La junte malienne a annoncé un léger report l’élection présidentielle maliennes qui devaient se tenir en février 2024. Pour justifier cette décision, Bamako accuse l’entreprise française IDEMIA (anciennement OBERTUR), qui gère la base de données de recensement administratif, de refuser de lui donner les codes d’accès.
Or Thomas Le Drian, le fils de l’ex ministre de la Défense de Hollande devenu le patron des Affaires Étrangères sous Emmanuel Macon, travaille dans cette entreprise et aurait permis à IDEMIA, grâce au soutien des autorités françaises, d’obtenir ainsi le marché.
Ce que beaucoup redoutaient est arrivé, la junte repousse la date de l’élection présidentielle pourtant âprement négociée avec la CEDEAO. Combien de temps durera ce « léger report » ? C’est une question à laquelle Bamako n’a toujours pas répondu.
Cinq milliards de CFA impayés
C’est pourtant la promesse d’élections en février 2024 qui avait permis la levée des sanctions mises en place par l’organisation sous-régionale. Le motif invoqué est pour le moins curieux. Le groupe IDEMIA qui gère le recensement, aurait « pris en otage » le gouvernement malien en ne transférant pas les codes d’accès. Ce qui empêcherait la junte de mettre les listes électorales à jour. C’est du moins la version officielle.En fait, le gouvernement malien doit encore 5 milliards de Francs CFA -plus de 7 millions d’euros-, à l’entreprise qui attend d’être réglée avant d’envoyer lesdits codes.
Il reste que le prétexte invoqué par la junte malienne permet habilement de faire remonter à la surface le vieux contentieux de Bmako contre Jean Yves Le Drian et son fils Thomas. L’histoire remonte à 2015. Celui qui était alors ministre de la Défense, avait en charge l’opération Barkhane. Il profite de sa position pour tordre le bras à feu le président Ibrahim Boubacar Keïta afin que l’entreprise bretonne Idemia, anciennement Oberthur, obtienne le marché des passeports et remplace la société canadienne Bank note qui était jusque là chargée de la confection de ces documents.
A l’époque, l’affaire avait fait scandale au Mali, les députés s’en étaient emparés et avaient posé des questions à l’Assemblée nationale. En effet, outre que ce marché ait été passé de gré à gré, la facture des passeports avait explosé et les recettes du gouvernement diminuées. Bref, ce n’était pas une bonne affaire, sauf peut-être pour un homme d’affaires du nom de Thomas Le Drian, le fils du ministre.
« Jeune Afrique » qui ne nous avait pas habitués à une telle audace contre les autorités françaises avait révélé l’affaire. Sans pratiquement aucune reprise par le reste de la presse française. Il était clair qu’en haut lieu Jean Yves Le Drian n’avait pas que des amis.…
Jean-Yves Le Drian en cause
Que cherche la junte en faisant porter le chapeau du report de l’élection à IDEMIA ? Cette société est fort bien connue au Mali, elle a donné lieu à un feuilleton dont Jean-Yves Le Drian était le principal protagoniste.
En 2015, alors qu’il était ministre de la Défense, la société avait obtenu le contrat des documents biométriques, un contrat suspecté de « favoritisme ». D’autant que le fils du ministre, Thomas avait été embauché par ladite société. En mars 2022, au plus fort de la tempête entre la France et le Mali, le tribunal de grande instance de Bamako recevait une plainte déposée par une association contre celui qui était devenu le ministre des Affaires étrangères pour « complicité de prise illégale d’intérêt et favoritisme ».
Trois mois plus tard, Jean-Yves le Drian était dûment convoqué par un juge d’instruction malien pour « pour atteinte aux biens publics et autres infractions aux dépens de l’Etat du Mali ». Le patron du Quai d’Orsay était donc sommé de se rendre à Bamako le 20 juin 2022 à 8h du matin. Il ne s’y était pas rendu et depuis plus personne n’avait eu de nouvelle de l’histoire, ni ne s’était interrogé sur le sort de ce dossier. L’affaire ressort donc opportunément des cartons à la faveur de ce report de l’élection présidentielle. Mais que cherche la junte ? Seulement à repousser l’élection ou à négocier une ristourne sur sa dette ?
Ce résumé est un tissu de bêtise, à commencer par associer Oberthur et la base Ravec. La société Oberthur n’a jamais été fournisseur de cette base pas plus qu’Idemia. Le contrat a été passé entre L’état malien et Morpho. Ensuite le Ministre et/où son fils n’ont jamais été parti prenante dans ce dossier. Enfin le contrat des passeports a fait l’objet d’un Appel d’offres et Oberthur à proposé un BOT à l’état malien donc coût d’acquisition 0€ ! Que diable un peu de sérieux dans vos articles.