Dans un ultime rebondissement qui illustre la totale dégradation des relations entre les deux capitales maghrébines, les autorités mauritaniennes ont décidé la semaine dernière de suspendre les permis de travail des cadres marocains chez l’opérateur télécom Mauritel détenu à hauteur de 54 % par Maroc Telecom. La partie mauritanienne a déclaré officiellement que les Marocains avaient pris du retard dans leur engagement à « mauritaniser » le management de l’opérateur. Dans des soldes à la remorque du pouvoir de Nouakchott, on indique que les services marocains auraient utilisé leur participation dans Mauritel pour « espionner » leur voisin et ami mauritanien.
La pomme de discorde sahraouie
Que se cache derrière ce coup de gueule de Nouakchott? Selon des sources bien informées, Rabat refuse depuis plus de deux mois d’accueillir le ministre mauritanien des Affaires étrangères, porteur d’une invitation pour le sommet de la ligue arabe prévu fin juillet au roi Mohammed VI. Le royaume chérifien qui devait organiser le sommet arabe avait passé son tour en mettant en avant les trop grandes divergences interarabes. Surprise! Le général Aziz se porte candidat dans la foulée pour recevoir ses « frères » arabes. Cette position a irrité fortement Mohammed VI. « Qu’un pays maghrébin accepte de remplacer le Maroc comme pays hôte du sommet arabe est signal inamical envers le royaume », explique un officiel chérifien qui préfère garder l’anonymat.
Pour ne rien arranger, Nouakchott décrète, le mois dernier, trois jours de deuil à l’occasion du décès de Mohamed Abdelaziz, patron de du front Polisario et présenté comme dans le communiqué officiel comme un chef d’Etat. « Le président mauritanien fait tout pour déplaire à Rabat, sans rien faire pour plaire à Alger et à Paris », souligne un ancien ministre mauritanien pour lequel, l’heure du changement a bel et bien sonné à Nouakchott.