Quand l’armée israélienne et le Hezbollah se ménagent !

Alors que des échanges nourris de roquettes ont eu lieu, les 5 et 6 avril, contre Tsahal depuis le Sud Liban et depuis Gaza, l’armée israélienne n’a pas mis en cause nommément le Hezbollah et n’a pas attaqué non plus, en guise de riposte, les installations militaires du mouvement libanais pro iranien.

Jeudi 6 avril, le porte-parole des Forces de défense israéliennes a révélé que 34 roquettes ont été lancées depuis le territoire libanais vers Israël. Ni blessés, ni tués, ùais il s’agit pourtant du plus intense tir de roquettes tirées depuis le Liban depuis la seconde invasion de Tsahal au Liban en 2006. Les citoyens israéliens qui vivent dans des villages proches de la frontière ont du rester à proximité des abris.

Parallèlement, plusieurs salves de roquettes ont été tirées par des miliciens du Hamas depuis Gaza en direction des villes israéliennes..  Aucune victime n’a été signalée, mais une habitation et un bâtiment industriel  endommagé.  

Le vendredi 7 avril dans la foulée, un homme de 30 ans a été tué et cinq touristes blessés dans une fusillade et une attaque à la voiture bélier sur la promenade qui longe la plage de Tel Aviv.

Tout indique que ces attaques étaient une réponse aux événements dramatiques qui ont marqué Jérusalem Est dans la nuit de mardi 4 à mercredi 5 avril. Les forces de police israéliennes ont pris d’assaut la mosquée Al-Aqsa, en lançant des grenades assourdissantes sur les fidèles qui s’y trouvaient et en interpellant 350 personnes., dont certaines, d’après la police, auraient été des militants du Hamas infiltrés.

 

Hassan Nasrallah , le guide du Hezbollah,et Ismaïl Haniyé, chef du bureau politique du Hamas, se sont rencontrés à Beyrouth pour discuter de « l’état de préparation de l’axe de la résistance » contre Israël, selon un communiqué du Hezbollah publié dimanche.

La rencontre Hamas/Hezbollah

Tout semble indiquer que ces attaques ont été concertées. Et cela d’autant plus que le chef du bureau politique du mouvement « Hamas », la force militaire dominante à Gaza, était en visite chez ses « frères » du Hezbollah depuis le mercredi, veille des premier tirs   

Or la surprise, la voici: des articles de presse libanais ont imputé la responsabilité des tirs de roquette  depuis le Sud Liban à des milices palestiniennes positionnées dans des camps de réfugiés. Le Hezbollah n’y serait pou rien. Possible, mais l’establishment militaire israélien sait parfaitement qu’aucune action  ne peut avoir lieu depuis les camps de réfugiés sans l’approbation du mouvement chiite. Or les militaires israéliens ont feint de créditer de telles informations. 

Très officiellement, le porte-parole de Tsahal a déclaré vendredi 7 avril au matin que l’armée de l’air israélienne avait attaqué « trois sites du Hamas au sud-Liban et plus de dix cibles (du même Hamas) dans la bande de Gaza pendant la nuit ».Les forces de défense israéliennes ont pris soin de répliquer militairement au Liban sans viser directement les installations du Hezbollah.

La faute au Hamas

En revanche, « Tsahal », l’armée israélienne, a ciblé des sites de production d’armements du Hamas à Gaza. « Des avions de combat ont attaqué un site de production d’armes et un autre site de production et de stockage d’armes utilisés par l’organisation terroriste Hamas dans le centre de la bande de Gaza », a déclaré le porte-parole militaire. Le Hamas  « paiera le prix des violations de la sécurité contre l’État d’Israël ».

Sans relever naturellement la sélectivité des frappes israéliennes, les représentants du Hamas et du Hezbollah ont publié un communiqué communiqué commun, dimanche, au terme de leur visite pour affirmer « l’état de préparation de l’exe de résistance contre israël ».

Plusieurs scénarios peuvent expliquer que le Hezbollah et l’armée israélienne se ménagent à ce point. Ce peuvent être les pressons internationales, notamment celles de l’Iran, confronté à une mobilisations sans précédent, qui cherche à calmer le jeu régional. Ce peut être encore la situation politique libanaise, où le mouvement chiite tente d’imposer son candidat à la Présidentielle et doit jouer profil bas. Ce peut être enfin la crainte des israéliens d’engager un bras de fer avec les milisiens sur armés du Hezbollah, alors qu’en interne la situation est particulièrement tendue

 

 

Article précédentLe message brouillé des Etats Unis au Moyen Orient
Article suivantTunis, la mobilisation contre Kais Saied reste faible
Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)