À en croire les déclarations officielles des Américains et des Iraniens, les négociations de Vienne sur le nucléaire, devenues un élément de confrontation entre Washington et Moscou, seraient au point mort ou quasiment. Sauf que quelques signes d’espoir sont encore palpables dans un contexte où la diplomatie française pourrait prendre des initiatives!
Il faudrait un miracle pour sauver les négociations de Vienne. Une année entière de palabres dans le format actuel qui en exclue les Américains a usé les négociateurs professionnels, au point de donner l’impression de bloquer toute entente possible. Personne ne veut plus prendre de réelle initiative, alors que l’actualité au Moyen Orient se passe loin de la capitale autrichienne au Caire, à Téhéran et à Ryad. À tel point qu’il est désormais minuit « moins une », avant l’annonce d’un désastre programmé.
Le président Joe Biden vient de confirmer son prochain voyage en Israël, ce qui n’est pas vraiment un atout pour une issue favorable aux de Vienne. Les tensions apparues entre la Russie et Israël ne créent pas d’avantage un climat favorable à des retrouvailles entre Iraniens et Américains. Le conflit en Ukraine au final a gangrené les relations internationales et constitue en apparence un obstacle quasi insurmontable pour ces négociations débutées dès avril 2021 et visant à un retour des États-Unis aux conditions de l’accord de Vienne du 14 juillet 2015.
Rappelons que la signature par les États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien en 2015, avait été un fait historique majeur. Après 36 ans de tensions extrêmes entre Washington et Téhéran, le président Obama opéra un virage à 180 degrés. Plutôt que de continuer une politique américaine agressive à l’encontre d’un pays menaçant de se doter de l’arme nucléaire, c’est la voie de la diplomatie et de la coexistence pacifique qui a été choisie par Obama.
L’appel du pied de Téhéran
À en croire pourtant une dépêche de l’agence iranienne IRNA du 25 avril, les ponts ne sont pas « coupés » entre Téhéran et Washington. Selon les déclarations du ministre des Affaires Etrangères iranien rendues publiques par son porte parole, Saeed Khatibzadeh et telles qu’elles ont été reprises par l’AFP, les pourparlers devraient reprendre « le plus rapidement possible. » Ce qui est plus intéressant encore est que la dépêche d’IRNA laisse entendre qu’une nouvelle session pourrait se tenir éventuellement « ailleurs qu’à Vienne »!
Enrique Mora, le coordinateur de l’Union européenne (UE) chargé de superviser les pourparlers sur le nucléaire iranien, se rendra mardi en Iran dans le cadre des pourparlers de Vienne visant à relancer l’accord sur le nucléaire iranien de 2015, a rapporté samedi l’agence semi-officielle Nour News. Affiliée au Conseil suprême de la sécurité nationale iranien, Nour News n’a toutefois pas donné de détails sur la prochaine visite de M. Mora.
Alors que que la France assure la présidence du Conseil de l’Union Européenne. (UE), une réussite spectaculaire de l’UE sur ce dossier serait une possibilité inespérée pour Emmanuel Macron de donner un nouvel élan à la diplomatie française, marqué par beaucoup d’initiatives présidentielles, mais par peu de résultats concrets. Qu’il s’agisse du Sahel, mais aussi du Liban, de nos relations avec le Maghreb, ou encore récemment du conflit ukrainien où les multiples échanges entre Macron et Poutine n’ont pas débouché sur un début de solution négociée.
Un deuxième souffle pour Paris
Le paradoxe de la situation actuelle marquée par un retour d’une véritable guerre froides entre l’OTAN et la Russie, est l’intense vitalité diplomatique qui règne au Moyen Orient. Les discussions entre l’Arabie Saoudite et l’Iran, les voyages du président Erdogan en Egypte et en Arabie Séoudite ou encore l’apparition d’un bloc régional soudé entre israël et les Emirats marquent un bouleversement des équilibres régionaux. La paralyse de Joe Biden, englué dans le conflit ukrainien, a libéré des énergies nouvelles, indépendamment de la négociation de Vienne sur la question nucléaire. Et dans le cadre d’une prise en charge par les États concernés de leur propre sécurité.
C’est là une incontestable fenêtre de tir pour un Emmanuel Macron offensif. À condition que la diplomatie française, qui conserve de beaux restes, ne s’exprime plus à travers le filtre d’un ministre des Affaires Etrangères, Jean Yves le Drian, dont la seule préoccupation était de vendre des armements au monde entier et de faire travailler au Mali ou ailleurs des entreprises bretonnes .
Fortes incompréhensions entre les Séoudiens et Joe Biden