En Tunisie, les appels au coup d’Etat militaire se multiplient sur les réseaux sociaux, pour certains sous l’influence de mouvements politiques. Le climat économique et social réunit tous les ingrédients d’un cocktail explosif : croissance en forte baisse, dinar dévalué, denrées alimentaires aux prix exorbitants, taux de chômage explosif chez les jeunes diplômés, endettement à la hausse et fonction publique saturée en effectifs. A ce sombre tableau s’ajoute un contexte sécuritaire extrêmement fragile. Pays frontalier de la Libye dont certaines zones sont en partie contrôlées par Daech, la Tunisie a subi ces dernières années une recrudescence des attaques terroristes sur son territoire. Une situation due en partie à la dissolution d’une partie de l’appareil policier pléthorique de Ben Ali après la révolution et au manque de formation de l’armée et de la police à la lutte anti terroriste. Celles-ci font pourtant désormais face à un défi majeur qu’elles ont bien de la peine à appréhender : le retour à venir de quelques 4000 Tunisiens partis combattre dans les rangs de Daech en Libye ou en Syrie. Une instabilité qui nourrit le sentiment d’amertume des Tunisiens dont un grand nombre disent regretter le règne de Bourguiba ou même celui de Ben Ali. De quoi susciter la crainte d’un putsch dans les cercles politiques tunisiens où, à voix basse, on n’exclue pas un tel scénario. « Pour l’instant l’armée qui manque cruellement de moyens n’est pas en mesure de le faire. Mais c’est une option qu’on ne peut pas exclure dans deux ou trois ans » s’inquiète une source sécuritaire.