Le 8è congrès extraordinaire du principal parti d’opposition, le PDCI, qui devait se tenir, ce samedi 16 décembre à Abidjan, a été annulé très tôt par la police ivoirienne portée par une décision de report de la justice ivoirienne. Une façon pour le pouvoir ivoirien de contrer la course présidentielle de l’ex banquier Tidjane Thiam, candidat favori pour prendre la tète du mouvement par feu le Président Bédié avec le soutien d’Emmanuel Macron.
Z. Bati Abouè
En attendant « la fièvre du samedi soir » ( Saturday night fever) sans John Travolta cette fois, c’est déjà la fièvre du samedi matin à Abidjan où la grande consécration de Tidjane Thiam a pris du plomb dans l’aile, tôt le matin, en raison d’une décision de justice qui est venue contrecarrer les plans de conquête de l’ex-banquier de l’ex-Crédit Suisse. La police ivoirienne qui a empêché les accès du Sofitel Hôtel Ivoire aux premiers militants arrivés sur les lieux du congrès, a brandi ladite décision obtenue par deux militants établis à Yopougon, une des communes les plus chaudes d’Abidjan.
Il s’agit respectivement de Christophe Blesson, membre du bureau politique du PDCI et secrétaire de la section Saint Pierre de Yopougon et Ourha Affroumou, secrétaire général de section et président national du Rassemblement pour la victoire du PDCI. Tous deux demandent la suspension et le report du congrès pour violation des statuts qui régissent le parti, ainsi que pour des risques potentiels de troubles à l’ordre public parce que la liste définitive des congressistes publiée par la direction intérimaire du parti ne contient pas les noms de certains congressistes.
Cette annulation a provoqué un début d’échauffourées entre la police et les militants sur l’esplanade de l’hôtel Ivoire et devant le siège du PDCI, à Cocody où les premiers militants pourchassés par les forces de l’ordre se sont abrités. Plusieurs tankers des forces de l’ordre nationales étaient d’ailleurs encore stationnés à proximité de l’hôtel Ivoire et de la Maison du parti, nom donné au siège du PDCI.
La réaction de Tidjane Thiam
Le favori à la succession de Bédié, Tidjane Thiam a rapidement réagi à cette situation en publiant un communiqué de presse dans lequel il « conseille aux militants et sympathisants du PDCI d’attendre dans le calme les instructions du parti en s’abstenant de tout déplacement vers le site prévu pour le congrès ».
L’ancien banquier de l’ex-Crédit Suisse qui agit presque comme le président du PDCI est régulièrement la cible des cadres du parti au pouvoir pour avoir ironisé sur les promesses du président de la République par ailleurs économiste en déclarant qu’il n’est pas économiste mais un ingénieur qui trouve des solutions concrètes. En 2010, le président ivoirien s’était présenté aux élections comme une solution aux problèmes des Ivoiriens. Il est également reproché à Tidjane Thiam d’avoir annoncé que le PDCI retrouvera des couleurs au nord du pays politiquement monopolisé par le parti au pouvoir. Les relations que Tidjane Thiam entretient avec le président français font l’objet d’une grande méfiance dans les milieux du Rassemblement des houphouëtistes pour la paix et la démocratie (RHDP). Où l’on voit en lui le pion d’Emmanuel Macron. Alassane Ouattara a toujours bénéficié du soutien de l’Elysée, soutien de plus en plus menacé par l’accélération de la prise de pouvoir de Tidjane Thiam au PDCI.
La révolte de Ouattara contre Macron
Selon Chrisostome Blessy, vice-président du PDCI et avocat du parti, la décision annulant le congrès extraordinaire du PDCI a été signée, vendredi, dans la soirée. Ce qui l’empêche légalement de s’y opposer. Mais si à Abidjan, on voit la main manifeste du régime d’Alassane Ouattara derrière le blocage du congrès extraordinaire du PDCI, est-ce le début de la révolte du président ivoirien contre la macronie ?
Me Chrisostome Blessy se plaint également du prétexte donné aux adversaires en affirmant que le fer est dans le fruit. Les deux plaignants sont en effet accusés de s’opposer à l’élimination de la candidature de Maurice Kakou Guikahué retoquée pour une procédure de contrôle judiciaire. Cette décision avait finalement été levée par le procureur ivoirien mais Guikahué avait néanmoins décidé de prendre acte de son rejet, affirmant, lors d’une conférence de presse justificative, que la division du PDCI ne passera pas par lui. Visiblement, son acte de foi n’aura pas suffi puisque RFI insistait ce samedi sur la proximité des deux plaignants avec « le général courage » du PDCI.
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