Fixé au 13 et 14 janvier 2017, le 27ème sommet Afrique-France qui se tiendra à Bamako, la capitale malienne, se prépare sous haute tension. Une quarantaine de chefs d’Etat, les principaux responsables onusiens et des organisations régionales, plusieurs centaines de ministres et des milliers de participants sont attendus. Des milliers de policiers et militaires seront mobilisés pour parer aux éventuels problèmes sécuritaires.
Les organisateurs prennent exemple sur le déroulement de la visite du pape François à Bangui en Centrafrique, les 29 et 30 novembre 2015. La population centrafricaine et notamment des milliers de jeunes avaient participé activement, en assistant les forces de l’ordre, au succès de cette visite. Évidemment la situation au Mali n’est pas celle de Bangui et les attaques contre le grand hôtel Radisson Blu, le 20 novembre 2015, à Bamako sont encore dans toutes les mémoires.
« Papa Hollande » dans le bourbier
La programme de ce sommet s’annonce évidemment extrêmement chargé. Les pays anglophones représentés au Sommet pourraient y être majoritaires. Nul doute que la participation des autocrates Robert Mugabe, président du Zimbabwe, et Omar el Béchir, à la tête du Soudan, fera l’objet d’âpres discussions. Les interventions militaires de la France en Libye, en Centrafrique et au Sahel annoncent des débats houleux. Les questions liées au terrorisme en France et notamment au traitement de l’islam radical et à l’encadrement de certaines libertés publiques feront l’objet d’interpellations mettant en cause » la patrie des droits de l’homme ». Les problèmes des flux migratoires et de l’ordre public ne seront pas envisagés de la même façon des deux côtés de la Méditerranée. La diminution de l’aide au développement pour les populations contre un durcissement des prérogatives régaliennes et sécuritaires fera l’objet d’interpellations des ong et des très nombreux représentants des médias et de la société civile. Bref, ce sommet ne s’annonce pas aussi triomphal pour François Hollande que sa dernière visite à Bamako où il avait été acclamé par une de maliens le remerciant d’avoir d’avoir chassé les djihadistes du nord.
Au delà du véritable casse-tête que posent les problèmes logistiques, d’hébergement et d’organisation, ces questions de fond embarassent plusieurs États et en particulier la France. Le président Hollande a beaucoup à perdre dans ce sommet qui se tiendra à moins de quatre mois de l’election présidentielle. Alors que l’ex chef d’état major particulier du président, le général Benoît Puga, la directrice de la cellule afrique de l’Elysee, Hélène Le Gal, le directeur Afrique du Quai et plusieurs de ses adjoints ont déjà plié bagages, de nombreux diplomates se préparent à toutes les éventualités pour l’issue des prochaines présidentielles qui semble promise à la droite. Une nouvelle politique d’aide au développement, plus bilatérale, plus décentralisée et beaucoup plus sélective est annoncée.
Dans ces conditions, le prochain sommet Afrique-France, exercice de haute voltige forcément très onéreux, voit grossir, chaque jour, le nombre de ses détracteurs.