L’interdiction de quitter le territoire notifiée à l’ancien et brillant ministre algérien des Affaires Étrangères, Ramtane Lamamra, qui s’était présenté, voici deux jours au départ d’un vol pour Paris, témoigne de la férocité de la lutte des clans au pouvoir en Algérie. Sur fond de Présidentielle, prévue l’année prochaine, et où l’actuel Président Tebboune compte bien se représenter malgré l’hostilité des anciens cadres de l’ex DRS, les services algériens avant 2015, revenus à des postes clés
En tant qu’ancien ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra a le droit, pour voyager à l’extérieur de l’Algérie, de disposer d’un passeport diplomatique et de profiter de tous les privilèges que ce sésame confère à son porteur. Mais, quelque deux mois après la décision prise de quitter le gouvernement en raison de la volonté du président algérien Abdelmadjid Tebboune d’être seul maitre à bord, le voici refoulé à la frontière dans des conditions humiliantes.
C’est que Abdelmadjid Tebboune voit en lui, non sans de bonnes raisons, un potentiel rival présidentiel, soutenu par une partie de l’appareil d’état et bien perçu, en raison de sa grande expérience et d’un parcours international, par des partenaires de l’Algérie comme la France ou les États Unis . La pression des anciens amis du général Toufik, qui fut pendant un quart de siècle le tout puissant chef des services algériens, est maximale pour empêcher Tebboune d’accéder à un deuxième mandat ou en tout cas, pour limiter sa marge de manoeuvre, s’ll était réélu. Ce clan joue de la menace d’une candidature de Lamamra pour obliger le Président actuel à céder à certaines de leurs exigences, comme celle de nommer un cice ministre de la Défense, le chef de lÉtat algérien possédant de droit ce titre.
Lequel Tebboune n’est reste pas resté inactif, on s’en doute, soutenu par le chef d’état major, comme la corde soutient le pendu.
Les services français alertés
Dans un article publié le jeudi 8 juin , Africa Intelligence, site parisien spécialisé dans l’actualité des pouvoirs politiques et économiques en Afrique et très proche des services français, laisse entendre que Lamamra, dont on connait la proximité avec Emmanuel Macron, s’est vu refuser l’obtention d’un passeport diplomatique. «L’ex-ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra privé de passeport diplomatique?», se demande le site, qui précise que «plus d’un mois après avoir sollicité le renouvellement de son passeport diplomatique au ministère des Affaires étrangères qu’il dirigeait encore il y a quelques mois, Ramtane Lamamra fait face au silence de l’administration».