Itamar Ben Gvir, étoile montante de la droite israélienne est susceptible – à en croire les sondages d’opinion – de remporter jusqu’à 14 sièges au Parlement israélien (120 sièges). Cela ferait de Pouvoir Juif, la formation que dirige M. Ben Gvir, la troisième de la Knesset. Itamar Ben Gvir serait alors en une position privilégiée pour exiger un portefeuille de haut niveau si d’autres partis de droite ou conservateurs remportaient suffisamment de voix pour former un gouvernement de coalition.
Le parti du Premier ministre Yair Lapid devrait remporter environ 25 sièges, et le parti du Likoud du chef de l’opposition Benjamin Netanyahu pourrait en remporter 31, selon les sondages. À en croire la gauche israélienne, Itamar Ben Gvir, est l’équivalent d’un nazi juif. Élevé à Mevasseret Zion, une petite ville à l’extérieur de Jérusalem, de parents juifs irakiens, M. Ben-Gvir a rejoint à l’adolescence Kach, une faction ultra nationaliste dirigée par le rabbin Meir Kahane, d’origine américaine que M. Ben-Gvir n’a pas renié.
« Kach », une organisation terroriste
Meir Kahane faisait le constat qu’il était impossible de vivre en Israel aux côtés des Arabes et préconisait de les expulser et de leur retirer leur citoyenneté. La Haute Cour israélienne a finalement interdit à Kach de se présenter à la Knesset en raison de son programme raciste ; Israël a classé Kach comme organisation terroriste en 1994. Les États-Unis ont également désigné Kach comme groupe terroriste jusqu’en 2022, date à laquelle il a été déclaré inactif.
Jeune militant, M. Ben-Gvir s’est opposé au processus de paix. Et certains pensent qu’il aurait pu tenir le pistolet qui a assassiné le Premier ministre Yitzhak Rabin en 1995.
Aujourd’hui Itamar Ben Gvir a muri et il explique à ses partisans qu’il ne faut pas crier « mort aux Arabes », mais « mort aux terroristes ». En 2019, il aurait décroché du mur de son salon une affiche de Baruch Goldstein, membre du Kach, qui a abattu 29 musulmans à Hébron.
Le recentrage de Ben Gvir
Le 6 septembre, en s’exprimant devant les élèves du lycée Blich à Ramat Gan, Ben Gvir, a déclaré : « Je ne préconise pas la mort des Arabes, ni l’expulsion de tous les Arabes, mais j’ai un problème avec ceux qui nous lancent des cocktails Molotov ou blessent des soldats de Tsahal. J’ai aussi un problème avec ceux qui sont à la Knesset et qui vont à l’encontre de notre pays. »
Lors de ce même événement célèbre au lycée Blich, un élève a demandé à Ben Gvir ce qu’il ferait si son propre fils lui révélait son homosexualité. Ben Gvir a répondu qu’il l’embrasserait et le rassurerait qu’il l’aime et qu’il restera toujours son fils.
L’électorat naturel de M. Ben-Gvir est constituée des religieux installés dans les implantations de Cisjordanie. Ben Gvir, en tant qu’avocat, a ainsi défendu Amiram Ben-Uliel, reconnu coupable d’avoir incendié la maison d’une famille palestinienne, tuant un couple et leur bébé de 18 mois.
Mais si l’on en croit les sondages, les juifs pauvres des communautés rurales sont susceptibles de voter pour lui alors qu’ils votaient traditionnellement pour le Likoud ou le parti orthodoxe Shas.
Le succès politique de Itamar Ben Gvir semble reposer sur la peur croissante des Israéliens vis-à-vis de leurs compatriotes musulmans. Les émeutes anti-juives qui ont éclaté dans les rues des grandes villes d’Israël l’année dernière ont laissé des traces profondes et le doute s’installe désormais en Israël sur la capacité d’intégration de la minorité arabe du pays.
Ce n’est pas un hasard si l’un des spots de campagne d’Itamar Ben-Gvir, montre une femme effrayée disant à son mari en hébreu au téléphone que des hommes sont devant leur appartement avec des couteaux pour la tuer, elle et leurs enfants. Tout le monde comprend que « les hommes » sont des arabes.
« Il est temps d’être les maîtres de la maison », dit le spot publicitaire. « C’est l’heure de Ben-Gvir ».
Israël a renoué avec les assassinats ciblés en Cisjordanie.