Pour financer ses grands projets, Riyad a besoin de prix du pétrole élevés
Le brut Brent, la référence internationale en matière pétrolière, avait tendance à baisser depuis décembre 2022. Les craintes de récession et l’arrivée du printemps avaient fait chuter les prix aux alentours de 70 dollars le baril en mars.
Lundi 3 avril, les prix ont augmenté de 6,3 % à 84,93 $ le baril. Sur décision de l’Arabie saoudite et de ses alliés, la production a été prise de réduire la production d’un million de barils par jour, ce qui a fait monter la demande et donc les prix.
C’est la deuxième fois en moins de six mois que les Saoudiens ignorent les inquiétudes des États-Unis et se moquent que des prix élevés du pétrole contribuent à alimenter la machine de guerre russe. Saudi Arabia First !
L’Arabie Saoudite, cavalier seule !
L’Arabie Saoudite n’a plus envie de se comporter en allié des Etats Unis si les avantages de cette alliance (principalement la sécurité vis-à-vis de l’Iran) ont disparu. Désormais, pour le prince Mohammed Bin Salman, prince régent, l’intérêt national prime sur toute autre considération. Si les Etats Unis ne sont plus décidés à défendre leurs alliés au Moyen-Orient, ils devront en payer le prix. Pour chaque service demandé, ils devront s’attendre à se voir réclamer (outre des dollars) un avantage supplémentaire.
Il ne s’agit pas seulement d’un règlement de comptes entre saoudiens et américains. Le prince héritier Mohammed ben Salmane a besoin de dollars pour financer la mutation à marches forcées de son royaume.
Cette mutation passe par des gigaprojets : une station balnéaire sur la mer Rouge de la taille de la Belgique par exemple. Pour créer une industrie touristique dans le pays, l’Arabie Saoudite construit des hôtels de style Maldives planant au-dessus de l’eau et une ville futuriste et high-tech de 500 milliards de dollars dans le désert. Un projet parmi d’autres… tout aussi couteux.
La « Vision 2030 » avant tout
Le programme de transformation de l’Arabie Saoudite connu sous le nom de Vision 2030, passe par des projets de construction grandioses dans le tourisme, la high tech, le sport, le divertissement qui nécessitent des montagnes de dollars. Peu importe désormais, que ces grands projets entrent en conflit avec les intérêts de Etats Unis.
L’Arabie saoudite, autrefois un partenaire fiable des États-Unis en matière de bonne gestion des relations internationales, ne prendra plus en considération que ses seuls intérêts. Si les Etats Unis et le Européens veulent financer leur guerre en Ukraine, ils devront demander des efforts à leurs électeurs et non plus aux Saoudiens.
Quant aux Russes, ils peuvent dire merci à Mohamed Bin Salmane.