Gebran Dans un entretien accordé à Reuters à 48 heures de la fin de son mandat, Michel Aoun agite le spectre d’un « chaos constitutionnel », avec la perspective d’une vacance présidentielle et d’un gouvernement démissionnaire. Surtout, il lance cette petite phrase tout sauf anodine : « une fois qu’il (Gebran Bassil) sera élu (président), les sanctions disparaîtront. »
De cette sortie, l’on peut tirer deux constats inquiétants. Le premier, et on le savait déjà, c’est que Michel Aoun et Gebran Bassil considèrent que le jeu diplomatique fonctionne de la même façon que la politique libanaise, et que tout peut y être marchandé. Dans leur logique, le Trésor américain devrait lever les sanctions contre le chef du CPL pour le remercier de son implication dans la signature de l’accord sur la frontière maritime avec Israël. « Nous ne sommes pas aussi cheap », a déjà répondu l’ambassadrice américaine, Dorothy Shea. Si les États sont avant tout des monstres froids qui s’adaptent en fonction de leurs intérêts, un tel revirement serait des plus surprenants, tant il participerait à décrédibiliser le Trésor et la politique de l’administration Biden au Liban.
Le second, et le plus inquiétant, c’est que le tandem le plus soudé de la République n’a pas renoncé à ce que la présidentielle demeure une affaire familiale. Contesté au sein de son propre parti, isolé sur la scène politique locale, sanctionné par la première puissance mondiale, Gebran Bassil croit encore en ses chances d’être prochainement président. Qu’il ait raison ou non – on penche nettement pour la seconde option – est presque secondaire. S’il pense que le gendre a la moindre possibilité d’accéder à la magistrature suprême, le duo fera absolument tout ce qui est en son pouvoir – y compris du chantage à son seul allié, le Hezbollah – pour y parvenir. Quitte à ce que personne d’autre ne puisse s’asseoir sur le siège présidentiel pendant des mois, voire des années. L’obsession mégalomaniaque de Michel Aoun a déjà coûté très cher au Liban. Mais voilà qu’il doit désormais payer le prix de celle de son gendre.