Yémen, les Émirats Arabes Unis enterrent la hache de guerre

Patron des Émirats Arabes Unis engagés dans la guerre contre les Houthis aux cotés des Séoudiens, MBZ joue désormais l’apaisement. Alors que les Américains frappent des cibles appartenant aux Houthis au Yémen, l’Émirat Policy Center (EPC), le principal think-tank des Émirats, publie un long article, plutôt optimiste, concernant le développement économique du Yémen dans les prochaines années.

Ian Hamel

         

Le titre de l’analyse, publiée le 11 janvier dernier par Émirat Policy Center, un think tank basé à Abou Dhabi, s’intitule : « « Yemen Between Gulf Economic Booms : Toward a More substainable partenership » (Yémen, entre les booms économiques du Golfe : vers un partenariat plus durable). Il ne mentionne à aucun moment les attaques des Houtis contre les bateaux commerciaux circulant en mer Rouge. Même le mot « Houthi » n’est pas cité. L’article rappelle que le Yémen a largement profité du boom pétrolier des années 1970 à 1980 dans les autres pays du Golfe, notamment en Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis. Le site a été fondé en 2008 par Ebtesam Al-Ketbi, universitaire, professeure de sciences politiques.  

 

Non seulement Sanaa aurait reçu « une aide généreuse » de ses voisins, mais « un tiers des hommes du nord et du sud du Yémen sont allés travailler dans les pays du Golfe ». Les transferts de fonds de la main-d’œuvre yéménite des pays du Golfe vers le Yémen du Nord « dépassaient 1,6 milliard de dollars par an au début des années 1980 », Soit plus de 5 milliards de dollars aux prix actuels. Malheureusement, selon EPC, think tank indépendant mais proche du pouvoir d’Abu Dhabi, « les décideurs politiques du nord du Yémen, dépourvus de toute vision permettant de bénéficier stratégiquement du boom pétrolier, sont restés les bras croisés devant la montée d’une économie semi-rentière qui a consolidé une culture de consommation dépendante des importations et marginalisé les secteurs productifs nationaux ».   

Nouvelles opportunités pour les Yéménites    

Après la chute des prix mondiaux du pétrole, il y a eu une diminution de l’aide financière des pays riches du Golfe vers le Yémen et une diminution de la main-d’œuvre yéménite. Mais aujourd’hui, les pays du Golfe sont engagés dans des projets stratégiques visant à développer des ressources alternatives. « pour compenser la baisse des revenus pétroliers et gaziers ». Certes, ils n’auront plus besoin, comme autrefois, d’une main-d’œuvre « étrangère bon marché ou non qualifiée ». Malgré le « faible niveau de qualification des travailleurs yéménites, qui les rend inaptes à la nouvelle économie », il ne faut pas désespérer. « Cela représente un nouvelle opportunité pour les Yéménites de réaliser des gains économiques et du développement, contribuant ainsi à sauver leur pays de la situation désastreuse actuelle ».

Les Yéménites doivent simplement améliorer « leurs qualifications professionnelles afin de rivaliser efficacement avec leurs homologues d’autres pays ». Enfin, « les relations privilégiées du Yémen avec les pays du Golfe, enracinées dans sa situation géographique, stratégique, et ses affinités culturelles, constituent un avantage important ».

On a compris que la hache de guerre est enterrée entre Les Émirats et le Yémen, y compris avec les Houtis chiites. D’ailleurs, Abou Dhabi n’appartient pas à la coalition  « Gardien de la prospérité », initiée par les Américains pour lutter contre les attaques des Houtis contre les navires en mer Rouge. Tout comme l’Arabie saoudite qui a appelé à « éviter l’escalade » après les frappes américaines contre les cibles houtistes. 

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