Le principal parti d’opposition, le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), a remporté les élections locales qui ont eu lieu dimanche en Turquie, en obtenant 37% des voix, selon un décompte quasi-définitif d’un scrutin qui a eu lie, comme toutes les élections en Turquie, est grosso modo démocratique contrairement à l’image que renvoient les medias français d’un pays qui n’est pas une dictature à la Poutine.
L’opposition arrive devant l’AKP, le Parti de la justice et du développement, le parti du Président turc, Recep Tayyip Erdogan, qui avait remporté les élections législatives il y a un an. Le CHP reste à la tête des deux grandes villes du pays, Istanbul et Ankara et prend les commandes de ville de l’Anatolie, la région de l’ouest de la Turquie, habituellement acquise à l’AKP.
C’est la première fois depuis 2002 que le Parti de la justice et du développement (AKP), le parti du Président turc, Recep Tayyip Erdogan, perd une élection. Le taux de participation, environ 76%, est bien plus faible que celui des élections législatives de 2023. Cette baisse de participation a été défavorable au parti au pouvoir, alors que l’électorat turc se fragmente.
La crise économique que traverse la société turque (l’inflation a atteint 67% sur les 12 derniers mois), ainsi que la guerre en cours à Gaza, ont fédéré les électorats de petits partis, très critiques de la politique du Président Erdogan.
Les relations coupables avec Israel
Représentant le courant islamiste, le Nouveau parti de la Prospérité (YRP) a, en effet, remporté 6,2% des voix, ce qui en fait le 3e parti du pays. Il a mis au coeur de sa campagne l’inflation et la dénonciation des liens commerciaux entre la Turquie et Israël : un commerce qui pèse neuf milliards de dollars.
« Les autorités turques ont beau qualifier publiquement Israël d’“Etat terroriste” et accuser les Occidentaux de “double standard”, ils n’ont absolument rien changé à leurs affaires, avance le journaliste. Les flux de marchandises, comme l’acier et le pétrole, qui alimentent pourtant la machine de guerre de Tel-Aviv, se poursuivent comme si de rien n’était, mettant en évidence l’hypocrisie et le double discours des dirigeants. »
Depuis le déclenchement des frappes, Metin Cihan a répertorié un total de 450 navires partis de Turquie vers Israël. Avec l’aide de la base de données du site Marinetraffic.com, il pointe les expéditions quotidiennes de Limak Holding, un géant industriel connu pour être lié aux cercles du pouvoir, depuis le port d’Iskenderun. Celles aussi, régulières, partant du port stambouliote Ambarli Akçansa, de l’important Sabanci Group. Sur le chantier naval de Sefine, installé au bord de la mer de Marmara et propriété de Kolin Holding, proche du gouvernement, s’effectue, selon les recherches du journaliste, la maintenance du pétrolier chargé d’acheminer le carburant aux avions de chasse israéliens.
A force d’exploiter les données, Metin Cihan repère un navire effectuant des transports fréquents vers Israël et appartenant à un certain Ibrahim Güler, un ancien président de la formation au pouvoir, le Parti de la justice et du développement (AKP), de la province du Hatay. Il découvre aussi que l’entreprise Pamukkale Kablo, propriété de Mustafa Semerci, dirigeant fondateur du Parti de la grande union (BBP), une formation ultranationaliste d’extrême droite membre de la coalition gouvernementale, a continué, après le 7 octobre, à fournir des câbles à l’Etat hébreu. Le BBP s’était pourtant fait remarquer ces dernières semaines pour ses appels au boycott d’Israël dans son ensemble et ses descentes musclées contre des cafés Starbucks, pris pour cible pour leur soutien supposé à Tel-Aviv.
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