La brouille se poursuit entre les autorités tunisiennes et émiratis. Frappés de restrictions de voyager aux Emirats arabes unis depuis début 2015, les citoyens tunisiens ne sont plus les seuls à faire les frais de cette mesure. Celle-ci s’applique également au frère du président Béji, l’avocat d’affaires Slah Caïd Essebsi, interdit de visa dans ce pays. Une attaque de plus dirigée contre le président tunisien Béji Caïd Essebsi accusé par les Emirats devoir trahi leur cause. Porté au pouvoir fin 2014 grâce au parti Nidaa Tounes, créé en 2012 pour contrer les islamistes de Nahda, l’actuel chef de l’Etat tunisien doit en partie sa victoire aux financements provenant de Dubaï pendant la campagne électorale. En échange, Béji devait mettre à l’écart les islamistes de Nahda que les Emirats exècrent.
Il n’en fut rien. Après la présentation d’un premier projet de gouvernement excluant les islamistes de la coalition gouvernementale, le premier ministre Habib Essid, avec l’aval du président, a finalement ouvert la porte à Nahda en février 2015. Depuis, Béji est devenu un interlocuteur privilégié de Rachid Ghannouchi, le leader de Nahda avec qui il discute quotidiennement. Mieux, l’un des personnages centraux dans les discussions portant actuellement sur la constitution d’un gouvernement d’union nationale où Nahda souhaite être représenté à la hauteur de sa présence à l’Assemblée est Hafedh Caïd Essebsi, directeur exécutif de Nidaa Tounes depuis janvier 2015 et fils du président Béji. Ce dernier compte parmi ses connaissances l’homme d’affaire Chafik Jerraya lié à l’ex djihadiste libyen Abdelhakim Belhadj très influent auprès du gouvernement autoproclamé de Tripoli dominé par les islamistes de la coalition de « Fajr Libya ». Dans le délicat processus de composition politique entre Nidaa Tounes et Nahda, il joue désormais un rôle important de passerelle.