Voici dix éléments d’explication de la guerre qui oppose l’armée israélienne et le Hezbollah, ce mouvement chiite libanais qui est l’allié de l’Iran.
Une chronique de Magali Rawan
Un engagement international limité au Liban.
Malgré les espoirs, les conditions politiques actuelles – telles que les élections américaines et la crédibilité réduite de la France au Moyen-Orient – rendent une intervention internationale significative pour aider le Liban peu probable.
Une récente conférence humanitaire à Paris a souligné l’efficacité limitée de l’aide internationale, avec les États-Unis ayant déjà réduit leur soutien au Liban, n’intervenant que lors des manifestations de 2019 et de la Révolution du Cèdre en 2005.
La résilience du Hezbollah
Malgré des pertes financières et en personnel, le Hezbollah reste profondément intégré dans le tissu socio-politique du Liban. Son influence et ses alliances inter-sectaires rendent un effondrement complet peu probable.
On a voulu croire que le leadership du Hezbollah serait entravé après la mort de Nasrallah, trente ans de règne, qui n’avait pas vraiment de successeur. Cependant, le Hezbollah a une longue histoire de discipline organisationnelle. Lorsque Nasrallah a été tué le 27 septembre par une frappe israélienne, Hashem Safieddine, qui n’était pas le successeur désigné, a été nommé en moins de 72 heures. Ce dernier ayant été abattu, le Hezbollah, tel un hydre à plusieurs tètes, a trouvé un nouveau leader. Le mouvement chiite a annoncé dans un communiqué de presse, mardi, l’élection de Naïm Qassem au poste de secrétaire général du parti pro-iranien
L’absence d’unité anti-Hezbollah
Même affaibli, le réseau d’alliances du Hezbollah complique la formation d’un front uni inter-sectaire contre lui, ce qui montre que son déclin ne conduirait pas automatiquement à une opposition cohésive.
L’équilibre communautaire persistant au Liban
Le délicat équilibre sectaire au Liban empêche l’armée libanaise de confronter directement le Hezbollah, une action qui pourrait déstabiliser l’armée et le pays dans son ensemble.
Historiquement, l’armée libanaise a évité toute confrontation directe avec le Hezbollah en raison des sensibilités politiques au sein de la communauté chiite du Liban et de sa capacité limitée. Attendre qu’elle affronte agressivement le Hezbollah fait abstraction de l’équilibre sectaire délicat du Liban. Cet équilibre est fragile, et une action contre le Hezbollah pourrait déstabiliser encore davantage le pays, éclatant l’armée elle-même, comme lors de la guerre civile des années 1970.
Un tiers des Forces armées libanaises (FAL) appartient à la communauté chiites dont beaucoup ont au moins un alignement sentimental avec le Hezbollah. En outre, la nouvelle génération d’officiers des FAL, à travers le spectre sectaire, a été formée et modelée sous l’attention particulière de « l’axe de la résistance », malgré les efforts concertés des États-Unis pour les former dans un moule hostile anti iranien.
Les priorités de Trump
Ces derniers mois, tous les regards sont tournés vers les élections américaines qui, comme par miracle, redistribueraient les cartes moyen orientales et favoriseraient la résolution du conflit. Ainsi compte tenu des liens très forts que Donald Trump a entretenu durant son dernier mandat avec le Premier ministre israélien, on pouvait penser que son éventuelle élection pousserait Benjamin Nethanyahu à pousser ses pions en Iran. Or il n’en est apparement rien.
Or des sources proches de Trump suggèrent le contraire. Focalisé sur la Chine, Trump pourrait éviter d’autres conflits au Moyen-Orient. Son principal intérêt dans le Golfe semble être commercial, plutôt que militaire.
La désillusion du Golfe envers les États-Unis
L’Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis, frustrés par l’inaction passée de Trump face aux menaces régionales telles que les attaques attribuées à l’Iran contre des installations pétrolières d’Aramco en 2019, ont des attentes limitées quant à l’implication des États-Unis dans la sécurité régionale à l’avenir.
Les différences de politique entre Harris et Trump
Les déclarations du colistier de Trump, J.D. Vance, indiquent une politique étrangère centrée sur les affaires intérieures. En revanche, Kamala Harris pourrait poursuivre l’approche pragmatique de Biden, alignée sur les intérêts des pays du Golfe plutôt qu’une politique agressive sur les droits de l’homme.
L’impact limité de la diplomatie française
Emmanuel Macron et son envoyé Jean-Yves Le Drian se sont concentrés sur la résolution de la crise présidentielle au Liban, avec peu de progrès, en partie en raison des liens étroits de Le Drian avec l’Arabie Saoudite.
La surestimation de l’influence de l’Iran
Bien que le Hezbollah soit perçu comme un proxy de l’Iran, la relation est complexe et stratégique. De récents désaccords sur le soutien au Hamas montrent que le Hezbollah opère avec une certaine autonomie. Certains experts pensent que l’attaque israélienne a au contraire renforcé les liens entre le régime iranien et son allié libanais
Les tensions sectaires futures
La capacité de résistance du Liban, forgée à travers la guerre civile et l’effondrement économique, pourrait contrer les cellules extrémistes potentielles. Certains pensent que Netanyahu pourrait chercher à exploiter cet état de d’anarchie poltique pour assurer la sécurité aux frontières d’Israël, en accord avec les idées néoconservatrices d’un “chaos créatif” dont on a vu en Irak notamment qu’il n’était pas de nature à apporter la paix et la sécurité aux populations concernées.
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