La réinsertion à part entière de la Syrie dans la communauté internationale conditionne la « stabilité sécuritaire régionale sans ingérence étrangère » à laquelle MBZ et MBS aspirent désormais avant tout.
Ce changement de paradigme explique les Accords d’Abraham et la reprise des relations diplomatiques entre l’Arabie saoudite et l’Iran, de même que les bonnes dispositions de l’Égypte envers la Syrie ; il ne reste plus que le Maghreb à apaiser!
Le rapprochement de l’Arabie saoudite avec le régime de Bachar al-Assad était inéluctable en raison du principe dynastique de leurs gouvernements, incompatible avec l’idéologie des Frères Musulmans ; on pourrait y voir aussi la marque de l’élite des tribus syriennes et irakiennes, qui tiennent le désert et sont apparentées à la famille régnante : elles demeurent, après cent cinquante ans, sous l’influence (soufie) de l’Émir Abdelkader, grand universaliste.
Des mauvaises fées neutralisées
Beaucoup des mentors qui traditionnellement avaient un oeil sur la Syrie n’ont pus les moyens deleur politique. La Russie, l’Iran et la Turquie, de même que Israël, sont tétanisés par leurs problèmes domestiques respectifs. Ces acteurs-clés se neutralisent mutuellement sur le terrain.
- La Russie a déjà rapatrié une partie de ses armements
- Les milices iraniennes et le Hezbollah perdent de leur influence à Damas au fur et à mesure que l’Arabie saoudite et les Émirats y consolident la leur
- Le président Erdogan doit gérer une campagne électorale dans une ambiance plombée par les effets du séisme et d’une crise économique latente et Israël est dans un tunnel judiciaire
- Les Américains, enfin, se préparent à quitter le Nord-Est du pays, leur départ n’étant plus qu’une question de temps. Seuls, l’Italie et le Vatican paraissent avoir compris ce changement de représentation du monde, nouveau paradigme d’un ordre enfin multipolaire.
Il faudrait pouvoir profiter d’un tel répit pour sortir la Syrie et le Liban de leur léthargie. MBZ et MBS pourraient y aider puissamment, en se concertant. L’Iran et la Russie ne devront pas s’y opposer. La Turquie, obsédé par la présence des indépendantistes turcs, et Israël, tétanisé par l’activisme des groupes armés de l’État islamique (EI), traineront des pieds. Il faudra les impliquer, leur donner un rôle, de préfrence maginal. Ces gens sont réalistes, pragmatiques ; et une bonne «communication » aura raison des ONG et des opinions publiques.
La Diplomatie française et celle de l’Union Européenne, accaparées par les évènements d’Ukraine, se sont faites plus discrètes au Levant. Cette pause devrait leur être salutaire.
Les Européens à la rescousse
MBZ et MBS s’accordent sur l’utilité d’une contribution de l’occident méditerranéen à une politique active de développement en Syrie, mais aussi au Liban. ILl va falloir maintenant reconstruire, sachant que les « monarchies » disposent d’uun trésor de guerre mais qu’elles n’ont pas les entreprises voulues. Lesquelles se trouveront en Europe, voire en Russie, en Turquie, en Chine et pourquoi pas en Israël.
En raison de son implication historique et affective dans la question d’Orient, la France d’Emmanuel Macron tente de s’engouffrer dans la brèche. À condition d’accepter le seconds rôle, celui d’un ami dela grande famille moyen orientale..