Alors que le Rwanda était interdit de matchs à domicile faute de stades aux normes, la Confédération africaine a autorisé le pays du président Paul Kagamé à recevoir le Bénin, ce mercredi, dans le cadre des éliminatoires de la prochaine CAN. Décryptage
Alignée sur les exigences de la FIFA en matière d’enceintes sportives, la Confédération africaine de football a interdit une quinzaine de pays de recevoir dans leurs stades en ce mois de mars, dévolu aux éliminatoires de la prochaine CAN. Mais des petits arrangements entre amis sont toujours possibles, et la rencontre Rwanda – Bénin, programmée cette semaine, vient d’en fournir une nouvelle illustration. Après avoir mis son véto à la tenue de ce match de la quatrième journée du groupe L au stade de Huye, l’instance continentale a décidé de rétropédaler, à moins de cinq jours du coup d’envoi. Prévue à Cotonou le lundi 27 mars suite à la non-homologation de l’enceinte du sud du Rwanda par la CAF, la rencontre aura finalement lieu le mercredi 29 à Kigali.
« Après avoir reconsidéré toutes les circonstances et possibilités, nous avons dans l’intervalle trouvé une solution acceptable pour permettre au match susmentionné de se jouer au Rwanda malgré l’impossibilité de jouer au stade de Huye », lit-on dans le communiqué de la CAF, qui a décidé que la rencontre pourrait être disputée à huis clos au stade Kigali Pelé, seule la pelouse étant aux normes requises au contraire des tribunes. Une dérogation accordée « à titre exceptionnel », alors que ledit stade « reste suspendu ». Pire : l’instance continentale a allongé pour l’occasion de 24 heures la durée de la fenêtre FIFA du mois.
Petit arrangement entre amis.
Alors que les internationaux sont attendus par leurs clubs respectifs à compter du 29 mars, les participants à ce match décalé ne pourront se présenter auprès de leurs employeurs que le 30 au minimum. De quoi pousser la CAF à contacter lesdits clubs afin de leur demander d’être compréhensifs. Que ne ferait-elle pas, cette « FIFAfrique » (ou est-ce la « CAFifa » ?) pour arranger son grand ami, Paul Kagamé ! Le président du Rwanda n’a-t-il pas accueilli ce mois-ci dans son pays le 73e Congrès de la FIFA, marqué par la réélection à main levée de Gianni Infantino ? Une telle bienveillance pour les puissants du football vaut bien, en retour, quelques entorses aux règles communes.
Voilà donc les joueurs du Bénin et leur staff obligés d’organiser ce déplacement au Rwanda après avoir pris leurs dispositions pour rester au pays. Un courrier de protestation de l’Union nationale des footballeurs professionnels du Bénin (UNFPB) à la Fédération béninoise de football (FBF) n’a pas le moins du monde ému l’instance. Après une ultime réunion entre les joueurs et leurs encadrants, dimanche soir, décision a été prise de respecter le calendrier réaménagé par la Confédération. Les Guépards (c’est désormais le surnom de l’équipe nationale du Bénin, jadis symbolisée par l’Écureuil, ndlr) doivent décoller pour le Rwanda ce lundi après-midi dans un vol commercial.
« La position de nos dirigeants n’est pas claire. On a l’impression qu’ils ne veulent se fâcher avec personne », regrette à Cotonou un observateur attentif de l’équipe nationale du Bénin, contacté par Mondafrique. Le contexte diplomatico-sportif ne les pousse pas à hausser le ton : leur pays fait ticket commun avec le Nigeria pour récupérer l’organisation de la CAN 2025, retirée l’an dernier à la Guinée, incapable d’y faire face. Ce n’est pas le moment de faire des vagues, en particulier contre Paul Kagamé, dont se réclame plus ou moins ouvertement le président Patrice Talon. Quitte à attiser certaines incompréhensions dans une population qui avait déjà accueilli froidement la nomination à la tête de l’Agence nationale d’identification des personnes (ANIP) du Rwandais Pascal Nyamulinda.