Mandat d’arrêt contre le chef de la Banque centrale libanaise

Un mandat d’arrêt a été émis à Paris contre le gouverneur de la Banque centrale du Liban qui ne s’est pas présenté mardi 16 mai devant les enquêteurs français pour un interrogatoire sur des allégations de corruption et de blanchiment d’argent.
Riad Salameh, gouverneur de la banque centrale du Liban, son frère Raja et un proche collaborateur, font l’objet d’une enquête sur le caractère illicite de leur fortune personnelle et sur le blanchiment à des fins personnelles de centaines de millions de dollars de fonds publics. Un mandat d’arrêt a été émis mardi 16 mai contre Riad Salameh après qu’il ne se soit pas présenté devant les enquêteurs français.
Considéré comme un as de la finance, cet homme qui a passé 30 ans de vie professionnelle à la Banque du Liban, fait l’objet d’une enquête au Liban et dans au moins cinq pays européens pour des crimes financiers présumés. Mais le soutien politique dont il bénéficie au sein de la classe politique libanaise le met relativement à l’abri de la justice internationale.
 Salameh, ainsi que son frère Raja Salameh, ont nié les accusations de fraude et affirment que leur richesse personnelle découle de leurs activités de banquier d’affaires, et de l’héritage familial. Une personne proche de l’enquête française a déclaré que le mandat d’arrêt émis en France serait rendu public à l’étranger.

« Deux poids, deux mesures »

Pierre-Olivier Sur, l’avocat français de Salameh, a qualifié la citation à comparaître « d’invalide » car elle a été envoyée moins de 10 jours avant l’audience prévue. Salameh a déclaré dans un communiqué qu’il ferait appel du mandat d’amener. Il a également accusé Aude Buresi, la juge d’instruction française, de  mener une investigation « fondée sur deux poids deux mesures ».
L’affaire a démarré avec une enquête suisse lancée il y a plus de deux ans. Les autorités helvétiques soupçonnent Salameh et son frère Raja d’avoir détourné plus de 300 millions de dollars de la banque centrale entre 2002 à 2015 par le biais de Forry Associates, une obscure société offshore. Les enquêteurs suisses pensent que cette société offshore, Forry Associates, contrôlée par Raja, a aidé au détournement de plus de 300 millions de dollars qui ont ensuite été acheminés vers des comptes bancaires suisses contrôlés par les deux frères.
 Riad et Raja Salameh ont nié tout acte répréhensible. En mars 2022, plus de 130 millions de dollars d’actifs liés aux enquêtes ont été gelés par la justice. Salameh a fait appel de la décision. Un proche de Salameh a déclaré que des avocats avaient déposé des demandes auprès des tribunaux libanais pour suspendre les enquêtes européennes jusqu’à ce que celle du Liban soit terminée, arguant que des enquêtes européennes parallèles sapaient la souveraineté judiciaire du Liban. Le procureur de Beyrouth a porté des accusations préliminaires contre Salameh, son frère et le chef du bureau exécutif de Salameh à la banque centrale en février.
La semaine dernière, un juge libanais de haut niveau qui dirigeait l’enquête sur Salameh a été démis de ses fonctions.