Le patron de la police algérienne, le général-major Abdelghani Hamel, est tous les feux des projecteurs en ce moment à Alger. Alors qu’il se croyait « intouchable » parce qu’apprécié par le clan Présidentiel d’Abdelaziz Bouteflika auquel il a fait allégeance, le général Hamel se retrouve aujourd’hui contesté, critiqué et, de surcroît, au coeur d’une véritable tourmente.
Les affaires de sa famille sont révélées ostensiblement et de nombreuses informations circulent sur celui qui se voit parmi les potentiels candidats à la succession d’Abdelaziz Bouteflika. En réalité, avant de soulever l’ire des opposants et de certains médias, le général Hamel énerve surtout de nombreux acteurs du régime au point qu’il collectionne aujourd’hui les adversaires.
Règlement de comptes
Tout commence en janvier 2014 quand le général Hamel marie son fils à Oran. La cérémonie est si fastueuse qu’il fallait bloquer toute la ville d’Oran. La population s’est crue dans un mariage princier. Les motards algériens ont escorté la mariée du fils du général jusqu’à l’hôtel pour qu’elle savoure avec son mari la nuit de noces. Cet exhibitionnisme a choqué plusieurs autres dirigeants ainsi que la population d’Oran qui a dénoncé cet étalage de pouvoir. Plusieurs membres de la famille du général sont par ailleurs cités dans plusieurs affaires louches de foncier et d’immobilier à Oran.
Et c’est le ministre de l’Intérieur de l’époque, Tayeb Belaïz, avec lequel il n’entretenait guère de bons rapports, qui déclenche les hostilités contre le général Hamel. Il réclame auprès de la Présidence sa tête et oeuvre au sein de la Police pour qu’un véritable mouvement de protestation se monte contre lui. Les manoeuvres ont failli payer. Mais frappé par la maladie, Tayeb Belaïz, s’affaiblit et abandonne sa charge. Il est remplacé en mai 2015 lors d’un remaniement gouvernemental.
Le général Hamel pensait qu’il avait gagner le duel et espérait une promotion pour rafler le ministère de l’Intérieur et entrer enfin au gouvernement. Un rêve qui s’évapore puisqu’il ne va pas bouger d’un iota et restera cloué à la tête de la Police. Un simple wali sera nommé ministre et deviendra son supérieur hiérarchique. La pilule passe mal pour le général. Or, ce dernier, n’a toujours pas compris la gravité de cet avertissement et laisse toujours faire son entourage qui s’enfonce dans les affaires douteuses.
Revelations compromettantes
Le frère du général se serait même illustré par son inconscience en s’appropriant d’un stratégique lot de terrain à l’entrée d’Oran au niveau de la zone industrielle qui abrite l’usine de Renault. A Alger, plusieurs chapelles politiques crient au scandale et le général Hamel se retrouve à nouveau visé par les critiques.
Des critiques de plus en plus véhémentes qui font, désormais, le bonheur des anciens cadres du DRS réfugiés à l’étranger à l’image de Hichem Aboud qui vient de révéler sur la place publique, via le site internet de son quotidien « Mon Journal », des informations compromettantes qui circulaient sous le manteau à Alger.
Les hôtels récemment acquis, les usines financées dans des conditions troublantes, le patrimoine immobilier de la famille dans plusieurs villes à l’ouest du pays, l’utilisation des moyens de la police algérienne au service du « clan »… Tout a été dit. Et la polémique ne cesse d’enfler. Pour l’heure, la Présidence n’a pas réagi. Mais à Hydra, à la direction générale de la police algérienne, le général Hamel commence à paniquer sérieusement.