Avec le soutien de la Suisse et de l’Arabie saoudite, les États-Unis cherchent à obtenir un cessez-le-feu au Soudan. Seul problème majeur, le général Abdel Fattah al-Burhane, le chef des Forces armées soudanaises, ne participe pas aux négociations qui ont débuté à Genève.
Par Ian Hamel
Habituellement, quand vous cherchez à obtenir un accord entre deux belligérants, vous les invitez à la même table de négociation. Les Américains ont obtenu la venue à Genève des Forces de soutien rapide, des paramilitaires dirigés par le général Mohamed “Hemeti“ Hamdan Dagalo, mais pas celui du chef de l’armée, le général Abdel Fattah al-Burhane . La réunion, qui se tient dans un lieu secret sur les bords du lac Léman, devrait durer dix jours. Mais on n’en attend aucun résultats probants.
L’armée, qui se considère comme l’unique représentante du pays, ne veut pas négocier avec des mercenaires. Elle entend les écraser, mais ni parvient pas. Les Forces de soutien rapide occupent de vastes étendues du territoire soudanais, notamment au Darfour, et surtout, elles tiennent presque la totalité de Khartoum, la capitale (5 millions d’habitants). Autre raison de la non-participation de l’armée soudanaise : la participation comme observateur des Émirats arabes unis, soupçonnés de vendre des armes aux Forces de soutien rapide, ce que Abou Dhabi dément.
Le « pape noir » du terrorisme
La guerre a déjà fait des dizaines de milliers de morts et provoqué une crise humanitaire majeure, plongeant certaines régions dans la famine. Le Soudan compterait près de dix millions de déplacés. Par ailleurs, les négociateurs à Genève oublient un autre interlocuteur puissant, celui de l’islam radical, dont l’un des maîtres à penser reste le général Omar el-Béchir, aujourd’hui âgé 80 ans, l’ancien président, élu en 1993 et renversé en 2019.
Dans les années 90, Khartoum accueillait sur les bords du Nil, les terroristes venus du monde entier, d’Oussama Ben Laden à Carlos, invité par Hassan al-Tourabi, baptisé le « pape noir » du terrorisme.