Ce soir, j’étais comme des milliers de Tunisiens et quelques étrangers dans une salle de cinéma de l’Avenue Habib Bourguiba. Le film touchait à sa fin quand des chuchotements ont envahi la salle. Puis les gens ont commencé à sortir. Je ne comprenais pas ce qui se passait puisque mon téléphone était éteint. Mon cousin qui n’était pas loin est venu me dire qu’il y avait eu un attentat avenue Mohamed V.
Je n’ai pas voulu le croire jusqu’à ce que l’agent de sécurité se jette sur moi en me demandant de partir immédiatement et en me confirmant la catastrophe. J’ai quitté la salle avec ma mère. En sortant, les gens étaient dans un état de panique et désarroi profond. Ils se poussaient dans les escaliers de la sortie de secours. Dehors, c’était la panique aussi. Les gens couraient dans tous les sens. Les policiers nous ont demandé de libérer le terre-plein central et de marcher sur la chaussée fermée aux voitures. Des véhicules de la police, des voitures de la protection civile roulaient dans tous les sens. Ce soir, j’ai vu des visages effrayés et des gens inquiets et perdus.
Le bilan est très lourd : on parle de 12 victimes et de plusieurs blessés. Mais ce bilan n’est pas définitif. Hier soir, au moins 12 familles ont perdu un être cher : des mamans, des enfants, des épouses, des fiancé(e)s. Ce soir, les diables ont de nouveau semé la terreur. Paix aux âmes de ceux qui nous ont quittés ce soir. Prompt rétablissement aux blessés de cet acte diabolique. Cependant, comme je le dis souvent, continuons à vivre. Continuons à aimer la vie. Continuons à aller au cinéma aussi. Ils veulent semer la terreur, semons la vie. Ne laissons pas la danse macabre se poursuivre, luttons, luttons et luttons…