subir l’indigence de leur politique à leurs voisins.» Cette rhétorique reflète celle de Paris, pour qui tout est de la faute des Russes et des officiers sahéliens ingrats qui ont demandé à la France de retirer ses forces de la région.

De Barkhane aux coups d’Etat

Attaque terroriste repoussée contre la base du parc W au Niger

Au Niger voisin où s’étend aussi le parc naturel du W et où une attaque djihadiste avait eu lmieu en 2020 sur les réseaux sociaux, une analyse contraire est donnée sur de nombreux réseaux sociaus. Pour les autorités, qui gardent la frontière avec le Bénin fermée depuis le coup d’Etat du 26 juillet 2023, la présence des instructeurs et des moyens militaires français dans ce pays est une menace. Niamey accuse régulièrement Paris, sans en fournir de preuves, de comploter avec les groupes terroristes pour déstabiliser les juntes au pouvoir dans les trois pays du Sahel central.

Nul ne peut contester, en revanche, que l’opération Barkhane et ses 5000 hommes n’a, ni au Niger ni au Mali, empêché la progression spatiale et numérique spectaculaire des groupes djihadistes depuis 2013. Cet échec est de mauvais augure pour les pays du Golfe de Guinée, longtemps indifférents aux difficultés de leurs grands voisins du nord et rattrapés par la guerre.

L’organisation ACLED a publié le 25 mars un article sur «les nouvelles lignes de front» de la nouvelle phase d’expansion vers la côte des groupes djihadistes sahéliens (https://acleddata.com/2025/03/27/new-frontlines-jihadist-expansion-is-reshaping-the-benin-niger-and-nigeria-borderlands/). ACLED explique que les régions situées à un nouveau carrefour frontalier, du Niger, du Bénin et du Nigeria, sont désormais ciblées, comme en témoignent les chiffres des incidents en hausse et celui des victimes, qui a doublé. Pour l’auteur de cette étude, «l’investissement du GSIM et de l’Etat islamique au Sahel dans les activités transfrontalières laisse penser que cette région est d’une importance croissante pour l’expansion djihadiste.»

Une expansion continue qui remonte à 2016

L’article raconte l’histoire de l’essor géographique djihadiste sahélien, qu’il fait remonter à 2016, date à laquelle les groupes maliens ont commencé à allonger leur rayon d’opération aux Niger et Burkina Faso voisins.  Après avoir atteint, fin 2017 et début 2018, le sud-ouest du Niger et l’est du Burkina Faso, les deux franchises djihadistes d’Al Qaida et de l’Etat islamique ont entrepris de descendre vers les pays côtiers. Cependant, la rivalité militaire entre les deux organisations a stoppé cette avancée à partir de la mi-2019. Le GSIM a finalement affirmé sa supériorité en 2020 dans le centre du Mali et l’essentiel du Burkina Faso, repoussant l’EIS vers la zone dite des trois frontières, le Liptako Gourma. Il a alors fait de l’est du Burkina Faso, en particulier les provinces voisines du parc, sa base arrière pour progresser vers le Bénin et le Togo à partir de 2021 et 2022. Enfin, de 2023 à 2024, les deux organisations ont augmenté la pression sur les régions frontalières entre le Bénin, le Niger et le Nigeria, transformant ces zones en ligne de front volatile.

Cette nouvelle expansion vers le sud, estime l’auteur, «est motivée par la recherche continue de nouvelles opportunités de recrutement pour soutenir la croissance des armées insurgées, aussi bien que par le besoin d’accéder à des ressources à travers de nouvelles routes de contrebande et de trafic illicite essentielles pour leurs opérations. L’expansion dans ces zones reculées et moins sécurisées permet aussi aux deux groupes de créer de nouvelles bases d’opération et d’étendre leurs réseaux logistiques.»

Comme dans d’autres pays, les parcs naturels sont devenus des sanctuaires des groupes armés, leur offrant un couvert végétal et une capacité de mouvement propice au franchissement des frontières, dans des espaces quasiment vides de toute population. C’est à partir du parc transfrontalier du W-Arly-Pendjari que le GSIM, solidement campé à côté de l’ex site touristique des chutes de Koudou, a débuté son expansion vers le Bénin en 2021 et le Togo en 2022, puis qu’il a consolidé sa présence de part et d’autre de la frontière et avancé vers le Nigeria, poursuit l’auteur de l’étude.

Quant à l’Etat islamique, à partir de son bastion stratégique de Menaka au Mali et Tillabéri et Tahoua au Niger, il a intensifié ses activités dans le nord et le centre de la région de Dosso et innové tactiquement par des sabotages du pipeline Bénin-Niger. Après une phase d’approche sans violence, à travers la collecte de la zakat et la gestion de ses besoins logistiques, il a finalement ouvert, à travers la région de Dosso, un couloir d’approvisionnement développé ensuite en zone d’appui. Début 2024, il est passé à l’action militaire contre les forces de sécurité, les civils et les infrastructures. On s’est interrogé sur le rôle joué par un groupe, Lakurawa, installé dans le nord-ouest du Nigeria, dans les actions à la frontière entre le Niger et le Nigeria. Mais pour ACLED, il s’agit d’une émanation de l’Etat islamique au Sahel à partir de ses bases de Dosso, au Niger, et de Sokoto et Kebbi, au Nigeria. L’EIS s’étend désormais aussi vers la frontière Bénin, Niger, Nigeria. A l’issue de trajectoires différentes, les deux organisations convergent donc désormais dans la région de Dosso, au sud-ouest du Niger, au confluent des trois frontières.

 

 

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Burkina, cette nouvelle tentative de putsch qui fait diversion https://mondafrique.com/politique/burkina-cette-nouvelle-tentative-de-putsch-qui-fait-diversion/ Wed, 23 Apr 2025 18:56:45 +0000 https://mondafrique.com/?p=132275 Une nouvelle fois, le gouvernement burkinabè a annoncé le démantèlement d’un réseau qui complotait contre l’État depuis la Côte d’Ivoire. Assertion réelle ou diversion pour masquer les échecs sécuritaires ? Dans les deux cas, cela prouve la fragilité du pouvoir d’Ibrahim Traoré. Le lundi 21 avril, le ministre de la Sécurité burkinabè, Mahamadou Sana, a […]

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Une nouvelle fois, le gouvernement burkinabè a annoncé le démantèlement d’un réseau qui complotait contre l’État depuis la Côte d’Ivoire. Assertion réelle ou diversion pour masquer les échecs sécuritaires ? Dans les deux cas, cela prouve la fragilité du pouvoir d’Ibrahim Traoré.

Le lundi 21 avril, le ministre de la Sécurité burkinabè, Mahamadou Sana, a déclaré à la télévision nationale que les services de renseignement avaient réussi à stopper net un vaste complot qui s’apprêtait à prendre d’assaut le palais présidentiel. Cette attaque aurait dû avoir lieu le 16 avril, mais grâce à la sagacité des autorités, les militaires conspirateurs ont été démasqués avant de pouvoir passer à l’acte. Mieux, ces officiers et sous-officiers auraient ourdi leur projet avec la complicité de groupes armés djihadistes…

Les épouses aux arrêts

Difficile de comptabiliser toutes les tentatives de coups d’État manqués depuis l’arrivée d’Ibrahim Traoré au pouvoir, tant elles ont été nombreuses. Mais désormais, le mode opératoire de la junte au pouvoir est connu : après chaque annonce de déstabilisation, des officiers, des sous-officiers et des soldats du rang sont mis aux arrêts ou poursuivis s’ils sont en fuite. Mais ce 21 avril, le pouvoir burkinabè a innové en emprisonnant les épouses des militaires incriminés : dix-sept femmes dorment donc en prison. Une manière peu élégante de mettre la pression sur leurs maris…

Colère dans l’armée et panique du Président

Loin de calmer la grogne qui atteint des sommets au sein de l’armée, ces arrestations de femmes ravivent les tensions. En effet, les soldats sont déjà éprouvés par les nombreuses pertes de leurs frères d’armes sur le champ de bataille, et ils doivent en prime faire face à la désorganisation des troupes avec les emprisonnements de leurs officiers. Si ce nouveau complot s’avère réel et s’il a bien été fomenté par des militaires, cela signifie que, malgré tous les efforts d’Ibrahim Traoré pour cajoler ses troupes — paiement de fortes primes, donations de matériel —, ceux-ci sont vains. Le Président paraît avoir conscience de sa fragilité, puisque la capitale Ouagadougou et tous les sites sensibles sont devenus des forteresses.

Manœuvre dilatoire ?

Le jour même de la déclaration du ministre de la Sécurité, le JNIM, groupe djihadiste dirigé par Iyad Ag Ghali, a revendiqué la prise de contrôle d’une base militaire à Lanfiéra, près de la ville de Dédougou. Ces accusations de complot sont-elles destinées à masquer ce nouvel échec sécuritaire ? Depuis l’arrivée d’Ibrahim Traoré au pouvoir, ces accusations de complot contre l’État sont courantes. Elles surgissent toujours après de graves échecs militaires, sauf que désormais, les attaques des groupes armés djihadistes sont presque quotidiennes, marquant ainsi une situation sécuritaire extrêmement dangereuse, qui fragilise le pouvoir burkinabè.

Dans ce climat de suspicion permanente, entre menaces internes et revers militaires, le régime d’Ibrahim Traoré semble pris dans une spirale où chaque annonce de complot nourrit davantage la défiance que la stabilité. Reste à savoir combien de temps encore la diversion pourra masquer la réalité d’un pouvoir de plus en plus assiégé, autant par ses ennemis que par ses propres faiblesses.

 

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Tunisie, le dossier du «complot contre l’État» signe le naufrage de Kaïs Saïed https://mondafrique.com/a-la-une/tunisie-le-dossier-du-complot-signe-le-naufrage-de-kais-saied/ Tue, 22 Apr 2025 08:28:20 +0000 https://mondafrique.com/?p=132195 Le verdict d’une sévérité implacable rendu samedi dans « l’affaire du complot » au terme d’un procès expéditif et sur la base d’une non enquète , condense tous les travers de la présidence de Kaïs Saïed. Selim Jaziri Tunisie, Bernard Henri Lévy condamné à 33 ans de prison dans un procès stalinien Des exécutions judiciaires […]

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Le verdict d’une sévérité implacable rendu samedi dans « l’affaire du complot » au terme d’un procès expéditif et sur la base d’une non enquète , condense tous les travers de la présidence de Kaïs Saïed.

Selim Jaziri

Tunisie, Bernard Henri Lévy condamné à 33 ans de prison dans un procès stalinien

Des exécutions judiciaires au terme d’un procès expéditif. C’est ainsi que l’on pourrait résumer le verdict rendu samedi avant l’aube, dans l’affaire dite « du complot ». Les peines prononcées s’abattent en effet comme un couperet sur les quarante accusés de ce qui a été décrit au terme de l’instruction, comme une « un complot contre l’État tunisien et le régime actuel en le faisant chuter par la force avec l’aide d’États étrangers ».

Une machine à broyer

Cette conjuration, selon l’accusation, aurait associé deux composantes : l’une, « terroriste », cherchant à mobiliser des armes et des mercenaires en vue d’une action violente, dirigée par l’homme d’affaires Kamel El Taïef, l’autre « complotiste », consistant à coaliser les opposants à Kaïs Saïed et à obtenir des appuis étrangers, dirigée par Khayam Turki. La cohorte des accusés est un assemblage hétéroclite, mêlant des opposants avérés à des personnalités sans relation avec les autres, comme Nadia Akacha, ancienne directrice de cabinet de Kaïs Saïed jusqu’à sa disgrâce en janvier 2022, ou Bernard Henry Levy, ajouté à la liste pour accentuer le caractère complotiste de l’affaire.

Kamel El Taïef écope de 66 ans de prison et Khayam Turki, de 48 ans. Noureddine Bhiri, ancien cadre du parti Ennahdha, accusé d’avoir été chargé d’activer les « cellules dormantes » islamistes au profit du « complot », en prend, lui, pour 43 ans. Les personnalités mises en cause dans l’aspect politique de l’affaire, sont condamnées à des peines allant de 8 à 18 ans de prison. Les accusés réfugiés à l’étranger, dont la militante féministe  Bochra Belhaj Hmida, ou le militant des droits de l’homme Kamel Jendoubi, se sont vus appliquer une peine automatique de 33 ans.

Enfin, Slama Hattab, vendeur de voitures d’occasion dont l’un des véhicules s’est trouvé stationné à proximité du domicile de Khayam Turki au mauvais moment, a été condamné à quatre ans, alors même qu’aucun lien n’a été établi avec les autres accusés. Après deux ans de détention préventive, il pourra peut être obtenir une remise de peine, mais son cas illustre ce qui aura caractérisé ce procès : des accusations sans fondement, des détentions abusives, un refus de se dédire, à l’image de la rigidité de Kaïs Saïed, incapable de reconnaître ses erreurs, ni de tolérer la critique, et au final une machine à broyer des destins.

Un festival d’irrégularités

Les régimes d’Habib Bourguiba (1956-1987) et de Zine el Abiddine Ben Ali (1987-2011) n’ont pas été avares de procès politiques, mais au moins avaient-ils le souci du formalisme juridique. Le juridisme étant une ressource de légitimité centrale des régimes destouriens. Mais dans cette affaire, signe que le Droit n’a plus qu’une valeur instrumentale, la Justice ne s’est pas encombrée de ces scrupules. La liste des irrégularités et des incohérences de procédures serait trop longue à dresser ici, mais on peut en résumer les principales étapes.

Au point de départ, l’accusation a précédé l’enquête, puisque l’existence d’un prétendu complot a été signalée, en dehors de toute procédure légale, par un courrier du directeur de la police judiciaire (destitué depuis pour son implication dans une affaire de trafic d’influence) à la ministre de la Justice, le 10 février 2023, suivie, dès le 13 février, du début d’une vague d’arrestations. Le 14 février, Kaïs Saïed avait déjà scellé le sort des accusés, qualifiés de « terroristes » : « L’histoire a prouvé qu’ils étaient des criminels bien avant que les tribunaux ne le fassent », et d’ajouter quelques jours plus tard « quiconque oserait les disculper se ferait leur complice ». A quoi bon, dès lors, s’embarrasser d’une enquête et d’un procès ?

Le 4 mars 2023, l’Association des Magistrats tunisiens a d’ailleurs dénoncé les menaces et les intimidations exercées sur les juges, par le président de la république Kaïs Saïed et par ses partisans sur les réseaux sociaux.

Les témoignages « spontanés » venant étayer l’accusation ont été recueillis après coup, auprès de témoins officiellement anonymes, mais identifiés depuis, et dont la bonne foi et les motivations sont pour le moins douteuses. L’instruction s’est contentée de les intégrer sans chercher à les vérifier. Pour l’essentiel, l’enquête s’est limitée à explorer le contenu des ordinateurs et les téléphones des suspects pour tisser une trame en reliant une série de points dans une interprétation discutable. Durant leur détention préventive, prolongée au-delà du délai légal de quatorze moi, les accusés n’ont jamais eu la possibilité de s’expliquer devant le juge d’instruction.

Une fois sa tâche accomplie, celui-ci a préféré chercher une meilleure opportunité professionnelle au Qatar. Ce qui lui vaut d’être à son tour accusé de « complot la sûreté de l’État ».

Les trois audiences du procès, le 4 mars, les 11 et 18 avril, se sont tenues en l’absence des accusés. Ils ont refusé de comparaître en visio-conférence et de cautionner ainsi une décision qui détourne une procédure adoptée pendant la crise du Covid, permettant sous condition de juger en son absence en son absence. Six accusés avaient mené une grève de la faim avant l’audience du 11 avril, pour exiger d’être présents à l’audience. En vain. Dans ces conditions, leurs avocats ont décidé de ne pas plaider sur le fond mais de soulever les défauts de procédures.

La composition de la chambre criminelle en charge du dossier a été attaquée puisqu’elle a été constituée par simple note administrative émise par la ministre de la Justice, alors que les juges doivent être désignés selon des mécanismes indépendants garantissant l’impartialité de la justice.  Ce recours a été ignoré. Ridha Belhaj, ancien conseiller politique de Béji Caïd Essebsi, a même accusé lors de l’audience du 18 avril, par l’intermédiaire de son avocat, le président de la cour d’avoir touché un pot-de-vin de 1,2 million de dinars en 2017 pour faire libérer un terroriste.

Le pourvoi en Cassation de Kamel Jendoubi, Noureddine Ben Ticha et Ridha Chaïbi qui contestaient l’ensemble de l’acte d’accusation, qui devrait avoir un effe suspensif, n’a pas été pris en compte. La demande de Kamel Jendoubi et de Ridha Driss, actuellement en France, d’être entendus en visio-conférence, n’a pas été acceptée.

Enfin, le public autorisé à assister au procès qui se tenait dans une salle bien trop étriquée pour une affaire de cette ampleur, a été de plus en plus restreint, pour exclure finalement tous les observateurs extérieurs.

Au terme de trois audiences consacrées aux questions de procédures écartées par les juges, la cour s’est retirée après la lecture de l’ordonnance de renvoi interrompue après 30 secondes pour délibérer, sans audition des inculpés, sans réquisitoire, ni plaidoiries. Elle a fait connaître par la voie d’une dépêche d’agence à 5 heures du matin, un verdict probablement dicté par le Chef de l’État, pressé d’en finir avec ce procès qui porte sa marque de bout en bout.

 

Un acte de pouvoir

Kaïs Saïed n’a même pas cherché à donner au procès de ce « complot », pourtant central dans son récit d’une Tunisie sapée de l’intérieur par des corrompus et des agents des ingérences étrangères, la théâtralité d’un procès stalinien, censé conforter le pouvoir en montrant sa capacité à amener l’accusé aux aveux ou au contraire à mettre en scène sa déchéance afin d’impressionner les masses dans un geste purificateur.

Le style Kaïs Saïed, au contraire, est tout d’obscurité. C’est au cœur de la nuit qu’il annonce régulièrement les décisions qui façonnent le régime qu’il veut instituer : la proclamation des pouvoirs exceptionnels le 25 juillet 2021, le décret du 22 septembre suivant, par lesquels il s’accordait les pleins pouvoirs, la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature (le 6 février 2022), l’annonce du texte de la nouvelle Constitution (le 30 juin 2022) ou de la loi organisant l’élection des nouvelles institutions locales (le 8 mars 2023), le limogeage des ministres ou le changement de Premier ministre… Même lorsqu’il s’est rendu le 18 avril à Mezzouna, éprouvé par la mort de trois lycéens dans l’éboulement d’un mur quatre jours plus tôt, et dont la population réclamait sa présence, c’est à 4 heures 30 du matin qu’il est allé à la rencontre des habitants qu’il a fallu tirer de leur sommeil (il devait le même jour célébrer les cérémonies d’anniversaire des forces de sécurité nationale).

Loin d’être anecdotique, on peut voir dans cette prédilection pour la nuit la marque d’un pouvoir solitaire effrayé par la confrontation avec le réel, qui brutalise les institutions depuis l’opacité d’un palais présidentiel devenu illisible aux yeux de l’extérieur.

Ce procès clos à la hâte et en catimini, par un verdict nocturne est à l’image du saïedisme : un acte de pouvoir plutôt que de justice, animé par des passions négatives.

 

Un agencement délétère

C’est la tragédie de ce nouveau moment de la trajectoire politique tunisienne : alors que la prise de pouvoir par Kaïs Saïed, lors de son élection en 2019 et plus encore en juillet 2021, a été accueillie dans l’espoir d’un second souffle (mais aussi par certains, il est vrai, avec la joie mauvaise de voir Ennahdha évincé du pouvoir), cette nouvelle phase ne met en mouvement aucune énergie constructive. Les attentes de renouveau étaient pourtant majoritaires après dix ans d’une transition qui n’avait pas tenu ses promesses. Même si elle apparaît a posteriori comme un âge d’or pour les libertés, elle s’est enlisée et coupée des préoccupations populaires.

Les « combinazione » parlementaires, la réforme des institutions clé du régime (justice et police) paralysée par le corporatisme, la transformation impensée des structures de l’injustice et de l’exclusion sociale, la persistance des mécanismes de l’économie de rente, la démultiplication des réseaux de corruption, l’inefficacité croissante de l’État, l’intervention voyante des pays étrangers dans la vie politique et les débats de société, pendant que la situation sociale de la majorité de la population se dégradait, ont fini par réduire la base sociale et politique de la jeune démocratie, tombée d’un souffle le 25 juillet 2021.

Mais au lieu de « rapprocher le peuple du pouvoir », comme il l’avait promis, de réactiver la puissance d’agir populaire qu’avait libérée la révolution, d’être le catalyseur de toutes les idées créatrices délaissées par les partis politiques, et en particulier de mobiliser une compréhension des racines historiques des fractures territoriales et politiques de la Tunisie, Kaïs Saïed n’a servi qu’un seul et même récit depuis son élection : tout le malheur des Tunisiens, toute l’impuissance de l’État, toutes les difficultés qu’il rencontre viendraient de comploteurs, de traîtres, de spéculateurs, de politiciens corrompus, de fonctionnaires non patriotes, d’agents de l’étranger… Seule variation dans ce motif répétitif, les migrants subsahariens, agents ou instruments d’un complot contre l’identité tunisienne.

Il n’a institué qu’une seule incarnation du pouvoir, de l’État et du Peuple : lui même. Les seules passions qu’il sollicite de la part des Tunisiens, avec un certain succès, sont le ressentiment contre les « profiteurs de la transition » — la classe politique, la société civile… – et un patriotisme identitariste et revanchard. Le procès du complot, son contenu et son déroulement, est un condensé de cet agencement délétère.

 

Un nouveau cycle répressif

On aurait pu penser qu’une fois la scène politique expurgée des « complotistes » avec le verdict (encore susceptible de recours) et ainsi close la séquence judiciaire, l’attention pourrait se tourner vers des réalisations positives. Mais à peine le procès terminé, une nouvelle affaire s’est amorcée mardi.

Ahmed Souab, ancien juge administratif, très impliqué dans la dénonciation de la corruption, devenu avocat et figure importante du comité de défense des accusés, a été arrêté mardi chez lui par une dizaine de policiers. A l’origine de cette arrestation, sa déclaration, le jour du procès, selon laquelle « les couteaux ne sont pas sous la gorge des accusés mais sous celle du président de la cour », en joignant le geste à la parole. Cette allusion pourtant claire aux pressions exercée sur les magistrats a été décrite par les soutiens de Kaïs Saïed, contre toute logique, comme une menace adressée au juge. Après trois jours de campagne de dénigrement sur les réseaux sociaux, la police a donné crédit à cette interprétation et arrêté l’avocat, perquisitionné son domicile pour confisquer les téléphones portables et interrogé son fils durant trois heures. Il a été déféré devant le pôle anti-terroriste pour « menace de crime terroriste » et « entente terroriste », une accusation lourde de conséquence qui pourrait enclencher un nouveau cycle d’arrestations et un nouvel épisode judiciaire.

La présidence de Habib Bourguiba avait dégradé les promesses de l’indépendance en une autocratie despotique et policière, et s’était achevée dans les intrigues de palais. Celle de Ben Ali avait trahi les discours de renouveau et de démocratie, et ajouté à la systématisation de la répression, la prédation de l’économie tunisienne par le clan Trabelsi. L’élan de la révolution a tourné court. La signification de ce procès et de son verdict, c’est que le saïedisme, sous couvert de rétablissement de la souveraineté de l’État et du peuple et de justice sociale, est à son tour en train de sombrer dans la dérive liberticide d’un pouvoir autocratique et paranoïaque, discréditant encore un peu plus la politique aux yeux d’une société tunisienne fatiguée.

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Algérie, Salah Goujil (94 ans) s’accroche à la Présidence du Sénat https://mondafrique.com/a-la-une/salah-goujil-94-ans-ce-dinosaure-algerien-qui-saccroche-a-la-presidence-du-senat/ Sun, 20 Apr 2025 08:00:35 +0000 https://mondafrique.com/?p=132122 Après avoir fêté ses 94 ans en janvier passé, le président du sénat algérien, Salah Goujil, compte se maintenir  à la présidence du conseil de la nation, l’équivalent du Sénat en Algérie, sans respecter la loi fondamentale constitutionnelle. En dépit de l’expiration de son mandat en février dernier, Salah Goujil demande au président de la République […]

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Après avoir fêté ses 94 ans en janvier passé, le président du sénat algérien, Salah Goujil, compte se maintenir  à la présidence du conseil de la nation, l’équivalent du Sénat en Algérie, sans respecter la loi fondamentale constitutionnelle. En dépit de l’expiration de son mandat en février dernier, Salah Goujil demande au président de la République algérienne un renouvellement de son mandat. Histoire de devenir centenaire dans ses fonctions actuelles et d’inscrire ainsi son nom dans le Guinness World record.
À moins d’assurer pendant 90 jours l’intérim du chef de l’état soudain empêché en raison de son état de santé ou après une démission brutale. 

La chambre haute est un levier important dans l’architecture législative. Aucun projet de loi énoncé par le parlement ne peut passer sans son aval. Le tiers de ses membres nommés par la Présidence fait la pluie et le beau temps comme si leur role n’était pas d’amender les projets législatifs mais de bloquer tout initiative contrevenante à la politique du président.

Il n’est pas innocent de constater que le président du sénat fasse une requête au chef de l’État pour un prolongement de son mandat et non pas aux membres de sa chambre. Une situation est ubuesque dans un pays qui regorge d’une jeunesse dynamique, qui a montré son civisme et un niveau de conscience politique lors du Hirak, pour finalement assister avec une passivité déconcertante à un scénario de voir transformer le sénat à un club de Gérontocrate.

Le président du Sénat n’est pas le seul exemple de cete gérontocratie qui accapare le pouvoir. L’ancien Wali de Mostaghanem en 1963, puis ministre de l’intérieur de Bouteflika en 2010, Dahou Ouled Kablia a été lui aussi nommé par le tiers présidentiel en 2022. L’ambition de l’ancien membre du MALG, n’a pas de limite, il est nommé, en octobre 2024, président de la commission chargée de la révision des lois relatives à la commune et à la wilaya (département).

L’homme qui a fait presque tout son parcours au sein des collectivités territoriales vient finaliser en apothéose sa carrière par un dernier coup verrouillage administratif présenté comme une réforme. Avant Goujil et Ouled Kablia, il y avait Mohammed Cherif Messaadia, ancien patron de du parti unique le FLN au temps de Chadli, qui a été rappelé par Bouteflika au conseil de la nation pour y mourir quelque temps après.

Nombreux sont les exemples, mais ce qui se tient comme constante, c’est la culture politique de compter que sur l’entre soi, les anciens du même clan. Cette pratique, illustrée par les hommes du pouvoir, est un frein au renouvellement des élites politiques. Elle génère au sein de la jeunesse, une frustration qui ne trouve d’espoir que de traverser la méditerranée. La migration devient ainsi le seul échappatoire pour vie meilleure.

Les complots des colonels

On dit que le passé est souvent un écho du présent. Le président de l’actuel sénat algérien (conseil de la nation) est un contemporain de la guerre de libération. Son nom est évoqué dans l’affaire dite du « complot des colonels ». Son rôle et son degré d’implication n’a jamais été définie. Il n’en demeure pas moins que le groupe dont il faisait parti a payé le prix fort de l’exécution.

En effet, l’affaire a coulé beaucoup d’encre que les historiens n’ont pas encore cerné les contours d’un « dit complot » qui demeure encore non clarifiée. Le CCE (Comité de coordination et d’exécution dirigé par le trio Krim Belkacem, Bentobal, Boussouf) a chargé un jeune Colonel, dénommé Mohammed Boukharouba alias Houari Boumédienne futur chef de l’État à l’indépendance, de régler la crise survenue à Tunis durant la fin de l’année 1957 après la liquidation de Abbas Laghrour et ses hommes ainsi celle de Abane Ramdane.

Pour faire court, le président du tribunal Le colonel Boumedienne condamna à mort les quatre colonels impliqués dans le pseudo complot. Il s’agit des colonels Laâmouri mohamed, Ahmed Nouaoura, Aouachria, et Moustapha Lakhal qui furent liquidés par un Daf (déserteur de l’armée française) homme de main du colonel Boumedienne. Or, lors de ce procès stalinien, des hommes ont été épargnés, comme Abdellah Belhouchet, Cherif Messadia, et Salah Goujil.

Les trois hommes ont eu un rôle dans le futur État indépendant sous la présidence de Chadli Bendjedid. Abdellah Belhouchet devenu chef d’état major de l’armée, Cherif Messadia patron du parti unique le FLN, et enfin Salah Goujil ministre des transports. On peut faire du passé une gloire comme on peut remonter de ce même passé des cadavres encombrants.

Ce court rappel d’histoire explique bien que le fonctionnement des appareils de l’État et du rôle des hommes, qui en dépit de leur âge avancé, se maintiennent et en maintenant au même titre un système en léthargie. Le refus des réformes structurelles des appareils de l’État, comme l’ajournement du passage du flambeau de la relève à une jeunesse avide de prendre son destin en main, projette le pays dans un futur incertain,

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Tanzanie : le chef de l’opposition menacé de la peine de mort  https://mondafrique.com/confidentiels/tanzanie-le-chef-de-lopposition-menace-de-la-peine-de-mort/ Sat, 19 Apr 2025 08:37:52 +0000 https://mondafrique.com/?p=132086   L’avocat Tundu Lissu, 57 ans, a la peau dure. En 2017, il s’est pris 16 balles dans le corps et il en a réchappé par miracle. Chef de l’opposition en Tanzanie, Tundu Lissu a été arrêté le 9 avril, accusé de trahison sans possibilité de libération, il est passible de la peine de mort. […]

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L’avocat Tundu Lissu, 57 ans, a la peau dure. En 2017, il s’est pris 16 balles dans le corps et il en a réchappé par miracle. Chef de l’opposition en Tanzanie, Tundu Lissu a été arrêté le 9 avril, accusé de trahison sans possibilité de libération, il est passible de la peine de mort. On l’accuse également d’« incitations à bloquer les élections » qui auront lieu dans six mois.    

Par Ian Hamel         

Les élections dans ce grand pays d’Afrique de l’Est (presque deux fois la superficie de la France) manquent terriblement de suspens. Depuis l’indépendance, survenue en 1962, le Chama Cha Mapinduzi (CCM), ce qui signifie « parti de la Révolution » en swahili, n’a jamais lâché le pouvoir.  En 2024, lors des élection municipales, il a enlevé 99 % des sièges.

Dans ce pays de 67 millions d’habitants, qui n’intéresse guère l’opinion internationale, il existe pourtant des politiciens qui continuent à dénoncer la corruption endémique et la fraude électorale systématique. C’est le cas de l’avocat Tundu Lissu, né en 1968, sorti de l’université de Warwick au Royaume Uni avec un Maser of Laws en 1996. Ancien député de la région de Singida. 

L’opposant principal accusé de trahison

Président du Cadema, le principal parti d’opposition, Tundu Lissu vient d’être arrêté à six mois des élections présidentielles. Si les accusations de « publication de fausses informations » ou d’« incitations à bloquer les élections » ne devraient lui coûter que quelques semaines ou quelques mois de prison – il en a l’habitude – en revanche, celle de « trahison » est beaucoup plus grave car elle est passible de la peine de mort en Tanzanie.

L’avocat sait  ce que cela coûte de s’opposer au tout puissant CCM. Rien que pour l’année 2017, l’avocat a été arrêté six fois. En prime, il a réchappé à un attentat fomenté, selon l’opposition, par le gouvernement. Pas moins de 16 balles, certaines dans l’estomac… Soigné à Nairobi, au Kenya, il est resté hospitalité quatre mois. 

La cohabitation des chrétiens et des musulmans 

Le pouvoir va même le démettre de ses fonctions de député en raison de son absence prolongée. Il faut savoir que les mœurs politiques tanzaniennes sont particulièrement exotiques. L’ancien président John Magufuli, fervent catholique, niait l’existence du coronavirus, affirmant que le pays en était libéré grâce aux prières… Il en est finalement mort en mars 2021, officiellement d’une pneumonie, le coronavirus n’ayant pas touché le pays. John Magufuli a été remplacé par sa vice-présidente, Samia Suhulu Hassan, originaire de Zanzibar, et musulmane. La Tanzanie étant née d’une fusion entre l’immense Tanganyika (972 000 km2), et le minuscule archipel de Zanzibar (1700 km2). 

Les deux entités continuent de cohabiter depuis 1962 apparemment sans trop de difficultés. Zanzibar Town, à 99 % musulmane, envahie par les touristes, n’a pourtant pas grand-chose à voir avec Dar es Salam, le centre économique de la Tanzanie qui apparait sur l’image ci dessus, 4,5 millions d’habitants, majoritairement chrétiens.

C’est la section suisse des Médecins pour la responsabilité sociale et des Médecins internationaux pour la prévention de la guerre nucléaire (PSR/IPPNW) qui a alerté Mondafrique sur l’arrestation de Tundu Lissu, précisant que ce dernier entretient des liens personnels avec cette structure helvétique. Et qu’« il a été intervenant lors de nos congrès internationaux ». « Tundu Lissu partage nos positions sur le nucléaire et notamment sur les dangers du radon, un gaz radioactif qui provoque des cancers des os », précise le professeur Andreas Nidecker, membre du comité directeur de la section suisse des PSR/IPPNW. Si le Niger est le principal producteur d’uranium en Afrique, la Tanzanie possède une grande mine à ciel ouvert, à Mkuju River, située dans le sud du pays. Avec des réserves estimées à 182 millions de tonnes de minerai titrant à 0,025 % d’uranium. La mine, est exploitée par le groupe Uranium One, détenu par le russe Rosatom. 

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Brice Oligui Nguema, l’ex putschiste honorablement élu … avec 90% des voix https://mondafrique.com/politique/brice-oligui-nguema-lex-putschiste-devenu-president-avec-90-des-voix/ Tue, 15 Apr 2025 16:37:41 +0000 https://mondafrique.com/?p=131950 Après dix-neuf mois à la tête d’une transition qui a mis un terme à cinquante-cinq ans de règne de la famille Bongo, Brice Oligui Nguema a été élu pour un mandat de sept ans dimanche 13 avril. Favori du scrutin et très populaire auprès de la jeunesse, il a été plébiscité par 90,35 % des votants, selon des résultats provisoires […]

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Après dix-neuf mois à la tête d’une transition qui a mis un terme à cinquante-cinq ans de règne de la famille Bongo, Brice Oligui Nguema a été élu pour un mandat de sept ans dimanche 13 avril. Favori du scrutin et très populaire auprès de la jeunesse, il a été plébiscité par 90,35 % des votants, selon des résultats provisoires officiels annoncés par le ministère de l’intérieur.

Venance Konan

Ainsi donc Brice de Libreville ne fait plus partie des putschistes. Il vient d’être élu démocratiquement président de la république du Gabon. Très, très démocratiquement même, puisqu’il a élu à plus de 90%. Qui dit mieux ? N’est-ce pas qu’il a un destin, Brice de Libreville ! Il y a une image qui circule sur les réseaux sociaux où on le voit, marchant derrière feu Omar Bongo, portant le sac de ce dernier. Et la légende de la photo dit : « le porteur de sac peut aussi devenir président. »

Eh oui ! Il avait porté le sac du père, marché caché dans l’ombre du fils, et par la grâce du Saint-Esprit, en cette veille de la fête de Pâques, il est sorti, non pas du tombeau, mais disons, du statut infâmant de putschiste. Il est désormais un président élu, au même titre que Macron ou Trump. Plus rien à voir avec les chefs des juntes du Sahel ou de la Guinée. Eux, sont toujours des putschistes. Lui, il est président élu. Avec plus de 90% des voix, s’il vous plait ! Certaines mauvaises langues de jaloux saboteurs aux yeux de crocodiles parlent de score à la soviétique. Rectification. Au temps des partis uniques, tous nos chefs étaient toujours élus à 99,99%. Donc, score africain.

La démocratie sur les rails!

Brice de Libreville est devenu président à son corps défendant. Au départ, lorsqu’il renversait le fils Bongo, c’était pour remettre la démocratie sur les rails. Il faut dire qu’elle avait salement déraillé au Gabon avec l’annonce de l’élection de Bongo fils qui pouvait à peine se mouvoir après l’accident vasculaire cérébral dont il avait été victime, et les rumeurs selon lesquelles c’était en réalité son épouse qui portait désormais la culotte, aussi bien pour gérer sa maison que le pays. Assisté de son fils.

Brice avait dit, après son coup d’Etat, salvateur naturellement, qu’il remettrait le pays à un président civil démocratiquement élu. Lui était militaire. Et en plus le pouvoir ne l’intéressait pas. Tout le monde au Gabon connaissait le désintérêt de Brice pour l’argent et le pouvoir. Mais qu’est-ce qu’un militaire ? C’est un civil qui a porté une tenue militaire et tient une arme à la main. Que devient-il lorsqu’il dépose son arme et enlève sa tenue militaire ? Un civil, pardi.

Au départ Brice de Libreville ne voulait pas être président, on vous l’a dit. D’ailleurs aucun faiseur de putsch ne veut être président. Ceux de la Guinée, du Mali, du Burkina Faso, du Niger, de la Côte d’Ivoire en son temps, aucun ne veut être président. Au départ. Non, non, non ! Ils l’ont juré. Ils ne voulaient pas devenir présidents. Woualaï ! Dieu est leur témoin. Mais vous connaissez les peuples africains. Ils sont toujours reconnaissants envers celui qui les délivre du mal, ils comprennent instinctivement que celui-là a les compétences pour les diriger, et il suffit qu’on leur donne quelques billets de banque, un bout de pain accompagné quelques sardines, et qu’on les transporte dans des stades après avoir pris le soin d’embastiller tous ceux qui osent contester le nouveau messie, pour qu’ils exigent qu’il soit leur candidat. Surtout s’il danse bien le hip hop et plein d’autres danses. Devant l’insistance des peuples, il faut être sans cœur pour refuser de leur donner ce qu’ils demandent.

Le Gabon chancelant

Brice de Libreville a donc cédé et a accepté de faire don de sa personne à son bon peuple du Gabon. Il a donc enlevé sa tenue de général parée de toutes ses médailles et décorations, a mis des baskets, des jeans, des chemises en pagne, et s’est mis en campagne. Et le peuple qui ne doute aucunement de ses qualités, qui a surtout constaté qu’il est un excellent danseur, l’a plébiscité.

Brice de Libreville a un mandat de sept ans, renouvelable une fois. Bon, ça, c’est ce que la constitution dit. Heureusement, les constitutions africaines ne sont pas gravées dans le marbre. En quatorze ans, Brice de Libreville, pardon, le peuple gabonais a le temps de corriger sa constitution. Ou de la changer pour remettre le compteur à zéro. Brice de Libreville est encore jeune, et quatorze ans peuvent se révéler trop courts pour redresser un pays aussi penché que le Gabon qui n’aura bientôt plus de pétrole.

 

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Présidentielle, la victoire programmée de Brice Oligui Nguema https://mondafrique.com/politique/presidentielle-la-victoire-programmee-de-brice-oligui-nguema/ Sun, 13 Apr 2025 06:56:22 +0000 https://mondafrique.com/?p=131613 Le 12 avril 2025, les Gabonais sont à nouveau appelés aux urnes, officiellement pour mettre fin à la transition née du coup d’État ayant renversé Ali Bongo le 30 août 2023.  Le «président-candidat» Brice Clotaire Oligui Nguema, général putschiste tombeur de la dynastie Bongo qui a quitté l’uniforme pour briguer un mandat de sept ans, […]

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Le 12 avril 2025, les Gabonais sont à nouveau appelés aux urnes, officiellement pour mettre fin à la transition née du coup d’État ayant renversé Ali Bongo le 30 août 2023. 

Le «président-candidat» Brice Clotaire Oligui Nguema, général putschiste tombeur de la dynastie Bongo qui a quitté l’uniforme pour briguer un mandat de sept ans, caracole en tête de la première élection présidentielle depuis le coup d’État d’août 2023 au Gabon, selon des premiers résultats partiels diffusés par des médias officiels. 

Par Jocksy Andrew Ondo-Louemba

C’est comme une impression de déjà-vu. Depuis deux semaines, Brice Clotaire Oligui Nguema, qui a pris le pouvoir le 30 août 2023 après avoir renversé Ali Bongo dont il assurait la protection à la t!ète de la Garde présidentielle— est en campagne électorale. L’ancien commandant en chef de la Garde républicaine entend bien se faire élire à la tête du Gabon le 12 avril 2025, pour devenir un chef d’État « normal », du moins en apparence.

Une junte en costume cravate

Le 4 septembre 2023, lors de sa prestation de serment en tant que « président de la Transition », Brice Oligui Nguema avait promis qu’à l’issue de cette période transitoire, il rendrait le pouvoir aux civils, au terme d’une « élection libre et transparente ».

Au final, après avoir confié à nouveau l’organisation de l’élection au ministère de l’Intérieur, restreint les conditions de transparence du scrutin (notamment par la suppression des procès-verbaux opposables distribués aux candidats) et durci les critères d’éligibilité (limite d’âge, durée de séjour au Gabon, nationalité, filiation, situation matrimoniale), Brice Oligui Nguema s’est présenté à sa propre succession… sans avoir quitté l’armée.

Recyclage général des opposants

Pour sa campagne, Brice Oligui Nguema — qui bénéficie du soutien du Parti démocratique gabonais — a recyclé les soutiens et plusieurs opposants d’Ali Bongo. Sa campagne électorale reprend le même style graphique que celle de son prédécesseur, sans parler de l’usage d’une des anciennes chansons de campagne d’Ali Bongo !

La campagne de Brice Oligui Nguema, qui paralyse l’administration, s’accompagne également d’un déploiement impressionnant, pour ne pas dire d’une débauche de moyens et d’argent. Le public, payé en moyenne 5 000 francs CFA (soit près de 8 euros), est transporté pour participer aux différents meetings.

À cela s’ajoutent de nombreux gadgets de campagne, allant jusqu’à des congélateurs ornés de la photo du général-président…

La ruse plus que l’intelligence

« Je ne suis pas un bon orateur », a déclaré à plusieurs reprises Brice Oligui Nguema, qui se décrit lui-même comme un homme préférant « la ruse » à « l’intelligence », et se revendique comme un pragmatique, mieux encore : un bâtisseur, ayant « mis le pays en chantier ».

Brice Oligui Nguema se montre proche du peuple — et aime à le montrer. À un jeune en claquettes admirant ses baskets, il surprend tout le monde en se déchaussant pour offrir sa paire de baskets de marque au partisan extatique.

À Port-Gentil, le 10 avril 2025 — ville où il a longtemps vécu et étudié — Brice Oligui Nguema lance à un groupe de partisans euphoriques : « Je sais combien certains ici ont braqué pour une Jordan. Vous n’allez plus braquer. Je vais vous offrir des Jordan ! » Ces paires de baskets très tendance coûtent, en moyenne, plus que le salaire mensuel au Gabon…

Dubaï, le modèle

Brice Clotaire Oligui Nguema se voit déjà élu, et ses soutiens lui promettent une « victoire cash ». « Je n’ai pas d’adversaires. Mon adversaire, c’est la pauvreté, c’est le chômage », lance-t-il lors d’un rassemblement où il promet de faire du Gabon un émirat pétrolier et minier, et de doter la capitale du pays d’infrastructures « comme à Dubaï ».

Sûr de lui, Brice Oligui Nguema annonce déjà ce qu’il fera une fois devenu un chef d’État à part entière, et ne se voit pas perdre dans les urnes : « En sept ans, on a le temps de tout résoudre. Après sept ans, si rien n’est fait, chassez-moi », a-t-il déclaré lors d’un autre rassemblement.

Reste à savoir si tout se passera comme prévu…

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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Notre portrait de Sani Yalo, le grand argentier du président Touadera https://mondafrique.com/a-la-une/notre-portrait-de-sani-yalo-le-grand-argentier-du-president-touadera/ Wed, 09 Apr 2025 21:42:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=131418 Alors que Faustin-Archange Touadéra prépare sa réélection, une séquence jouée d’avance dans un pays devenu une dictature médiocre, les militants de son parti, en majorité des commis de l’État, ont récolté 300 000 euros pour célébrer ses neuf ans au pouvoir, c’après « Africa Intelligence ». Le ministre d’État à la présidence, Sani Yalo, qui a beaucoup […]

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Alors que Faustin-Archange Touadéra prépare sa réélection, une séquence jouée d’avance dans un pays devenu une dictature médiocre, les militants de son parti, en majorité des commis de l’État, ont récolté 300 000 euros pour célébrer ses neuf ans au pouvoir, c’après « Africa Intelligence ». Le ministre d’État à la présidence, Sani Yalo, qui a beaucoup contribué au rapprochement du Tchad et de la Centrafrique l’année dernière, aurait donné à lui seul près d’un quart de cette somme

Sani Yalo aux cotés du Président Touadera

Sani Yalo est né en 1963. Il est le frère ainé de Danzoumi Amadou Yalo qui lui est mécanicien automobile de profession comme le papa Mahamat Yalo, qui fut notamment mécanicien de Bokassa dans le temps. Sani Yalo a fait son école primaire à Bangui, puis poursuit le collège et le secondaire à Bangassou avant de retourner à Bangui en 1978, pour fréquenter le lycée des Martyrs.  

Sous Kolingba, il se signale en épousant la petite sœur de Jonathan Koué (neveu du Président Kolingba). Il a profité de cette juteuse relation (beau-fils de la grande sœur président Kolingba, beau-frère à la direction de PETROCA) pour contracter plusieurs crédits à Bangui (UBAC). Ces crédits ne seront jamais remboursés. Au final, Sani Yalo s’appropriera le patrimoine de son épouse jusqu’à la rendre folle et malade. La pauvre arpente aujourd’hui les églises en France en quête de guérison et de salut divin, complètement brisée par son éphémère « époux »… 

Paris, Le Cap, Bangui à nouveau

Par la suite, l’ami Sani part en France puis en Afrique du Sud. Il rentre à Bangui fin 1995. Bozizé connaissait très bien les familles du Km5 et le frère Danzoumi Yalo « Daz’ » réparait parfois ses véhicules de Bozizé bien avant que celui-ci ne soit nommé chef d’Etat-major sous Patassé.  Il fut ensuite Directeur Général de la société de transport Sicotrans et un temps du club Tempête MOCAF. Il fut impliqué dans l’affaire Zongo Oil qui a coûté plusieurs milliards de FCFA au Trésor Public Centrafricain. En septembre 2000, une procédure judiciaire et lancée contre cette société et un mandat d’arrêt international est lancé contre Sani Yalo et ses biens sont saisis par la justice avant qu’il ne réussisse à prendre la fuite au après une tentative d’arrestation.

Il sera ensuite arrêté au Cameroun en 2002 suite au mandat d’arrêt international émis contre lui puis relâché quelques temps après.  Sani Yalo est revenu à Bangui en mars 2003 avec son éphémère mouvement. Son frère Danzoumi Yalo surnommé colonel « Daz », fut un bras droit de Bozizé dans la rébellion, devenu ensuite « chargé de missions » au Ministère de la Défense et responsable de la sécurité rapprochée de Bozizé.

Les deux frères seront emprisonnés de décembre 2003 à mars 2004, accusés de préparer un coup d’Etat. Ces arrestations interviennent suite à la rétrogradation de Karim Meckassoua, passé des Affaires étrangères à l’Education nationale à l’issue du remaniement ministériel du 14 décembre 2003 et que des « libérateurs » sont regroupés dans le nord de Bangui réclamant des compensations financières suite à leur participation au coup d’Etat de mars 2003.  Emprisonné à la Section d’enquête et de documentation (SERD),

Sani Yalo fut relâché en mars 2004 et quitta alors le pays. Il est retourné en RCA le 24 Juin 2006 où il a été condamné à huit ans de prison le 4 Août 2006 par le tribunal correctionnel de Bangui pour escroquerie, faux et corruption de fonctionnaires dans l’affaire « Zongo Oil ». Sani est également privé de tous ses droits civiques et condamné à verser 4 millions de FCFA de dommages et intérêts à l’Etat centrafricain.  Sani Yalo fera les yeux doux à la Seleka et Dazoumi rejoindra lui la Seleka.

Le retournement de Sani Yalo

Mais en avril 2013, les chefs Seleka soupçonneux arrêtent les frères Yalo. Le parquet du Tribunal de grande instance de Bangui lance début août 2013, un mandat d’arrêt contre Danzoumi pour des faits de pillages sur les sites des entreprises Orange Centrafrique, CFAO Motors et du domicile de M. Marboua « à hauteur de plusieurs milliards de francs CFA » le 24 mars, date de la prise du pouvoir par la Séléka.

Suite à ce rejet, Sani Yalo combattra la Séléka médiatiquement à travers un éphémère parti politique le Front pour la Restauration de l’unité et de la démocratie en Centrafrique.  Après son accession au pouvoir, le Président Touadéra nomme Sani Yalo Président du Conseil d’Administration du Bureau d’affrètement Routier Centrafricain (BARC) en Août 2016. Le BARC est une société d’économie mixte dont l’Etat est actionnaire minoritaire (33%), qui détient le monopole du trafic routier sous-régional et gère notamment la gare terminale routière de Bangui. Les fonds du BARC, véritable manne financière issue des flux routiers intérieurs et sous régionaux sont évidemment extrêmement importants pour le régime en place. 

Lors d’un papier précédent sur les réseaux troubles des frères Diallo en Guinée Équatoriale, nous avions pubié le droit de réponse de Sani Yalo. Le voici

Centrafrique, le droit de réponse de Sani Yalo à Mondafrique

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