L’impact grandissant de l’intelligence artificielle (IA) sur l’économie africaine

Publié en janvier 2025, L’économie africaine 2025 offre une analyse approfondie des mutations économiques du continent. Entre croissance prometteuse, impact de l’intelligence artificielle et défis structurels, l’ouvrage éclaire les dynamiques qui façonneront l’avenir économique de l’Afrique.

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Publié en janvier 2025 aux Éditions La Découverte, L’économie africaine 2025 s’impose comme une lecture essentielle pour comprendre les mutations économiques du continent. En analysant les dynamiques de croissance, l’impact des nouvelles technologies et les réformes en cours, l’ouvrage dresse un panorama précis des forces en présence et des enjeux à venir, tout en offrant un éclairage indispensable sur les opportunités et les défis qui façonneront l’avenir du continent.

Fruit d’une collaboration entre chercheurs de l’Agence Française de Développement (AFD) et universitaires spécialisés, cet ouvrage ne se contente pas d’un état des lieux, mais explore les transformations en cours et met en lumière les leviers qui pourraient remodeler l’économie africaine dans les années à venir.

L’intelligence artificielle décisive

Un des points clés de l’ouvrage est l’impact grandissant de l’intelligence artificielle (IA) sur le développement économique africain. D’après l’Union Africaine, cette technologie pourrait générer un impact économique annuel compris entre 110 et 220 milliards de dollars. Elle révolutionne déjà plusieurs secteurs :

– L’agriculture bénéficie de solutions intelligentes basées sur l’IA, permettant une meilleure gestion des cultures. Grâce aux drones et aux algorithmes de détection des maladies, les agriculteurs optimisent leurs rendements et réduisent les pertes, améliorant ainsi la sécurité alimentaire.

– Le secteur de la santé voit apparaître des diagnostics assistés par intelligence artificielle, rendant les soins plus accessibles, en particulier dans les zones rurales. Les plateformes numériques permettent également un suivi médical plus efficace.

– L’éducation se transforme avec l’essor des outils d’apprentissage en ligne adaptés aux langues locales. L’IA facilite l’accès à un enseignement de qualité, notamment pour les populations éloignées des grands centres urbains.

– Les services financiers connaissent une mutation accélérée, notamment grâce aux fintechs et aux banques mobiles. L’analyse de données en temps réel permet de proposer des crédits adaptés et de renforcer l’inclusion financière, un levier essentiel pour la croissance.

Cependant, plusieurs défis freinent l’essor de l’IA sur le continent. Seuls 40 % des Africains ont accès à une connexion internet stable, ce qui limite considérablement le potentiel du numérique. Par ailleurs, le manque de formation en compétences numériques pose problème : sans investissements massifs dans l’éducation, l’Afrique risque de ne pas exploiter pleinement cette révolution technologique.

Une Afrique en pleine accélération

En 2025, l’Afrique affiche une croissance du PIB estimée à 4,2 %, en progression par rapport aux 3,8 % de 2024. Cette dynamique repose sur plusieurs facteurs :

– L’essor des infrastructures, notamment dans les secteurs du transport et de l’énergie, qui dynamisent la productivité et stimulent les échanges commerciaux. De grands projets de corridors routiers et ferroviaires, ainsi que le développement des énergies renouvelables, renforcent l’attractivité économique du continent.

– Des réformes économiques structurantes, mises en place par plusieurs gouvernements, visant à améliorer l’environnement des affaires et à attirer les investisseurs étrangers. La simplification des démarches administratives et la modernisation des institutions permettent d’asseoir une croissance plus stable.

– Une demande intérieure en plein essor, portée par une démographie dynamique et l’émergence d’une classe moyenne de plus en plus influente. Avec une population qui devrait atteindre 1,5 milliard d’habitants d’ici la fin de la décennie, le marché africain devient un levier de croissance incontournable.

– La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), dont la mise en œuvre progresse, facilite les échanges entre pays du continent. Ce marché unique stimule la production locale et réduit la dépendance aux importations, favorisant un développement économique plus autonome.

Toutefois, ces progrès s’accompagnent de disparités régionales marquées. L’Afrique de l’Est reste la région la plus dynamique avec une croissance attendue de 5,7 %, grâce à un secteur agricole performant et une industrialisation accrue. L’Afrique de l’Ouest suit avec 4,4 %, profitant des investissements pétroliers et d’une diversification économique renforcée. L’Afrique du Nord et l’Afrique centrale, toutes deux à 4,1 %, bénéficient d’une reprise économique post-COVID et de réformes structurelles en cours. L’Afrique australe, quant à elle, peine à suivre, avec une croissance limitée à 2,6 %, freinée par les difficultés économiques persistantes de l’Afrique du Sud.

Les défis structurels à surmonter 

Malgré ces perspectives encourageantes, l’ouvrage met en lumière des obstacles majeurs qui pourraient entraver cette dynamique :

– L’endettement extérieur de nombreux pays africains est une source de préoccupation croissante. Près de 50 % des États africains sont en situation de détresse financière, rendant crucial un contrôle strict des finances publiques. Une gestion prudente de la dette est essentielle pour éviter un ralentissement des investissements en infrastructures.

– Les risques climatiques représentent une menace sérieuse. Sécheresses, inondations et phénomènes météorologiques extrêmes affectent directement l’agriculture et exacerbent l’insécurité alimentaire. La mise en place de politiques d’adaptation devient une priorité.

– Les réformes structurelles doivent être poursuivies pour assurer une croissance durable. L’investissement dans l’éducation, les infrastructures et la diversification économique est indispensable pour renforcer la compétitivité du continent.

– La stabilité politique reste un facteur clé. Les tensions internes et l’instabilité gouvernementale nuisent à l’attractivité économique et freinent les investissements étrangers. Une gouvernance solide et transparente est essentielle pour créer un climat favorable au développement.

L’Afrique de demain

Loin d’un simple diagnostic économique, L’économie africaine 2025 est un véritable guide stratégique pour anticiper les transformations du continent. Il insiste sur la nécessité d’accélérer les réformes, d’adopter des politiques budgétaires responsables et de renforcer la résilience face aux chocs climatiques.

L’ouvrage s’adresse aux décideurs, chercheurs et étudiants en quête d’une analyse précise et documentée des dynamiques économiques africaines. Avec une approche rigoureuse et un regard prospectif, il constitue une référence indispensable pour décrypter l’évolution de l’Afrique et son rôle croissant dans l’économie mondiale.

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Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)