Six ans après l’élection présidentielle d’août 2016, le Gabon entre dans la dernière ligne avant celle qui devrait se tenir en août 2023. Y verra-t-on s’affronter de nouveau Jean Ping qui revendique toujours sa victoire et Ali Bongo bien décidé à se maintenir à la tête du Gabon ?
Par Jocksy Ondo-Louemba
L’affiche pourrait avoir des allures de remake, de « deuxième tour », mieux de « match retour » entre Jean Ping, qui aura 80 ans en 2023 et Ali Bongo, très diminué physiquement, mais dont le régime est d’une étonnante vitalité, qui aura pour sa part 64 ans.
C’est pourtant très probable que ces deux personnalités politiques gabonaises, qui ont – il faut le rappeler – des liens familiaux, s’affrontent à nouveau pour le pouvoir au Gabon en 2023 tant cela semble inéluctable.
Jean Ping tenace, Ali Bongo en place
Depuis l’élection Présidentielle d’août 2016 au Gabon marquée par la fraude et par une sanglante répression, Jean Ping réclame toujours avoir remporté ce scrutin et se considère toujours comme « le président élu » du Gabon. Abandonné par l’immense majorité de ses soutiens politiques qui ont rejoint le camp d’Ali Bongo, Jean Ping s’est toujours refusé à tout dialogue n’ayant pas pour but « le départ d’Ali Bongo ». Interdit de quitter le Gabon, l’ancien président de la commission de l’Union africaine, a refusé à ce jour toute rencontre avec Ali Bongo, le maître du Gabon.
Un maître du Gabon qui a affiché une volonté claire de se maintenir au pouvoir au-delà de 2023 et très certainement jusqu’à ce que mort s’ensuive : cela s’appelle un président à vie.
Popularité contre appareil d’Etat
Aujourd’hui, il n’est pas erroné d’affirmer que Jean Ping est resté populaire auprès de ses électeurs et qu’il n’a pas par son attitude obtenu d’autres soutiens parmi le peuple du Gabon. Son refus « d’aller à la soupe », c’est-à-dire de réintégrer comme certains de ses soutiens d’hier ce pouvoir qu’il a servi, renforce à n’en point douter le soutien des masses populaires du Gabon.
Au Gabon, Jean Ping reste populaire et les autres acteurs politiques gabonais qui se présentent en challenger ne sont pas encore parvenus à faire tourner la page de l’ancien président de la commission de l’Union Africaine, ne serait-ce que du point de vue de la mobilisation.
Pour sa part, Ali Bongo a toujours entre ses mains tout l’appareil d’Etat tant civil que militaire ainsi qu’un parti politique, le Parti Démocratique Gabonais (PDG), l’ancien parti unique, véritable instrument politique qui lui donne une base politique et fédère ses partisans aussi bien au Gabon qu’à l’étranger.
L’ultime combat ?
Ce nouvel affrontement entre Jean Ping et Ali Bongo, s’il a lieu, sera le dernier entre deux hommes politiques tous deux issus de la plus haute sphère du régime instauré par Omar Bongo en 1967.
Si tout porte à croire et laisse à penser qu’Ali Bongo se maintiendra au pouvoir en 2023, il n’est pas impossible que Jean Ping – s’il se représente – parvienne cette fois-ci à enrayer la redoutable mécanique dont il est issu et contre laquelle il se dresse depuis 6 ans.
Pour l’heure, Jean Ping ne démord pas et continue de clamer qu’il est celui qui a été élu à la tête du Gabon en août 2016…