Alors qu’ils se sont livrés depuis quelques années à mise à niveau technologique et à une modernisation industrielle avec l’aide de l’Etat, les céramistes marocains sont aujourd’hui purement et simplement menacés de disparition. La filière qui emploie quelques 7 mille personnes et qui réalise un chiffre d’affaires annuel de 350 millions d’euros vit des temps difficiles, notamment à cause de la concurrence que lui livre les fabricants de céramique espagnols et italiens.
En effet, d’après une source bien informée, les céramistes espagnols de la région de valence profitent pleinement du début de la saison agricole en octobre pour mutualiser les prix du transport. Ainsi, des centaines de camions remplis de milliers de mètres carrés de carrelage passent par le port de Tanger-Med et puis repartent vers la péninsule ibérique avec leurs cargaisons de produits agricoles. «Depuis que l’Espagne est entrée en crise immobilière il y a plus de 5 années, les fabricants de céramique ibérique aidé par les autorités espagnoles font tout leur possible pour maintenir leurs usines en vie en écoulant leurs production au Maroc », explique un industriel marocain.
Aujourd’hui, alors que la requête antidumping présentée par les crématistes marocains a été acceptée, cela n’empêche pas les fabricants marocains de rester optimistes. «Les importateurs de céramiques depuis l’Espagne se font des marges extraordinairement élevées. Ils ne vont pas capituler sans livrer bagarre et apparemment ils disposent de relais qui les soutiennent au sein des rouages de l’administration marocaine », s’indigne un des opérateurs historique du secteur.
La mésaventure des céramistes marocains remet au goût du jour, les accords de libre-échange signés à tout bout de champ par le Maroc, qui voit en ce moment certains de ses secteurs industriels mis à rude épreuve, notamment à travers des procédés parfois déloyaux. La Chine, la Turquie et l’Espagne sont toujours en embuscade pour « envahir » un marché de plus en plus prometteur.