Des procédures sont ouvertes dans plusieurs pays de l’UE contre le gouverneur de la Banque du Liban, souligne « le Figaro » dans un long papier très largement à charge dont voici deux extraits.
PREMIER EXTRAIT: 330 millio,s de dollars en cause
« La justice européenne ébranlera-t-elle le règne de Riad Salamé? C’est la question qui occupe la scène politique et médiatique libanaise alors que débute à Beyrouth la visite d’une délégation de magistrats européens dont la Française Aude Buresi, dans le cadre de procédures ouvertes dans leurs pays respectifs contre le gouverneur de la Banque du Liban.
Celui qui est surnommé «le Madoff libanais» pour avoir orchestré une pyramide de Ponzi à l’échelle nationale – c’est le titre d’un rapport de la Banque mondiale – est aux commandes de la banque centrale depuis trente ans. Jusqu’à présent l’intéressé n’a pas jugé utile de démissionner affirmant n’avoir rien à se reprocher, et le gouvernement ne l’a pas révoqué, alors qu’il est l’objet de poursuites dans au moins six pays européens.
Ces derniers ont mis en place une équipe d’enquête internationale chargée d’échanger des informations, car l’affaire implique un ensemble de sociétés et de transactions à plusieurs niveaux dans plusieurs pays. Les investigations portent sur le détournement présumé de plus de 330 millions de dollars de la Banque du Liban par le biais d’un contrat attribué à la société de son frère Raja, Forry Associates. Les commissions de courtage concernent des produits obligataires souverains: certificats de dépôts émis par la banque centrale, euro-obligations et bons du Trésor, en grande majorité souscrits par des banques libanaises. Les enquêteurs cherchent à prouver que cette société de courtage, enregistrée dans les îles Vierges, est une société écran dont l’objet est de canaliser les fonds détournés pour la constitution d’un patrimoine immobilier valant des millions d’euros en Europe, enregistrés au nom de Riad Salamé et de ses proches. Le gouverneur affirme, quant à lui, avoir simplement fait fructifier une fortune constituée antérieurement à son mandat. (…)
DEUXIEME EXTRAIT: Des relais d’influence
«Le gouverneur de la Banque du Liban dispose de relais de protection tentaculaires au Liban même s’il a fini par être lâché par la France, après que Macron a pris conscience de l’ampleur des malversations financières présumées. Il n’a plus non plus la couverture absolue de Washington à qui il a rendu de nombreux services par le passé (dans la lutte contre les flux financiers liés au terrorisme notamment, NDLR)», commente Karim Bitar, chercheur à l’Iris. «C’est l’homme qui en sait trop. Beaucoup craignent que sa chute entraîne la leur. Ses deux principaux protecteurs sont le président de la Chambre Nabih Berri (qui, lui aussi, occupe cette fonction depuis trente ans) et le président du Conseil Najib Mikati (dont le gouvernement est démissionnaire depuis mai dernier)».
La plainte à Paris du gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé