Les migrants envoient des fonds importants vers leurs pays d’origine. Avec en tète des disaporas, les Indiens, les Chinois et les Philippis
Depuis 2010, les envois de fonds vers les pays en développement ont presque doublé, atteignant un record de 647 milliards de dollars l’année dernière, soit plus que les investissements directs étrangers dans ces pays et plus que l’aide internationale au développement, affirme la Banque mondiale.
L’Inde: 111 milliards de dollars
Les cinq principaux bénéficiaires de ces envois de fonds selon la Banque Mondiale étaient, en 2022, l’Inde (111 milliards de dollars), le Mexique (61 milliards de dollars), la Chine (51 milliards de dollars), les Philippines (38 milliards de dollars) et le Pakistan (30 milliards de dollars). Les pays dans lesquels le poids des remises migratoires en pourcentage du PIB est particulièrement élevé — signe de l’importance de la contribution de ces fonds au financement des déficits du compte courant et des finances publiques — sont le Tadjikistan (51 % du PIB), les Tonga (44 %), le Liban (36 %), le Samoa (34 %) et la République kirghize (31 %).
En Égypte, l’argent envoyé par les migrants rapporte trois fois plus que le canal de Suez, propriété de l’État. Le Mexique tire un pactole de ses migrants qui dépasse les revenus générés par le tourisme international et les exportations de pétrole.
L’Afrique subsaharienne: 51,7 milliards
Selon le dernier rapport de la Banque mondiale sur la migration et le développement, l’Afrique subsaharienne a reçu environ 51,7 milliards de dollars d’envois de fonds en 2022. Le Nigéria (20,1 milliards de dollars) arrive en tête des pays récipiendaires, suivi du Ghana (4,6 milliards), du Kenya (4,09) et du Sénégal (2,7). Inversement, l’Afrique du Sud exporte vers d’autres pays africains beaucoup plus d’argent qu’il n’en reçoit de ses propres migrants.
L’Algérie, l’Égypte, le Maroc et la Tunisie ont tous d’importantes diasporas qui envoient de l’argent au pays. En termes de volume, les fonds qui arrivent en Algérie, Égypte, Maroc et Tunisie vont croissant. De 17,7 milliards de dollars en 2008, ils sont passés en 2019, à 37,3 milliards de dollars. En 2019, les envois de fonds annuels agrégés vers ces quatre pays étaient trois fois supérieurs aux Investissements directs étranger (IDE) qui ont bénéficié à ces pays.
Bien sûr, les volumes varient ensuite de pays à pays. L’Égypte (26, 781 milliards de dollars en 2019) reçoit à elle seule les deux tiers des envois effectués en direction de tous les pays d’Afrique du Nord. L’Egypte est aussi le sixième plus important bénéficiaire des fonds de migrants dans le monde.
Les entrées vers les autres pays sont beaucoup plus faibles : 6, 735 milliards de dollars pour le Maroc ; 2, 050 milliards de dollars pour la Tunisie et 1, 792 milliard de dollars pour l’Algérie en 2019. Alors que les envois de fonds vers l’Égypte en 2019 équivalaient à 8,9% du PIB du pays, ils étaient de 6% au Maroc, de 5% en Tunisie et de 1% seulement pour l’Algérie.
Les pays qui expédient l’argent des migrants vers la mère patrie ne sont pas les mêmes non plus. 85 % des envois de fonds vers l’Algérie, le Maroc et la Tunisie (en 2018) ont été envoyés depuis l’UE-27. En revanche, les envois de fonds vers l’Égypte proviennent principalement des pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG). Les envois de fonds vers l’Algérie et la Tunisie proviennent essentiellement de France (79%). Les États-Unis et l’Italie arrivant loin derrière.