Un nouveau gouvernement gabonais, du neuf avec de l’ancien.
Le Général Brice Oligui Nguema, le nouveau chef de l’Etat gabonais a nommé Raymond Ndong Sima Premier ministre. Ce dernier a nommé à son tour un gouvernement où les anciens et actuels dirigeants du parti au pouvoir restent nombreux.
Mondafrique décrypte, via ces nominations, la nature du coup d’État qui a eu lieu au Gabon, qui ressemble davantage à un toilettage de rentrée qu’à un changement de cap. L’épouse d’Ali Bongo, Sylvia Bongo, qui se vivait comme la régente du pays face à un mari diminué, a été chassée du pouvoir par le cœur de l’appareil sécuritaire gabonais qui vivait mal l’incurie d’un clan présidentiel replié sur lui-même.
Le 7 septembre dernier, le Général Brice Oligui Nguéma qui a renversé Ali Bongo le 30 août 2023 et qui préside désormais aux destinées du Gabon, a nommé Premier ministre de la transition Raymond Ndong Sima qui a à son tour nommé un gouvernement.
On est plus proche au Gabon d’une révolution de Palais que d’un changement politique radical ! Cet ancien membre du Parti Démocratique Gabonais (PDG) qui fut candidat à l’élection présidentielle de 2016, a été Premier ministre d’Ali Bongo de 2012 à 2014. Cet homme de 68 ans, économiste, diplômé de Paris Dauphine et de l’université Sorbonne Paris Nord a été administrateur de plusieurs entreprises au Gabon dont celle qui exploite le chemin de fer Transgabonais.
Passé par le ministère de l’Agriculture, Raymond Ndong Sima est connu pour son action en faveur des fonctionnaires tant au niveau de leurs salaires qu’au niveau de leurs conditions de travail. Alors que jusque-là aucune durée de la transition n’avait été évoquée, Raymond Ndong Sima a évoqué une durée de deux ans.
Le « PDG » très bien représenté
Dans ce gouvernement, les membres de l’ancien parti au pouvoir – le Parti Démocratique Gabonais (PDG) – se taillent la part du lion. Sur 26 membres, l’écrasante majorité des ministres sont des membres de l’ancien parti au pouvoir. Le cas emblématique est sans doute celui de Camélia Ntoutoume, proche de Sylvia Bongo, membre du bureau politique du Parti Démocratique Gabonais qui conserve le portefeuille ministériel qu’elle avait sous le régime précédent : celui de l’éducation nationale.
Deux de ses « camarades » qui étaient dans le précédent gouvernement y sont toujours mais à des portefeuilles différents : Hermann Immongault est désormais ministre délégué à l’Intérieur et Raphaël Ngazouzé devient Ministre de la Fonction publique.
Omar Bongo, le retour
Il convient de souligner la nomination à des ministères importants d’anciens très hauts cadres du temps d’Omar Bongo. C’est le cas de Charles Mba, ancien haut cadre chez Elf et Total puis directeur général des marchés publics et ministre délégué aux Finances et enfin Sénateur élu sous la bannière du Parti Démocratique Gabonais. C’est également le cas de Marcel Abeke, membre du Parti Démocratique Gabonais, ancien patron de COMILOG une Filiale d’ERAMET. Marcel Abeke a par ailleurs été directeur exécutif chargé du développement du groupe ERAMET en Afrique.
Par ailleurs, tous deux étaient jusqu’au 30 août 2023, Hauts Commissaires de la République Gabonaise.
La diaspora au gouvernement
Hormis les militaires présents dans ce gouvernement, certains ministres ont été très proches du pouvoir d’Ali Bongo sans toutefois avoir été membres du Parti Démocratique Gabonais. Exemple éloquent, la nomination d’Hervé Patrick Opiangah, un ancien proche d’Ali Bongo, au poste de ministre des Mines.
Pour finir, il faut noter que deux Gabonais de la diaspora ont également été nommés ministres. Il s’agit de Mays Mouissi, un économiste qui a été nommé ministre des Finances et de Laurence Ndong – ancien soutien fervent d’Ali Bongo et ancien membre du Parti Démocratique Gabonais ( dont elle avait été évincée avant de passer dans l’opposition ! ) – qui a obtenu le portefeuille de la communication et le porte-parolat du gouvernement…