L’ancien patron de l’Agence française de Développement, le bras armé financier de la diplomatie française, Dov Zerav, souligne dans une chronique sur le site Atlantico que la Tunisie est au bord de la faillite
Depuis le départ le 14 janvier 2011 de l’ancien président Ben Ali, la situation économique n’a cessé de se détériorer. Voici quelques chiffres qui en témoignent de façon dramatique
- Un PIB de près de 30 Md$ contre un peu moins de 44 en 2010,
- Un PIB par habitant en baisse de 4 140 $ en 2010 à 3 040 $ en 2021,
- Une inflation annuelle qui, sur la décennie, est passée d’une tendance autour de 4 % à 5-6 %.
- Un taux de chômage officiellement au-dessus de 17,8 %, mais un taux d’emploi (nombre de personnes qui ont un emploi rapporté à la population des 15-65 ans), estimé par les instances internationales à près de 40 %.
- Une dette publique à plus de 100 % du PIB contre 39 % en 2010.
- Un déficit constant des comptes extérieurs entrainant un triplement de la dette extérieure à plus de 35 Md€ en 2020,
- Un taux de change à 3,30 dinar tunisien (TND) pour un euro aujourd’hui contre 1,92 TND à fin 2010.
Une alarmante crise sanitaire.
Avec une moyenne de 150 morts par jour et un système sanitaire complétement dépassé, la Tunisie est un des pays d’Afrique les plus touchés par la pandémie ; la baisse du PIB de 9,1 % sur 2021, selon le FMI, ne va pas améliorer les choses et va accentuer les nombreuses fractures qui fragilisent la société tunisienne. La crise sanitaire a fait passer le taux de pauvreté de 15 à 25 % d’une population de plus de 12 millions d’habitants.
Mi-août, la température à Tunis a atteint un record, 48°, dépassant le précèdent de 1982, 46,8°. Au-delà des effets négatifs sur l’agriculture, un récent rapport de la Banque mondiale a présenté les effets du changement climatique sur les pays du Maghreb. Sur une population qui passerait de 195 millions d’habitants à 230 en 2050, 4,5 à 13 millions de personnes quitteraient les campagnes et viendraient accentuer la pression sur les systèmes urbains, sans oublier que ce seraient des candidats potentiels à l’émigration