Le Sénégal retient son souffle

Le Conseil constitutionnel sénégalais, saisi par plusieurs membres de l’opposition et des candidats à la magistrature suprême,  a déclaré « contraire à la Constitution » la loi repoussant de dix mois le scrutin qui devait se tenir le 25 février et le maintien du président Macky Sall à son poste au-delà du terme de son mandat.

Bien qu’elle abroge également le décret présidentiel qui, de facto, modifiait le calendrier électoral, l’instance ne fixe pas de nouvelle date pour le scrutin. Compte tenu du retard pris par le processus, elle se borne à constater « l’impossibilité d’organiser l’élection présidentielle à la date initialement prévue » du 25 février et « invite les autorités compétentes à la tenir dans les meilleurs délais ».

Des intermédiaires ont commencé à faire le pont entre Macky Sall et Ousmane Sonko qui est en prison depuis juillet, indique RFI. Il s’agit du militant des droits humains Alioune Tine et de l’homme d’affaires Pierre Goudiaby Atepa. Ce dernier explique qu’il a été « nommé facilitateur par le président pour voir comment convaincre les uns et les autres d’échanger avec un objectif d’apaisement ». La libération d’Ousmane Sonko serait sur la table et des négociations déjà en cours. Selon Pierre Goudiaby Atepa, le président Macky Sall aurait déjà donné ses instructions pour faire libérer dans les prochains jours pas loin d’un millier de personnes en détention préventive après avoir été arrêtés en mars et en juin dernier.

Du côté du parti de l’opposant, l’ex-Pastef, on affirme n’être demandeur de rien : ni d’un dialogue ni d’une amnistie. « On veut des élections le plus rapidement possible », affirme un cadre de l’ex-Pastef

Autre signe d’apaisement : le rétablissement des données mobiles qui avaient été coupées mardi 13 février, et du signal de la chaîne de télévision Walf TV lundi dont la licence avait été retirée en marge des manifestations vendredi.

Mais pour l’instant, ces gestes plus ou moins discrets ne convainquent pas tout le monde. Une grande partie de l’opposition réclame toujours la tenue de l’élection le 25 février et le départ de Macky Sall le 2 avril, date à laquelle il était censé passer le pouvoir à son successeur.

Le Conseil constitutionnel doit encore se prononcer sur les recours déposés par des candidats pour contester la loi qui fixe la nouvelle date du scrutin au 15 décembre. Macky Sall lui n’a pour l’instant pas donné de signe de rétropédalage. Et le nouveau collectif d’organisations de la société civile Aar Sunu Élections prévoit toujours une marche samedi 17 février à travers le pays pour protester contre le report de l’élection.