« Mobiliser les forces vives de la société civile dans toutes les composantes aux fins de création d’une plateforme d’action commune dans la perspective d’un Gabon Nouveau » : tel était l’objectif affiché par les Assises de la société civile, réunies à Libreville du 24 au 26 août dernier. Trois jours durant, les participants ont passé au crible la crise aigüe que traverse à leurs yeux le Gabon depuis l’accession au pouvoir d’Ali Bongo Ondimba.
Présidé par Albert Ondo Ossa, professeur d’économie et candidat à la présidentielle de 2009, l’événement a vu les participations de personnalités aussi diverses que Georges Mpaga, président du Réseau des organisations libres de la société civile pour la bonne gouvernance au Gabon (ROLBG), le rappeur Lord Ekomi Ndong ou Marc Ona Essangui, fondateur de l’association environnementale Brainforest et auteur d’un mémorandum sur la situation du Gabon transmis en mars dernier à Hélène Le Gal, la conseillère Afrique de François Hollande. En parallèle des Assises proprement dites, plusieurs commissions ont planché sur les problèmes « sectoriels » de la société gabonaise.
Ali Bongo, faussaire au pouvoir
Au cœur de la question de la gouvernance, la légitimité du pouvoir en place, et du chef de l’Etat en particulier, a polarisé une bonne part des débats. « Le candidat Ali Bongo Ondimba, en fournissant à la Commission électorale nationale autonome et permanente (CENAP) un extrait d’acte de naissance indûment établi par un maire qu’il savait incompétent, s’est rendu coupable du délit de faux en écriture authentique et publique (…). Il a par ailleurs, reconnu pendant qu’il était déjà président de la République, au cours d’une interview radio télévisée accordée à Alain Foka sur les antennes de RFI que « tous ses actes étaient faux, rappelle le rapport général des Assises. Ce qui ne met aucun doute sur la volonté coupable du candidat Ali Bongo Ondimba d’avoir usé d’un acte de naissance qu’il savait pertinemment faux, action délictuelle délibérément entretenue à la suite par la production d’autres faux actes de naissance y compris le dernier délivré par les services de l’état civil de Nantes qui avaient pourtant déjà reconnu qu’il n’existait dans leurs fichiers aucun Alain Bongo né en territoire AEF (Brazzaville) en 1959. »
En plus de la saisine Haute Cour de Justice par Jean de Dieu Moukagni, les participants suggèrent « une Conférence nationale ou Dialogue inclusif en vue de la résolution immédiate des multiples crises que connait actuellement le Gabon », et, à défaut, une série d’actes de désobéissance civique, afin d’empêcher la CENAP de valider une nouvelle candidature du président sortant. Enfin, « des plaintes seront engagées aussi bien devant les juridictions nationales qu’internationales » contre l’ex-maire faussaire William Akassaga, les membres de la CENAP et de la Cour Constitutionnelle et Ali Bongo lui-même.
Dix revendications pour un Gabon assaini
Le document se conclut par des revendications concrètes, reflet des différentes exigences des participants, « conscients de la dérive dictatoriale du pouvoir émergent et du déni de démocratie depuis 2009 ». En voici la liste complète :
« 1°) l’annonce des réformes multiformes réclamées par le peuple avant le 24 septembre 2015. Dépasser cette date, ils se réservent le droit de mener des actions visant à rendre le pays ingouvernable ;
2°) la fin de l’opération onéreuse de communication en faveur d’Ali Bongo du New York Forum Africa ;
3°) la rétrocession de Delta Synergie à l’Etat gabonais à l’instar de tous les autres biens mal acquis ;
4°) la clarification du problème de l’acte de naissance d’Ali Bongo Ondimba ;
5°) l’arrêt de l’endettement odieux et onéreux du Gabon qui compromet l’avenir des générations futures ;
6°) la stricte et égale représentation tripartite (Majorité, Opposition, Société Civile Libre) dans les organes et les institutions de gestion des élections ;
7°) l’administration de la CENAP par un membre de la Société Civile Libre ;
8°) l’actualisation du fichier d’état-civil ;