Le nouveau pouvoir islamiste syrien ébranlé par de violents affrontements avec des partisans de l’ancien régime
Alors que 70 personnes ont été tuées dans la nuit du 6 au 7 mars lors de sérieux accrochages entre nostalgiques du régime déchu de Bachar al-Assad et forces du nouveau gouvernement d’Ahmad al-Shara, le New York Times se demande si ces combats augurent d’une nouvelle phase potentiellement dangereuse pour la Syrie, trois mois après la chute de la dictature : « si les forces gouvernementales agissent de manière disciplinée, elles pourraient réussir à ramener le calme et s’assurer d’un soutien de la population », estime, dans les colonnes du quotidien, le chercheur du « Middle East Institute » de Washington, Ibrahim al-Assil. Mais, ajoute-t-il, « si des éléments incontrôlés [du nouveau régime] s’engagent dans des opérations revanchardes contre les locaux, la situation pourrait dégénérer en affrontements intercommunautaires, sources de déstabilisation supplémentaire » d’un pays ravagé.
Les combats avaient commencé jeudi après midi après une opération menée par les forces de sécurité du nouveau régime qui cherchaient à « arrêter un fonctionnaire du gouvernement al-Assad » dans la région de Latakia, – fief de la communauté minoritaire des Alaouites, secte chiite à laquelle appartenait l’ancien « Raïs » détrôné-, a confié au « NYT » un officiel qui a requis l’anonymat.
« Des éléments de l’ancien régime essaient de tirer avantage des limites des capacités militaires du gouvernement syrien dans le but de faire dérailler la transition politique », analyse de son côté, dans le Wall Street Journal, la chercheuse Lina Khatib, associée au think tank « Chatham house ». Et le quotidien de résumer ainsi les enjeux auxquels est confronté le nouveau pouvoir : « Ces développements s’ajoutent à une série d’autres défis sécuritaires et politiques pour le gouvernement de l’ancien leader rebelle Ahmad al-Shara qui s’efforce de négocier avec des combattants kurdes contrôlant une partie du nord-est syrien tandis qu’il lui faut également compter avec les exigences israéliennes d’une démilitarisation de la partie sud de la Syrie. »