Les efforts des États-Unis pour assécher le flux de dollars en direction de l’Iran ont fait grimper la valeur du billet vert, tant en Iran qu’en Irak.
Quand les Gardiens de la révolution iraniens kidnappent des tankers américains dans le Golfe Persique, quand ces mêmes Gardiens de la révolution ou leurs milices Houthis attaquent à coups de drones les bases américaines en Syrie ou en Irak, les Etats Unis ripostent avec l’arme discrète du dollar pour asphyxier l’économie iranienne.
Quand les Iraniens multiplient les micro-agressions pour chasser les Etats Unis du Moyen Orient, les Etats Unis ripostent sur un autre terrain, le terrain économique. Et sur ce terrain économique, le dollar révèle sa pleine puissance militaire.
Irak, assèchement de l »économie
Ainsi, en novembre 2022, les banques irakiennes ont été soumises au système mondial de messagerie financière Swift. Obligées d’informer sur l’identité des destinataires des transferts en dollars, les banques irakiennes ont dû cesser leurs transferts de dollars en direction de l’Iran.
80% des 250 millions de dollars de transactions quotidiennes ont ainsi été asséchées du jour au lendemain.
Désormais, les Irakiens rivalisent d’ingéniosité pour continuer à utiliser le dollar en dehors des circuits officiels. Ainsi, au moins 24 Irakiens porteurs d’environ 1 200 cartes bancaires permettant d’avoir accès de plus de 5 millions de dollars ont été arrêtés au cours des deux derniers mois dans des aéroports et des postes-frontières alors qu’ils tentaient de quitter le pays a indiqué la police de l’air et des frontières irakienne. Vendredi, les autorités ont arrêté un autre voyageur irakien qui tentait de sortir 300 cartes bancaires dans des paquets de cigarettes à l’aéroport international de Najaf, dans le centre de l’Irak.
Le filon des cartes bancaires
Dans un autre cas, un individu a été arrêté à l’aéroport de Bagdad après qu’un employé lui ait remis un sac contenant 300 cartes bancaires après qu’il ait passé les contrôle de sécurité.
A quoi rime ce trafic de cartes bancaires ? Au fait que les contrebandiers exploitent une faille. Les banques irakiennes étaient autorisées à délivrer à leurs déposants des cartes de paiement chargées d’un montant en devises plafonné à 10 000 dollars au taux de change officiel. Ces cartes permettaient aux voyageurs de retirer de l’argent à l’étranger.
Les négociants en devises ont donc demandé des dizaines de cartes bancaires pour les remettre aux voyageurs, qui partaient aux Émirats arabes unis, en Turquie, en Jordanie pour retirer des dollars, ou pour remettre ces cartes bancaires chargées en dollars à des ressortissants iraniens. Au cours du dernier week-end, les autorités ont arrêté un Irakien qui tentait de faire passer 128 cartes bancaires à travers la frontière terrestre vers l’Iran.
Pour réduire ce trafic de cartes bancaires chargées en dollars, la Banque centrale d’Irak a plafonné les retraits à 250 dollars en espèces par jour et par carte, ce qui rend plus long le retrait de la valeur totale des cartes.
La filière des billets d’avion
Avant ce trafic de cartes, les trafiquants de devises exploitaient la filière des billets d’avion. En effet, tout Irakien qui s’apprêtait à voyager à l’étranger était autorisé à changer des dinars irakiens en dollars, à condition qu’il présente un billet d’avion. Les changeurs ont alors acheté des centaines de billets d’avion pour exploiter cette ouverture de change. Mais la filière s’est tarie quand la Banque centrale d’Irak a étouffé la frénésie d’achat de billets en abaissant le montant de l’autorisation de 7000 à 2000 dollars.
Quelle autre faille du système sera exploitée par les ingénieux changeurs irakiens ? Nous le saurons bientôt.