Mali, nouveaux meurtres de masse de Touaregs

Image volée à Amassine

Harcelés par l’armée malienne et ses supplétifs de Wagner, les Touareg maliens des régions de Kidal, Gao et Tombouctou comparent leur sort aux pires heures de 1963.

« Les Touareg et les Maures sont massacrés et les survivants sont contraints à l’exil en Mauritanie et en Algérie, en tant que clandestins, pas en tant que réfugiés ». Cette constatation d’un leader indépendantiste du nord du Mali est revenue depuis des semaines à Mondafrique de plusieurs sources. Le quotidien français Libération, dans son édition du 13 mai, a d’ailleurs publié un article sur les tensions à la frontière entre le Mali et la Mauritanie et leurs conséquences diplomatiques. Le journal estime à 80 000 le nombre de réfugiés appartenant aux  communautés nomades ayant fui le nord du Mali à la suite de la reconquête de Kidal, en novembre. 

Malgré ses appels au retour lancés aux habitants de la région de Kidal, le gouvernement de Bamako semble poursuivre une action militaire systématique contre les campements.

La communauté du gouverneur de Kidal n’est pas épargnée

La communauté imghad du général touareg Elhadj Gamou, nommé gouverneur après la chute du bastion indépendantiste en novembre, n’est pas épargnée. A Tassik, le 16 mai, et à Amassine, le 19 mai, deux colonnes des forces armées maliennes accompagnées de miliciens russes de Wagner et bénéficiant d’un appui aérien ont tué respectivement 16 et 19 civils, des éleveurs appartenant aux ethnies Imghad et Taghat Malat. Le général Gamou avait assuré aux habitants de ces campements qu’ils ne risquaient rien et pouvaient donc rester sur place. 

Les listes des victimes circulent sur les réseaux sociaux. A Tassik, quatre corps seulement sur 16 ont été identifiés. Les autres sont calcinés. Dans les deux cas, à Tassik comme à Amassine, les hommes valides ont été tués et les biens de valeur pillés. 

« Ils veulent vider la région de ses populations touareg pour les remplacer par d’autres populations. C’est du nettoyage ethnique », poursuit le leader du nord précité. 

Les communautés connues pour leur proximité avec les groupes armés membres de la coalition dénommée Cadre Stratégique Permanent pour la Défense du Peuple de l’Azawad (CSP-DPA) ont déserté la zone dès la chute de Kidal, s’attendant à des représailles. Celles qui sont désormais prises pour cibles se croyaient en sécurité.

Fin avril, le CSP-DPA a publié un communiqué réaffirmant son unité et sa cohésion, annonçant la dissolution des organisations antérieures et disant rechercher « une dynamique novatrice lui permettant de répondre efficacement aux défis qui s’imposent. » Les auteurs ont condamné « le terrorisme sous toutes ses formes, principalement le terrorisme d’Etat institutionnalisé à travers les exactions et exécutions extrajudiciaires perpétrées contre les populations civiles de l’Azawad et du centre par la junte au pouvoir à Bamako. »