Un des principaux oligarques algériens, Kheir Allab, a perdu son procès, ce 8 mars, contre Mondafrique

Ce vendredi 8 mars, la 17ème chambre du Tribunal judiciaire de Paris a débouté Kheir Allab, un homme d’affaires algérien en vue, de la plainte pour diffamation qu’il avait déposée contre un article publié en 2020 par le site Mondafrique dont le titre était le suivant: « Algérie, on prend les mêmes et on continue ». Nous avions en effet évoqué le parcours impressionnant de celui qui fut au début des années 2000 l’époux d’Amel Lamari, la fille du général-major Smaïn Lamari (1941-2007), ex patron du contre espionnage algérien que l’on découvre ci dessous.

Smain Lamari, décédé en 2007, patron du contre espionnage algérien et beau père de l’homme d’affaires Kheir Allab, à droite de la photo. À ses cotés se trouve le colonel Mohamed Samraoui auteur du livre « chronique des années de sang ».

Mondafrique avait considéré que la réussite de cet intermédiaire très impliqué dans les relations que les autorités algériennes entretiennent avec la Turquie et avec la Chine méritait qu’on en recherche les causes, comme nous l’avions fait pour d’autres oligarques. Cette recherche était d’autant plus intéressante que Kheir Allab n’apparait jamais en photo (sauf sur le cliché que Mondafrique a retrouvé ci dessous), s’emploie à être le plus discret possible et multiplie les procès contre tout journaliste qui tente de publier des informations sur ses affaires.

Défendu par Maître Vincent Tolédano, Kheir Allab qui a le plus souvent bénéficié de réseaux influents au coeur du pouvoir, aussi bien sous le président Bouteflika que sous le président Tebboune, considérait notamment comme diffamatoire que Mondafrique rappelle sa mise en cause dans le scandale de l’autoroute Est Ouest, où il avait finalement bénéficié d’un non lieu en première instance. Le dossier devrait être jugé en appel, a-t-on annoncé à Alger depuis de nombreux mois, sans qu’aucune date n’ait été donnée.

La justice française a reconnu la bonne foi des auteurs du papier et rejeté la plainte de Kheir Allab.

Kheir Allab n’apparait jamais en photo sauf sur le cliché que Mondafrique a retrouvé sans doute pris dans un des haras que possède ce passionné de cheval

 

Voici le texte de l’article publié à l’époque par Mondafrique

« Kheir Allab, homme d’affaires très actif dans le secteur des hydrocarbures et de l’énergie notamment avec la Turquie, n’est autre que le gendre de feu le général Smain Lamari, qui fut le chef d’orchestre de la lutte anti islamiste pendant la décennie noire.

Kheir Allab était marié avec Amel Lamari, la fille du général-major Smain Lamari, qui réussit non seulement à la tète du cotre espionnage algérien (ex DRS) mais était parvenu à mettre la main sur le groupe Pharmalliance, l’un des plus importants opérateurs pharmaceutiques algériens.

Toujours bien en cour, Kheir Allab a beaucoup profité de ce mariage pour constituer un important réseau dans les affaires et une fortune considérable. Mais juste après son divorce avec Amel Lamari, Kheir Allab entame une chute progressive et se retrouve traîné devant les tribunaux dans plusieurs affaires parmi lesquelles le fameux scandale de l’autoroute est-ouest, un méga-scandale dont la Cour Suprême d’Alger a relancé l’instruction depuis juin 2019.

Un petit monde

Le miracle algérien, le voici : malgré ces poursuites, Kheir Allab a tissé des liens solides avec plusieurs actuels dirigeants dont l’actuel ministre de l’Energie, Mohamed Arkab. Voici donc le véritable mentor de l’actuel ministre algérien de l’Energie, car c’est lui qui l’avait introduit auprès des frères Kouninef, la puissante famille de lobbyistes qui faisait la pluie et le beau temps durant les années où Said Bouteflika, le frère de l’ancien président, faisait la pluie et le beau temps..

Le duo Arkab/Allab tente de tisser sa toile pour s’emparer des marchés les plus onéreux du secteur de l’énergie, le seul secteur pourvoyeur de devises en Algérie. Et c’est dans contexte que Kheir Allab est devenu un acteur privilégié pour plusieurs sociétés internationales qui souhaitent prendre une part du gâteau du pétrole ou gaz algérien. Et comme les sociétés internationales ne désirent pas s’implanter en Algérie à cause de son instabilité, Kheir Allab démarche d’autres investisseurs beaucoup moins connus. Et c’est en Turquie qu’il a déniché plusieurs sociétés désireuses de réaliser des affaires avec le pétrole et gaz algérien. C’est dans ce contexte que des contacts ont été noués avec la société turque TURKlYE PETROLLERi ANONIM ORTAKLIÔI (TPAO) qui veut se diversifier à l’international après avoir développé des projets en Irak et en Kazakhstan ».

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