En novembre 2015, par des communiqués, des vidéos, des messages audio, L’Etat islamique avait savamment récupéré les attentats de Paris (130 morts, plus de 350 blessés) dans leur communication. La branche médiatique du groupe terroriste prévenait que « cette attaque bénie n’est que le début de la tempête », et que les Français « continueront à sentir l’odeur de la mort pour avoir pris la tête de la croisade ».
L’assassinat d’un malheureux prêtre âgé durant la messe qu’il célébrait à Saint-Etienne-du-Rouvray, près de Rouen, n’échappe pas non plus à la propagande terroriste et au marketing de la terreur. Cette fois, il s’agit de convaincre les musulmans que le meurtre d’un religieux est légitime, alors que la tradition musulmane recommande, au contraire, de respecter le clergé chrétien…
Référence aux écrits radicaux
Le site web terrorisme.net, édité en Suisse par JMF Recherches et Analyses, décrypte comment les sympathisants de l’Etat islamique utilisent des écrits de “savants“ particulièrement radicaux, comme Taqî ad-Dîn Ahmad Ibn Taymiyya (1263-1328) – l’une des principales références théologiques au courant wahhabite, en Arabie saoudite et au Qatar – pour blanchir ce crime.
En ce qui concerne les moines, Ibn Taymiyya déclare : « Vous trouverez des gens qui sont enfermés dans les monastères, laissez-les donc et ce pour quoi ils se sont enfermés ». Pour ce salafiste, ils ne sont pas dangereux car « ils n’aident en rien les gens de leur religion dans ce qui peut nuire aux musulmans et ne se mélangent pas à eux dans leur vie ». Il en va tout autrement concernant les prêtres : « C’est la grossièreté de leur mécréance qui en fait des chefs de la mécréance, comme le fait qu’ils pratiquent des rituels avec des impuretés, délaissent le mariage et la viande et s’habillent avec leur accoutrement qui est le symbole de la mécréance ».
Les prêtres, voilà l’ennemi
Abû Ubayd al-Qâsim Ibn Sallâm, un autre savant, tient pratiquement le même raisonnement : il est interdit de tuer les moines, mais à condition qu’ils ne donnent pas « aux idolâtres des informations sur les musulmans ni ne les informent lorsque les musulmans entrent dans leurs terres ». Le site pro-djihadiste ajoute alors : « Qui peut prétendre que ce prêtre était coupé du monde et ne savait pas ce qui se passait en France ? Qui peut prétendre qu’en voyant l’armée des musulmans entrer en France, il n’aurait pas appelé la police pour les prévenir des manœuvres des musulmans ? ». En conclusion, parlant du père Jacques Hamel : « Il est permis de le tuer ! ». Les partisans de l’Etat islamique ajoutent que « Le Vatican a béni la campagne militaire contre l’EI » et que « L’Eglise russe a béni les avions qui allaient bombarder les villes syriennes ».
Seuls les Dhimmis
Le site web terrorisme.net constate que nous nous trouvons dans une vraie guerre d’interprétations (*). Alors que le prophète aurait dit : « Celui qui fait du mal à un Juif ou à un Chrétien trouvera en moi son adversaire au Jour du Jugement », la propagande de l’Etat islamique prétend qu’il ne s’agit que d’une fausse traduction faite « dans le but de salir l’islam et particulièrement les actes commis par les mujahidîn ». Le prophète n’aurait pas dit « Juif » ou « Chrétien », mais « Dhimmi ». Un Dhimmi est un monothéiste (habituellement juif ou chrétien). Il lui était garanti la protection de la part des musulmans, mais ils devaient s’acquitter d’un impôt de capitation (jizyah). En clair, tout chrétien ou juif qui ne verse pas la jizyah peut être exécuté…
Il serait judicieux de mener une enquête pour connaître l’influence de la propagande de l’Etat islamique sur les communautés musulmanes en Europe, dans le Maghreb et dans le reste de l’Afrique.
(*) « Des sympathisants de l’Etat islamique font circuler en ligne des textes pour justifier religieusement l’assassinat de prêtres »
