Mis en examen pour neuf chefs d’inculpation, l’homme de réseaux flamboyant qu’est Alexandre Djouhri, arrêté à Londres en janvier 2018 et extradé en France début 2020 dont les révélations devaient mettre Nicolas Sérkozy dans l’ l’embarras, a été autorisé, dans la plus grande discrétion, à regagner Genève. Or pas un mot dans « le Monde », « le Point » ou ‘l’Obs » qui avaient consacré des dizaines d’articles sur ses liens supposés entre « monsieur Alexandre » et Nicolas Sarkozy
Du coup huit ans après l’ouverture d’une information judiciaire pour corruption, trafic d’influence et abus de biens sociaux, en lien avec un possible soutien financier de la Libye à la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 totalement en panne, la juge Aude Buresi a décidé, le 21 juillet dernier, de faire le ménage dans son dossier. Celui-ci, au fil des années, s’était enrichi de nombreux volets, si bien qu’il était devenu difficile de comprendre ce qui relevait de l’enquête sur le financement de la campagne à proprement parler et de plusieurs autres infractions reprochées à l’entourage de l’ancien chef de l’État, et découvertes au fil des investigations.
Ainsi a-t-elle décidé d’envoyer au règlement l’affaire des tableaux flamands de Claude Guéant. Cela signifie que le Parquet national financier (PNF) devrait, dans les trois prochains mois, prendre son réquisitoire, avant que les différentes parties ne fassent leurs observations et que la juge d’instruction ne décide ou non du renvoi de l’affaire devant le tribunal correctionnel.
La surprise, la voici: l’ homme d’affaires Alexandre Djouhri dont le dossier devait permettre au Parquet financier parisien de confondre Nicolas Sarkozy et ses supposées frasques libyennes, a été remis en liberté. Et cela sans que la presse française qui a consacré des centaines d’articles généralement hostiles à son sujet, ne mentionne cet étonnant épilogue et n’interroge les magistrats sur cette soudaine mansuétude.
Cet homme de réseaux qui a connu un incroyable parcours depuis les cités maudites de la République française où il a grandi, a pu regagner la Suisse où il réside traditionnellement. Plusieurs témoins l’ont rencontré souriant et optimiste, bourré de projets, dans les grands hôtels de Genève.
En somme, un des hommes les plus recherchés par la justice française pendant des mois a été autorisé à regagner ses pénates, et encore après avoir abandonné certaines charges retenues contre lui. Et le tout sans aucune publicité..
Une mobilisation sans précédent
Depuis trois ans au moins, la mobilisation du Pôle financier avait été sans précédent pour enquêter sur l’homme d’affaires, puis pour l’entendre dans l’enquête sur un éventuel financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.
En janvier 2018, Alexandre Djhouri,, alors accablé de plusieurs mandats d’arrêt, avait été arrêté à Londres à sa descente d’avion. Le mystérieux intermédiaire au coeur de la vie politique française depuis une trentaine d’années et en bons termes avec aussi bien avec Dominique de Villepin, Claude Guéant qu’avec de grands industriels comme Proglio ou Dassault, refusait en effet de se rendre aux convocations qui lui avaient été adressée, sans respecter, il est vrai, les formes des procédures habituelles.
Des fuites bien organisées du Parquet financier dans une presse amie laissaient entendre que le dossier judiciaire de Djouhri allait permettre aux enquêteurs de trouver les preuves matérielles qui leur manquaient sur les liens opaques entre Nicolas Sarkozy, son entourage et les Libyens. .
Un dossier vide
Sans jamais prétendre que l’hypothèse d’un financement de NIcolas Sarkozy par la Libye de Khadafi était absurde, Mondafrique avait toujours affirmé que le dossier de Djhouri était quasiment vide. (voir l’article ci dessous). Le seul élément à charge contre cet intermédiaire flamboyant était la surfacturation de la vente d’une villa à Mougins à des intérêts libyens. La transaction s’est faite via une cascade de sociétés et de prête noms, mais en l’absence totale de passerelles vers les comptes de l’ancien Président de la République. C’était peu pour désigner Djhouri comme un dangereux criminel.
De là à reconnaitre ses erreurs, il y a un sacré pas que le Parquet financier et à sa suite une presse bien suiviste ne semblaient prêts à franchir. Or La justice , en permettant à Djhouri de quitter la France, a procédé finalement à une révision déchirante de l’instruction, sans que le moindre écho paraisse dans la presse, à l’exception du journal « La Tribune »..
Des discrètes pressions?
Que s’est il passé? Trois hypothèses peuvent être évoquées
- Alexandre Djhouri souffre de graves problèmes cardiaques et avait déposé un recours auprès des juges pour obtenir l’autorisation de se soigner à Genève. Mais personne ne peut penser que la justice française dont Alex, comme l’appellent ses amis, ignora longtemps les convocations, était prète à lui donner raison sur ce terrain. La France dispose en effet de bons services de cardiologie. Il semblerait que les impératifs médicaux sont un simple habillage dans la décision favorable des juges.
- Le ministère de la Justice aurait-il enfin compris que le dossier n’est pas solide? Il s’agirait alors de chercher une discrète porte de sortie pour les juges du Pole financier en éteignant discrètement l’instruction, sans que la presse n’en fasse une publicité intempestive.
- Des discrètes pressions auraient-elles été exercées par certains pour éviter qu’Alexandre Djouhri fasse état de quelques secrets bien gardés? L’homme de réseaux, au mieux avec les services algériens, résidait depuis plusieurs mois à Alger quand Emmanuel Macron s’y est rendu début 2017 lors de sa campagne électorale. Un mini scandale avait éclaté quand « le Canard Enchainé » avait révélé qu’iun personnage aussi mis en cause que Djhouri avait été invité à la réception donnée à l’Ambassade de France à cette occasion. Or ces dernières semaines, Alexandre Djhouri a fait savoir qu’il était en train de préparer un livre sur les relations franco-algériennes avec un grand connaisseur de la diplomatie secrète entre les deux pays et écrivain reconnu, Naoufel Brahimi El Mili. L’annonce d’une telle publication à venir a pu provoquer quelques inquiétudes en haut lieu
Sarko n’a eu que ce qu’il mérite après avoir mis la Lybie dans un état chaotique où une guerre tribale sans issue s’éternise. C’est la vengeance posthume de Kaddafi et la revenge des pois verts sans odeur en quelque sorte …