Rien n’arrête les Iraniens ! Le régime des Mollahs n’a certes jamais fait la fine bouche quand il s’agit d’aider militairement des États répressifs ou des groupes extrémistes – Syrie, Hezbollah, Rebelles Houthi au Yemen ect-, mais Téhéran viendrait d’ajouter, d’après le site Asia Times, un nouveau client à sa liste de pays destinataires de ses exportations d’armes : la Birmanie anti musulmane.
Personne ne s’attendait à voir les Iraniens favoriser par des livraisons d’armes dans ce territoire à priori « ennemi ». Un ancien président adjoint du Parlement de la République islamique n’avait il pas suggéré, en 2017, de créer une « armée de forces musulmanes conjointes » pour aller mener bataille en Birmanie alors que l’armée du « Myanmar » se livrait à de cruels « nettoyages ethniques » contre la minorité des Rohingyas ? Ces derniers constituent une population de disciples du prophète vivant dans l’État de l’Arakan, à l’ouest du pays. Bilan de cette épuration : 10 000 morts et sept cent mille déplacés au Bangladesh voisin….
Mais cinq ans plus tard, Téhéran serait peut-être en passe de fournir du matériel militaire à la junte militaire qui s’est emparé du pouvoir il y a un an, le 1er février 2021 – et dont les généraux sont accusés de « génocide » par l’ONU à l’encontre de ces mêmes Rohingya. C’est en tout cas ce que vient de révéler le site Asia Times, spécialisé sur le Moyen et extrême orient : selon un article de ce journal en ligne crédible, un avion cargo d’Air Qeshm Fars, connu pour être une « compagnie » utilisée par les Gardiens de la révolution iraniens, singulièrement la Force Al Qods, a atterri récemment à Naypyidaw, capitale du Myanmar – nom actuel de la Birmanie.
Les Gardiens de la Révolution à la manoeuvre
Air Qeshm Fars était à l’origine une compagnie civile entre 2006 et 2013 mais elle a opéré une mue militaire en 2017 quand elle a mis à disposition sa flotte composée de deux Boeing 747 aux Gardiens de la révolution, organisation la plus puissante du régime de Téhéran et bras armé du « Guide » de la révolution, l’ayatollah Ali Khamenei. Les avions de cette compagnie ont notamment été repérés à plusieurs reprises déchargeant du matériel sur l’aéroport de Damas…
Le site Flightradar24, qui permet de localiser les vols et les trajectoires des avions a montré qu’un appareil d’Air Qeshm Fars a décollé le 13 mars de Mashad, la deuxième ville d’Iran, pour se poser quelques heures plus tard en Birmanie. Le lendemain, le même avion cargo était de retour en Iran, sans que l’on sache au juste ce qu’il avait pu livrer aux militaires birmans.
L’embargo européen détourné
Selon une source haut placée du « Gouvernement d’Union nationale » (NUG), une institution parallèle formée l’année dernière par des personnalités du gouvernement renversé par les militaires, « ce serait la seconde fois qu’un vol iranien a été signalé en Birmanie ». C’est ce qu’a confié à Asia Times la « ministre » des Affaires étrangères du NUG, Mme Zin Mar Aung. Selon la ministre, « les relations entre la junte militaire et un pays comme l’Iran est quelque chose d’inquiétant, pas seulement parce que l’armée birmane se livre à des atrocités contre son peuple, mais aussi du point de vue plus global de la sécurité régionale ».
Certains experts redoutent que le régime iranien puisse livrer aux Birmans du matériel militairement « sensible » alors que l’Union européenne et certaines nations démocratiques appellent à un embargo sur les armes à destination de la Birmanie. Ce qui, évidemment, ne concerne pas Téhéran, prêt à armer même un régime connu pour son islamophobie et sa cruauté envers les musulmans !
Livraisons de missiles guidés
Des sources diplomatiques en Asie du sud-est ont de leur côté confirmé les informations de la ministre du gouvernement de l’opposition à la junte, laissant entendre que la délégation qui a atterri à bord de l’avion cargo le jeudi 13 janvier constituait la deuxième ou troisième visite de cette sorte depuis le coup d’Etat.
Selon des sources anonymes citées par « Asia Times », – peut être émanant de services de renseignement qui « ont surveillé » les vols de l’avion cargo d’Air Qeshm Fars-, le matériel militaire fourni par les Iraniens aux Birmans pourrait être constitué de missiles guidés. Une hypothèse pas totalement improbable dans la mesure où l’armée de l’air birmane multiplie en ce moment les bombardements par hélicoptère et avions de chasse sur les différentes guérillas ou mouvement armés d’opposition qui se sont soulevés contre le régime depuis le coup d’État.