Il y a quarante-huit ans, le pays du Cèdre entrait dans une guerre civile meurtrière. Pendant quinze ans, le pays est déchiré, avec, en prime, l’implication de puissances étrangères qu’l s’agisse des Syriens, des Israéliens ou des Iraniens.
La semaine dernière, le 6 avril, alors que le chef du mouvement palestinien Hamas Ismaël Haniyeh était en visite au Liban, plusieurs dizaines de roquettes ont été tirées depuis le sud du pays vers Israël. L’État hébreu a imputé cette attaque à des groupes palestiniens, et répliqué le lendemain avant l’aube par des frappes dans la bande de Gaza – contrôlée par le Hamas depuis 2007 – et dans le sud-Liban.
Un air de « déjà-vu » pour les Libanais. Il rappelle le temps où les Palestiniens étaient solidement implantés et actifs au Liban, surtout dans les années 60 et 70. Il fait aussi resurgir les fantômes de la guerre civile dont les Libanais commémorent ce jeudi 13 avril, le quarante-huitième anniversaire.
Elle commence officiellement le 13 avril 1975, lors de combats entre factions palestiniennes et chrétiennes. Les violences s’enchaînent et croissent de façon exponentielle dans les jours, les mois et les années qui suivent. Elle voit par ailleurs l’implication directe de puissances étrangères : la Syrie, en 1976, et Israël par deux fois en 1978 et 1982 et l’Iran, notamment via le Hezbollah.
Le Liban plus faible que jamais, près d’un demi-siècle après la guerre
Au total, la guerre civile libanaise a duré quinze ans. Elle a vu les musulmans, les Palestiniens, les chrétiens, les druzes se déchirer entre eux. Elle a fait près de 150 000 morts, 20 000 disparus, causé un exode de la population, sans même parler des destructions matérielles importantes (dont le coût a été évaluées à 20 milliards de dollars) et l’échec de la « guerre de libération » lancée contre toute logique, et perdue, par le général Michel Aoun contre l’occupation syrienne au Liban.
Les troupes syriennes ne quitteront en réalité le pays qu’en 2005, après l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, et après des manifestations monstres rassemblant des millions de personnes dans les rues de Beyrouth.
La fin de la guerre civile est actée, du moins officiellement, lors de la signature des accords de Taëf, en octobre 1989. Ces accords sont par ailleurs censés inaugurer une nouvelle ère pour le Liban.
Encore aujourd’hui, les marques de la guerre civile sont visibles dans de nombreux coins du Liban. Et près d’un demi-siècle après le début de ce conflit, on a l’impression que l’atmosphère de la guerre ne s’est finalement jamais estompée, dans un contexte de tensions au Proche-Orient entre Israéliens et Palestiniens, avec le Hezbollah – armé et financé par une puissance étrangère devenu un État dans l’État –, et au sein d’un pays du Cèdre plus faible que jamais.