Capitale du sunnisme libanais et deuxième ville du pays, où onze listes sont en concurrence pour les élections législatives du 15 mai, la ville de Tripoli pourrait voir les alliés du Hezbollah, le mouvement chiite pro iranien, arriver en tète des candidats
La ville de Tripoli, à quelques dizaines de kilomètres de la frontière syrienne, a toujours été la chasse gardée de la Syrie avant leur départ voici une quinzaine d’années et plus récemment, de l’Arabie Séoudite. L’ambassadeur séoudien est venu encore en avril dernier partager sur place une rupture du jeune, même si le Royaume wahabite, déçu par le recul des sunnites libanais, est désormais très en retrait sur la scène politique libanaise.
Or la surprise, la voici: Tripoli est désormais courtisé par le Hezbollah chiite. Et cela avec un certain succès !
La liste qui est créditée du plus grand nombre d’élus à Tripoli, entre trois et quatre sur onze, est parrainée à distance par le Hezbollah qui déverse des fonds humanitaires dans les banlieues de la ville. À la tète de ce rassemblement , se trouve l’homme d’affaires Fayçal Karamé, héritier d’une grande famille sunnite de la ville, tout comme l’actuel chef de gouvernement libanais et une des plus grandes fortunes du pays, Najib Mikati.
Fayçal Karamé jouit d’une solide réputation. Fils de l’ancien premier ministre Omar Karamé, il est l’ex ministre de la jeunesse et des sports d’un certain Mikati, déja chef du gouvernement en 2011. Un petit monde.
Sauf que Karamé désormais ratisse large pour imposer sa liste. Parmi ses colistiers pourtant figure toute une palette de responsables islamistes, plus ou moins recommandables. Ahmed Al Amine, salafiste notoire aux prêches enflammés, est l’un d’eux. Son propre fils a été accusé de faire partie des groupes armés de Daech (voir ci dessous son portrait et plus bas son enseignement coranique totalement rétrograde).
La surprise à Tripoli, la voici. Fayçal Karamé a noué, via cette liste improbable, une alliance assumée avec le Hezbollah et ses alliés isyriens et iraniens. C’est lui qui se rend dans la banlieue sud de Beyrouth, où se trouve le fief du Hezbollah, et qu’il rencontre régulièrement le chef du renseignement du Parti de Dieu, Wafiq Safa. Du moins quand il ne voyage pas à Damas pour prendre les consignes, comme à la belle époque où la sodatesque syrienne occupait le Liban.
Pourquoi un notable sunnite se livre, armes et bagages aux allaouites syriens et aux chiites du Hezbollah? Comment la capitale du sunnisme libanais en arrive-t-elle à préférer les alliés des chiites à la liste du général Achraf Rifi, l’ex patron des FSI (Forces de police intérieurs) à la retraite qui était récemment à Paris pour être consulté par les Français et les Séoudiens en raison de sa bonne réputation? Or ce gradé qui représente « le Courant du Futur », principale organisation sunnite, ne devrait obtenir tout au plus, d’après les experts de la géographie électorale locale, un seul élu.
Pour s’imposer à Tripoli, les chiites du Cheikh Narallah sont prêts à faire une alliance avec le diable islamiste, qu’ils ont toujours combattu. Et ils l’ont fait notamment grâce aux fonds dont le mouvement chiite dispose grâce à se liens avec l’Iran et grâce aux multiples trafics qu’il organise via son contrôle de la « Sureté Générale ». (Ports, frontières et Aéroports). « Pour comprendre une telle situation, il faut comprendre que la plupart des électeurs à Tripoli vivent une ituation économique dramatique. Le matin, tu rencontres quelqu’un qui vote pour un candidat et le soir d’est un autre. L’explication, c’est l’argent qui permet d’acheter les votes ». Et d’ajouter: « les élections son devenues un business, un vote vaut entre 100 et 500 dollars). Soit une fortune où le dollar s’échange contre 25000 livres libnaises contre 1500 voici trois ans encore.
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