Série Centrafrique (3): Les opérateurs économiques étranglés

 Alors que la République centrafricaine s’enfonce dans une crise économique et institutionnelle, les membres du Groupement interprofessionnel de Centrafrique (GICA) tirent une nouvelle fois la sonnette d’alarme. Face à une administration défaillante, une insécurité persistante et un climat d’affaires délétère, les opérateurs économiques dénoncent l’immobilisme du régime Touadéra, à quelques mois d’élections controversées.

Le dernier rapport de la Banque africaine de développement souligne une croissance du PIB réel de seulement 0,9 % en 2024, avec des perspectives à peine meilleures pour 2025 A. Mais derrière ces chiffres se cache une réalité plus sombre : inflation galopante, déficit budgétaire croissant, et recettes fiscales en berne.

Les membres du GICA, qui représentent les principaux acteurs économiques du pays, font face à :

• Des blocages logistiques dans les zones contrôlées par des groupes armés

• Une administration instable, incapable de garantir la sécurité juridique des investissements

• Une absence de financement, malgré les promesses du RCPCA et du Plan national de développement 2024–2028

Le silence du pouvoir

Depuis le mémorandum remis au gouvernement en 2017, les propositions du GICA — pourtant non budgétaires — ont été ignorées ou diluées dans des discours sans lendemain. En 2025, aucun plan concret n’a été publié pour améliorer l’environnement des affaires.

Le président Faustin-Archange Touadéra, désormais candidat à un troisième mandat controversé, semble davantage préoccupé par la consolidation de son pouvoir que par la relance économique. La réforme constitutionnelle de 2023, qui lui permet de briguer un mandat illimité, a été dénoncée comme illégale par plusieurs juristes et anciens ministres.

Une économie sous perfusion

Le budget 2025, voté en janvier, affiche un déficit de 20,72 milliards de FCFA, financé en grande partie par des partenaires internationaux. Mais les crédits accordés à l’économie réelle restent dérisoires, et les réformes structurelles sont au point mort.

« Nous ne demandons pas des faveurs, nous demandons un cadre sécurisé et prévisible », martèle un membre du GICA sous couvert d’anonymat.

Une année électorale sous tension

À l’approche des élections de décembre 2025, le climat politique se durcit. L’insécurité croissante, la présence de mercenaires étrangers, et les dysfonctionnements de l’Autorité nationale des élections font craindre une crise majeure. Pour les opérateurs économiques, l’incertitude politique est un frein majeur à l’investissement.

Conclusion : L’urgence d’un sursaut

La Centrafrique dispose d’un potentiel immense — ressources naturelles, capital humain, position stratégique — mais reste prise en otage par l’inaction politique et l’insécurité chronique. Le GICA appelle à un véritable dialogue national, à des réformes institutionnelles courageuses, et à une sécurisation immédiate des zones économiques.