Le pouvoir a dépêché des milliers de soldats pour combattre un début d’insurrection armée lancée par des fidèles du régime des Assad. Le leader Ahmed Al-Charaa a exhorté ses troupes à « éviter toute exaction ou débordement » après des massacres de civils.
L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a fait état samedi d’au moins 745 civils alaouites tués depuis jeudi par les forces de sécurité syriennes et des groupes alliés, au cours d’opérations et de combats avec des fidèles du président déchu Bachar al-Assad dans l’ouest du pays.
L’OSDH a indiqué que « 745 civils alaouites ont été tués dans les régions de la côte syrienne et des montagnes de Lattaquié par les forces de sécurité et des groupes affiliés » depuis jeudi. Cela porte le bilan des violences à plus de 1.018 morts, dont 273 membres des forces de sécurité et des combattants loyaux au clan Assad, selon la même source.
Ces violences sont les premières de cette ampleur depuis la prise de pouvoir le 8 décembre en Syrie d’une coalition rebelle emmenée par le groupe islamiste radical sunnite Hayat Tahrir al-Sham, HTS. Elles ont éclaté jeudi après plusieurs jours de tensions dans la région de Lattaquié, un bastion de la minorité musulmane alaouite, dont est issu le clan Assad.
Dans une déclaration, le Hezbollah, allié du dictateur déchu, a nié toute implication dans les affrontements, rejetant les accusations selon lesquelles il se trouverait impliqué dans le conflit.
L’ONG, basée au Royaume-Uni et disposant d’un vaste réseau de sources en Syrie, pointe des « exécutions sur des bases confessionnelles ou régionales » assorties « de pillages de maisons et de biens. »
« Retour au calme relatif »
L’ODSH a signalé samedi un « retour au calme relatif » dans la zone, tout en précisant que les forces de sécurité poursuivaient leur « ratissage dans les zones où se retranchent les hommes armés ».
Une source du ministère de la Défense rapportée par l’agence officielle Sana a indiqué que « les routes menant à la région côtière ont été fermées afin de contrôler les infractions, prévenir les exactions et rétablir progressivement la stabilité dans la région ».
Tôt samedi, Sana a rapporté que les forces de sécurité avaient repoussé « une attaque menée par les résidus du régime déchu » visant l’hôpital national dans la ville de Lattaquié.
Le rétablissement de la sécurité est le principal défi pour le nouveau pouvoir syrien, après plus de 13 ans de guerre civile.
Le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, a appelé vendredi soir les insurgés alaouites à « déposer les armes avant qu’il ne soit trop tard ». « Nous continuerons à oeuvrer au monopole des armes entre les mains de l’Etat », a-t-il ajouté dans un discours.
L’escalade s’est enclenchée après une attaque sanglante de fidèles de Bachar al-Assad contre des forces de sécurité dans la ville côtière de Jablé dans la nuit de jeudi à vendredi, selon les autorités.
Les forces de sécurité ont envoyé le lendemain des renforts et lancé d’importantes opérations de ratissage dans la région.