Depuis sa capture par la brigade « Abou Bakr El Seddik » de Zenten le 19 novembre 2011, dans la région de Oued Al Ajjel a dans le sud désertique de Liby en direction du Niger, le fils de l’ancien « guide » libyen Mouammar Khaddafi suscite encore beaucoup de curiosité, voire d’engouement, en Libye
Le 28 juillet 2015, Saif El Islam Khaddafi est condamné par la cour d’assis de Tripoli à la peine capitale pour son implication dans la répression des manifestants lors du soulèvement de 2011 en Libye. Il est libéré le 09 juin 2017, par la même brigade de Zenten qu’il l’a arrêtée évoquant l’application d’une loi d’amnistie promulguée par le parlement établi dans l’est du pays.
Un accord a été conclu sur la base de deux conditions entre les deux parties qui se battent pour le contrôle du pays, à savoir le gouvernement d’union nationale (GUN) reconnu par la communauté internationale établi à Tripoli et l’armée nationale Libyenne dirigée par le maréchal Haftar à Benghazi. Le premier point de l’accord est que Seif Al Islam serait assigné à résidence à Al Baydha loin des implications politiques et militaires qui lui interdisent toute activité. Le second point, qui fait consensus entre les deux frères ennemis en lutte pour le contrôle du pays, est celui de répondre par « niet » aux multiples demandes d’extradition du prisonnier affranchi par la cour pénale internationale.
L’élection présidentielle et législatives prévues le 24 novembre 2021 auxquelles il se présente en tant que candidat libre, lui ouvre les portes de la réhabilitation. Les scrutins seront reportés sine die et le pays replonge dans la spirale de la violence.
Le combat de Saif ne s’arrête pas sur le processus politique de reconstruction et de réconciliation. Il est constamment sollicité par les anciens compagnons de son père à reprendre le flambeau. Dans un jeu démocratique très limité, ses partisans s’affichent de plus en plus à Syrthe et Bani El Walid. Les deux grands blocs en concurrence pour le contrôle de pays recherchent son soutien en vue d’une alliance future. Déjà, en juillet 2021, Il affirmait clairement ses intentions de jouer un rôle politique dans le pays en accordant une interview au journal américain New-York Times que « L’heure est venue d’un retour au passé. Le pays est à genoux, il n’y a pas d’argent, pas de sécurité, pas de vie ».
Des ambitions affichées
Le fils du déchu « guide » libyen s’affiche dans les médias en s’exprimant de plus en plus sur la situation du pays. La première condition imposée lors de sa libération de prison s’étiole progressivement. Son activité est tolérée dans une logique de consensus dans un pays fatigué par plus de douze années de guerre fratricide. Il est vrai que Seif Al Islam jouait le rôle de dauphin lorsque son père était encore au pouvoir jouant le rôle doublant du ministre des affaires étrangères.
La configuration du pays est dans une impasse. En dépit du marathon de conférences, accords, rencontres entre les deux belligérants de Tripoli et Benghazi (Skhirat, Bouznika, Berlin, Tunis, Alger) aucun compromis n’a été conclu. L’émergence d’une troisième voie est-il possible avec Seif Al Islam ?
Le destin du pays se joue à l’étranger, entre les puissances impliquées en Libye. La Turquie et le Qatar, en accord tacite avec les américains, sont les parrains du GUN. La Russie, les Emirats arabe unis, l’Egypte, l’Arabie Saoudite sont du côté du maître de Benghazi. Le talent d’Achille du fils cadet du « guide » libyen déchu est l’absence de toute caution d’une puissance internationale impliquée dans le jeu libyen.
Une lettre au président du parlement Libanais
C’est en usant d’une sémantique belliqueuse que Seif El Islam Khaddafi s’est adressé par lettre ouverte au président du parlement libanais Nabih Berri le mercredi 30 Juillet passé. Il réclame dans son contenu la libération de son frère Hannibal emprisonné depuis 8 ans au pays du cèdre. La presse Libyenne et Arabe en ont fait un écho, commentant le style violent utilisé par cet expéditeur apparemment autorisé.
En effet, la justice Libanaise accuse Hannibal de dissimuler des informations importantes sur le sort de l’Imam Chiite libanais Moussa Al Sadr et ses compagnons ; Cheikh Mohammed Yaâkoub ainsi que le journaliste Abbas Badr Eddine disparus dès leur arrivée à Tripoli en 1978 alors qu’ils étaient invités officiellement par Mouamar Khaddafi. Pourtant, le gouvernement d’union national s’est engagé à collaborer avec les autorités judicaires libanaises à la manifestation de la vérité dans la disparition de l’Imam Moussa Sadr et ses compagnons.
La sortie violente de Seif Al Islam n’est pas fortuite. Elle traduit la volonté du gouvernement de DBIBA de montrer un certain consensus inter libyen. Mais prend le risque de provoquer une crise diplomatique car l’expéditeur est encore sous la demande d’extradition du CPI. La menace proférée à l’adresse du président du parlement Libyen par Seif Al Islam est-ce un quitus pour un rôle plus reconnu ? « La Libye se relèvera de sa pénitence et rugira son rugissement, ce que vous le savez, et alors ceux qui ont fait du tort sauront dans quel camp ils seront insérés» écrit-il