C’était le 19 novembre dernier à Alger. Abdelaziz Bouteflika réapparaît à la télévision étatique algérienne pour démentir les rumeurs le donnant pour mort.
Il accueille ce jour-là le Premier ministre maltais, Joseph Muscat. Ce dernier était en visite officielle de deux jours en Algérie. L’audience s’est déroulée en présence du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, du ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra, du ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue des États arabes, Abdelkader Messahel, et du ministre de l’Industrie et des Mines, Abdesselem Bouchouareb.
Hola sur le départ forcé de Bachar
L’ambiance est plus que morose dans ce salon de la Résidence d’Etat de Zéralda où Bouteflika a pris ses quartiers depuis 2013 et son retour d’une longue hospitalisation en France. La visite de Muscat en Algérie survient quelques jours uniquement après les dramatiques attaques terroristes de Paris.
Abdelaziz Bouteflika aborde sans aucune gêne ce sujet et confie toutes ses inquiétudes, mais aussi ses colères, à son interlocuteur. « Vous savez, vous devriez vraiment demander à nos autres amis dirigeants européens de changer de politique en Syrie. Il est temps qu’ils prennent en compte nos conseils », lâche Bouteflika, nous confessent des sources proches de son entourage. Le Président algérien profite de la présence de son hôte pour adresser un message aux hauts responsables de l’Union Européenne. « Le Président Bouteflika a laissé entendre qu’il serait une folie de continuer à vouloir le départ forcé de Bachar Al-Assad. Les européens feront le jeu de Daech et lui offriront ainsi une magnifique occasion pour prospérer », souligne notre source très bien au fait des discussions qui ont eu lieu entre Bouteflika et Joseph Musca.
Le dirigeant maltais tendait une oreille attentive et fut surpris par la précision des informations avancées par Bouteflika. « Nos services ont confectionné tout un dossier où ils tirent la sonnette d’alarme : les jeunes des banlieues européennes partent en Syrie comme s’ils se rendaient dans un Club de vacances », fait remarquer le Président Algérien à son hôte. Joseph Muscat tente de défendre la politique de l’espace Schengen, mais reconnaît aussi des failles. Abdelaziz Bouteflika, éreinté, reprend son souffle, et revient à la charge : « Ne faites pas cette erreur ! La Syrie ne débarrassera pas l’Europe de ses foyers de délinquance. Ils reviendront aguerris et le coeur rempli de haine ».
Quelques jours à peine après les attaques terroristes de Paris, le locataire de la Résidence d’Etat de Zéralda à Alger fait le forcing pour amener l’Europe à tirer les leçons de l’expérience algérienne. « Au cours des années 80, les autorités algériennes ont laissé des centaines et des centaines de jeunes en Afghanistan pour se battre contre les russes. Elles croyaient qu’elles se débarrasseraient ainsi de ses éléments radicaux. Elles pensaient qu’ils allaient mourir écrasés par les chars russes. A la fin des années 80, ils reviennent super bien entraînés et encore plus radicalisés. Ces « Afghans » ont ensanglanté ensuite tout le pays. L’Europe est en train de commettre la même bêtise. C’était cela le message de Bouteflika à l’Europe », nous décrypte notre source. Un message que Joseph Musca s’est engagé à transmettre à Bruxelles.