Emmanuel Macron enterre les contentieux africains à coup de commissions

Qui a dit « quand on veut enterrer une décision, on crée une commission » ? C’est l’homme d’Etat français Georges Clémenceau. Et qui crée une commission chaque fois qu’on lui demande de dédommager ceux que son pays a spoliés, exploités, pillés, torturés, massacrés ? Le président français actuel, Emmanuel Macron. Et comme cela l’affaire est vite enterrée.

Une chronique de Venence Konan

Il est fort, le président Macron. Lorsque les anciens colonisés se rappellent les coups de pieds aux fesses reçues par leurs ancêtres, les tortures, les décapitations, les amputations, les enfumages, les bombardements et autres crimes commis par les colons français et réclament réparations, lorsqu’ils demandent que tous les objets culturels et cultuels qui leur furent volés leur soient restitués, le président Macron crée une commission.

Il y eut les Algériens. Eux, ils sont toujours fâchés avec la France depuis leur indépendance. Avant son élection à la tête de la France, Macron s’était rendu chez eux pour dire que la colonisation fut un crime contre l’humanité. Cela les a calmés quelque temps, mais les souvenirs douloureux sont revenus très vite lorsque Macron est devenu président. Il a alors décidé de créer une commission d’historiens pour se pencher sur la question.

Qu’a-t-elle conclu ? Ce que tout le monde sait depuis toujours, à savoir que les Français n’ont pas fait dans la dentelle pendant la colonisation de ce pays. Les Algériens se sont tenus tranquilles jusqu’à ce que Macron donne raison au Maroc dans l’affaire du Sahara Occidental. Cette fois-ci ils sont vraiment fâchés. Il va falloir créer encore une autre commission.

Une commission vous dis-je !

Il y eut l’affaire des biens africains mal acquis par la France. Je veux parler des objets culturels et cultuels volés à l’Afrique pendant la colonisation. Que fit Macron lorsque l’on commença à en réclamer la restitution ? Il créa une commission, évidemment. Et que découvrit donc cette commission ? Que la France et aussi toutes les autres anciennes puissances coloniales avaient pillé tous les trésors de l’Afrique, ce que tout le monde savait déjà, raison pour laquelle les Africains réclamaient leur restitution.

La France rendit quelques objets au Bénin, un vieux tambour à la Côte d’Ivoire, et pour le reste, vous pouvez toujours courir.  

Le Rwanda aussi eut sa commission. Elle aboutit exactement à la conclusion que tout le monde connaissait : la France avait joué un rôle pas très joli lors du génocide des Tutsis. Alors, pour essayer de faire sourire Kagamé pour une fois, Macron nomma sa ministre des Affaires étrangères qui parle surtout anglais à la tête de l’organisation de la Francophonie. Kagamé n’a toujours pas souri.

Les Camerounais aussi firent savoir à Macron qu’ils n’avaient pas oublié Ruben Um Nyobé, Félix Mounié et les tonnes de bombes déversées par la France sur leur pays lorsqu’ils luttaient pour leur indépendance. On créa une commission. Et comme les Camerounais aiment bien la musique et la danse, on nomma le musicien Blick Bassy co-directeur de cette commission. Ça lui a donné du rythme. Et elle a conclu que la France avait fait une sale guerre aux Camerounais. Et les dédommagements des victimes et de leurs descendants ? Ils peuvent continuer à danser sur les airs de Blick Bassy.

Madagascar, l’ultime commission créée

Les Haïtiens ont à leur tour réclamé que la France leur rembourse les sommes colossales qu’ils avaient dû payer pour avoir leur indépendance. On a créé une commission. Tout le mon sait exactement ce que les Haïtiens ont payé, la date de la dernière échéance, mais, quand on veut enterrer une décision…

La dernière commission créée par Macron est celle de Madagascar. Là-bas aussi on a massacré à grande échelle, décapité un roi et emporté sa tête, et les Malgaches ne sont pas contents du tout. Qu’à cela ne tienne ! On va créer une belle commission à Madagascar et on leur rendra peut-être la tête desséchée de leur roi.

Et il parait qu’ils sont contents.