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L’armée française au Niger: combien de divisions?

Emmanuel Macron donne l’impression, par l’intransigeance de ses positions sur le Niger et le ton martial qu’il utilise volontiers, qu’il n’exclut pas une intervention française en cas d’un dérapage grave et toujours possible à Niamey avec les troupes nigériennes. L’armée française aurait-elle les moyens d’un tel choc frontal alors qu’elle ne dispose que de 1500 hommes? L’expérience, la modernisation et la qualité  des soldats  et du matériel confèrent à une éventuelle intervention militaire française au Niger des atouts certains. Mais l’effectif pour de telles missions reste cependant limité dans un pays immense. Autre difficulté, les moyens logistiques sophistiqués que suppose le suivi aérien continu ne sont pas nécessairement au rendez vous.

Une chronique d’Olivier Vallee, économiste

La France utilise ainsi la base aérienne 101 de Niamey et deux autres points d’appui pour déployer son dispositif qui oscille entre 800 et 1500 hommes. Elle n’a rien construit de nouveau à la différence des Américains qui ont investi 300 millions d’USD dans la base 201 dont le cout de fonctionnement annuel est d’au moins 30 millions d’USD. La base 101 abrite donc les Français et un petit contingent américain, non loin de l’aéroport civil international Diori Hamani.Sur la base 101 opèrent 8 Mirage 2000D, 4 MQ-9 Reaper (UAVs), soit des drones offensifs, 1 Boeing de ravitaillement C-135FR, 1 Lockheed C-130 Hercules de transport, des Eurocopter d’attaque Tigre, et des hélicoptères militaires NH90.

Les drones privilégiés

Le COS[6] est déjà présent au Niger et a accumulé, par les survols de Mirages 2000 D et des drones, une excellente cartographie de la zone tant pour des parachutage, des héliportages que pour des rassemblements. Sur la base 101 près de Niamey, l’Escadron de chasse 1/3 « Navarre » est rompu à la colocalisation avec l’Escadron de drones 1/33 « Belfort », lequel déploie deux Harfang depuis 2013 et trois MQ-9 Reaper (les deux premiers déployés depuis 2014).

L’unité qui connait le mieux le Niger, et en particulier Ouallam, serait le CPA 10, unité de choc de l’Armée de l’air, forte d’une dizaine de groupes actions, rompus aux techniques communes des forces spéciales. Le CPA 10 est déjà intervenu au Niger et parait comme l’interface par excellence entre les forces sur le terrain et les forces aériennes, facilitant ainsi leur action dans la profondeur. Les éléments du CPA ont l’habitude d’agréger ou de s’adjoindre des spécialistes des interventions africaines comme le 13ème RDP ou le 1er RTP. Il a collaboré également au Niger avec le 4ème Régiment d’Hélicoptères des Forces Spéciales qui vole sur des Cougars et tente d’apprivoiser les Caïmans[7]. L’usage de Tigres peut aussi être envisagé. Le CPA 10 de l’Air échange au sol et en l’air avec les avions de reconnaissances ATL 2 de l’aviation légère de l’armée de terre (ALAT) et de la Marine. Avec le démantèlement accéléré de la force Barkhane,  l’Air Surface Integration (ASI), qui vise à combiner les activités des forces terrestres ou maritimes avec celles des forces aériennes, permet aux commandos du CPA 10 l’observation et le destruction de sites par l’arme aérienne. Le CPA 10 possède une compétence déjà ancienne en matière de drones, et met actuellement en œuvre le Skylark israélien (acquis en crash program par le COS en 2007), tout en expérimentant de nouvelles solutions. Il a développé en interne un drone multirotor baptisé Dracula, et a expérimenté plusieurs autres modèles de tailles diverses, comme le Black Hornet du britannique Prox Dynamics, de taille ultra-réduite, mais aussi le Wasp AE, qui semble avoir plus convaincu à Orléans que dans la marine.

Les hélicoptères et les avions de transport tactique offrent aux commandos la mobilité et l’action dans la profondeur. Les équipages de l’Escadron de transport 3.61 « Poitou » ont ainsi développé les techniques d’aéroportage ou de largage (de 200 m jusqu’à plus de 8 000 m d’altitude sous oxygène) leur permettant d’assurer des infiltrations ou des exfiltrations de commandos rapides et discrètes sur des plateformes sommaires.

L’avion ravitailleur disposé à la base 101, près de Niamey, s’il est immobilisé pourrait être suppléé par les C135 provenant du Tchad, du Gabon, ou encore de Morón de la Frontera, lorsqu’ils sont aux couleurs américaines. Pendant qu’un avion est ravitaillé, l’autre peut poursuivre le travail avec les équipes/troupes au sol, ce qui permet de fournir à ces dernières « une couverture et une connaissance de la situation (situational awareness) de 100% pendant des heures  », en surveillant les modes opératoires de l’ ennemi.

Au sol, après parachutage, plusieurs unités sont entraînées au terrain nigérien ou à ce qui y ressemble. Ainsi la 1ère et la 5ème Cie du 2ème REP comme des sections du 1er RGP et du 1er RHP, des équipes du CPA 30, à travers des exercices communs simulant le théâtre de la bande sahélo saharienne (BSS).

Côté armement, le CPA 10 a reçu des livraisons concernent des Glock 17 (remplaçant le PAMAS G1) et des Barrett. Cependant le CPA 10 ne détient que 248 personnels, et comme toutes les unités œuvrant pour le COS, il n’arrive pas à combler son sous-effectif. La compagnie opérationnelle aligne neuf groupes action (GRA).

 

 

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