L’Orient le Jour sous la plume de Kari Richa, rappelle les liens qui unissaient la chanteuse Jane Birkin qui vient de disparaitre au Liban. Extraits
« En janvier 2008, date de son dernier concert à Beyrouth, Jane Birkin avait conquis le cœur des spectateurs avec ses reprises à cœur ouvert et les hommages qu’elle a rendus aux nombreux artistes du pays du Cèdre. Sur les planches du MusicHall devenues un instant intimes, elle avait même appris la naissance de sa petite-fille Alice, fille de Charlotte Gainsbourg, qui a suivi les pas de ses illustres parents dans la profession.
Égalité pour les Libanaises
Sur cette scène noyée dans le rouge des velours et des projecteurs, elle est apparue, traînant avec nonchalance son éternel air d’adolescente, à la fois frêle et engagée dans « des combats pour l’autre ». Entre deux discours politiques, Birkin n’a pas oublié de saluer les femmes libanaises et avec lesquelles elle « souhaiterait lutter pour plus d’égalité ». (…)
Même si les médias affichent, à titre d’hommage, de nombreuses photos de Birkin avec l’auteur-compositeur dont elle a partagé la vie durant 12 ans, la plus anglaise des Parisiennes n’était pas une France Gall. Après leur séparation et le décès brutal de son mentor en 1991, Jane Birkin a poursuivi son parcours d’artiste, avec plus ou moins de succès…
Longtemps considérée comme une référence moderne de la mode, brisant avec ses jeans et ses baskets les codes et les diktats hyperglamourisants du monde de l’entertainment européen, elle a été l’incarnation du bohème chic. Avec sa silhouette androgyne et son statut de féministe revendiquée, elle a inspiré les plus grands couturiers et professionnels de la mode, jusqu’à Jean-Louis Dumas, président-directeur général de la marque Hermès, qu’elle croise dans un vol entre Paris et Londres en 1984. En discutant, elle lui exprime sa volonté de trouver un « sac à main stylé mais aussi assez grand pour contenir les affaires dont toute femme a besoin ». De là va naître le fameux Birkin Bag. Quatre ans après avoir quitté Gainsbarre, noyé dans l’alcool, elle devient plus active au sein d’actions écologistes, mais se perd souvent sur grand écran dans des rôles qui n’arrivent pas à effacer son propre personnage.
Avec Wajdi Mouawad!
En 2013, Jane Birkin décide de faire confiance à Wajdi Mouawad, qui lui confie un rôle dans une de ses pièces. Dans La Sentinelle, le dramaturge libanais lui livre sa vision de l’humain pluriel qu’il ne cesse de raconter au fil des années. En mai 2013, son accent anglicisant retentit au travers d’une représentation unique au festival du Printemps de Beyrouth…
Pour l’artiste qui était plus fière de son titre d’humanitaire que d’égérie, le Liban restera ce pays qui lui criait spontanément « mabrouk » après la nouvelle de la naissance de sa petite Alice. En trois visites, elle retiendra de son Beyrouth « ces gens dans les cafés le soir, la culture, la fierté, la colère, la reconstruction et ces taboulés verts, si verts ! »