Le nouveau gouvernement a été formé sur la base d’un long marchandage entre les partis dominants qui se partagent le pouvoir depuis des lustres.
Une chronique de Michel Touma
On a assisté comme d’habitude à un partage de parts entre les formations politiques en présence, à l’exception des deux partis chrétiens d’opposition, hostiles à l’influence iranienne, les Forces libanaises de Samir Geagea et les Kataëb de Sami Gemayel. Le fondement de l’initiative française de septembre 2020 a de ce fait été relégué aux oubliettes.
Emmanuel Macron aux oubliettes
Les postes ministériels ont ainsi fait l’objet d’un savant dosage entre les formations traditionnelles, notamment en ce qui concerne les portefeuilles régaliens. Le camp du président de la République a obtenu les ministères-clés des Affaires étrangères, de la Justice, de l’Energie, tandis que des proches du Premier ministre ont été désignés à l’Intérieur, à l’Economie et à la Santé, les deux formations chiites (le Hezbollah et le mouvement Amal du président de la Chambre Nabih Berry) se réservant le ministère-clé des Finances, les Travaux publics l’Agriculture et le Travail. Un vrai partage de gâteau traditionnel dont les Libanais sont accoutumés depuis des lustres.
Ce qui éloigne le pays du projet de « gouvernement de mission » préconisé par le président Macron. Il n’en fallait pas tant pour pousser les milieux de la contestation populaire (du 17 octobre 2019) à se déclarer farouchement hostiles à la nouvelle équipe ministérielle.
Le ministre joker!
Au-delà du traditionnel partage de gâteau, le camp du président de la République aurait en définitive obtenu le tiers de blocage au sein du gouvernement, en vertu de la règle très libanaise qui permet à u tiers des ministres de bloquer toute décision importante. D’où laparalysie de la machine gouvernementale. Mais cette concession a été de façon implicite et informelle par le biais d’un ministre qui pourrait le cas échéant, en cas de crise grave, rejoindre la faction fidèle au chef de l’Etat.