Le président de la Commission Electorale Nationale Indépendante, Issaka Souna, nomme comme président régional de l’institution dans la région de Zinder, Chaibou Moussa, un magistrat mis en cause pour corruption.
Une banale histoire de corruption, qui fleurit sur un banal contentieux commercial, révèle le niveau de la moralité des classes au pouvoir au Niger. Mais pire encore, la nomination d’un magistrat suspect pour superviser les élections illustre le faible niveau de crédibilité du processus électoral.
Chaibou Moussa, procureur du tribunal de grande instance de Zinder, supervisera le processus électoral dans l’une des régions les plus peuplées du Niger, qui est aussi le fief du candidat du parti rose au pouvoir, Bazoum Mohamed, candidat à la succession du Président Mahamadou Issoufou. Les Nigériens doivent voter, en décembre prochain, aux élections locales, législatives et présidentielles.
Or en novembre 2019, la Haute Autorité de lutte contre la Corruption (HALCIA) et la Commission nationale des droits humains (CNDH) ont toutes les deux été saisies par un plaignant accusant le procureur d’avoir emprisonné son frère à la demande de la partie adverse, moyennant un pot-de-vin.La victime, Mohamed Agali, et l’entreprise Hybat s’opposaient dans le cadre d’un litige privé. « Chaque jour, on promet d’instruire le dossier mais force est de constater que ça ne bouge pas. Et que Mohamed Agali continue de garder prison par la seule volonté d’un procureur qui a reçu de l’argent à cet effet », écrivait le plaignant le 28 novembre 2019.
Traces suspectes
La corruption a été établie par des pièces recueillies dans le cadre d’une réquisition de la même HALCIA, qui a pu retrouver les traces des transferts d’argent du corrupteur présumé au magistrat.