L’ancien Président tchadien, Hissène Habré, a été autorisé par la justice sénégalaise, pour cause de lutte contre le coronavirus, à quitter son lieu de détention, alors qu’il purgeait une peine de prison à perpétuité, indiquent nos confrères d’Afrik.com.
C’est ce lundi 6 avril 2020 que l’ex-chef d’Etat tchadien, Hissène Habré, a été autorisé par la justice sénégalaise à quitter, pendant une durée de 60 jours, la prison du Cap Manuel, à Dakar, où il était détenu pour crimes contre l’humanité et purgeait une peine de prison à perpétuité. Raison évoquée : ce centre de détention doit abriter la quarantaine de prisonniers dans le cadre de la lutte contre le Coronavirus. L’ex-Président a quitté son lieu de détention, mais pour être assigné à domicile.
Pourtant, durant la semaine dernière, l’Association des victimes tchadiennes de Hissène Habré avait lancé l’alerte contre une éventuelle remise en liberté de l’ex-dirigeant, notamment en « ces temps troublés par le Covid-19 », reconnaissant que « les lieux de privation sont propices à la propagation du virus ». Prenant en compte cette éventualité qui fait peur, le collectif, par la voix de son président, Clément Abaïfouta, avait lancé l’alerte.
« Mais la détention de Hissène Habré ne correspond pas à la situation de risque de contamination au sein des prisons décrite par l’ONU. Hissène Habré est détenu seul dans une cellule, avec, comme il se doit, de bonnes conditions d’hygiène, et a accès au système de santé. Il n’est pas en contact avec d’autres détenus et ne risque donc pas d’être contaminé à cause de la promiscuité qui existe dans beaucoup de prisons. Il semble donc suffisamment protégé du virus », avait défendu Clément Abaïfouta.
Rappelant que l’ex-Président tchadien « a notamment été condamné pour crimes contre l’humanité, torture, esclavage forcé et pratique massive d’exécutions sommaires, soit des crimes qui nécessitent une sanction exemplaire », le collectif insistait que la présence de Hissène Habré « en prison est donc toujours justifiée, d’autant plus qu’il continue de refuser d’indemniser ses victimes ».
Sauf que les autorités sénégalaises sont passées outre. Confirmant cette libération, le ministre sénégalais de la Justice, Me Malick Sall, confirme l’information déclare que l’ancien Président est toujours en prison, précisant que « c’est le lieu de détention qui a juste changé ». Il a en outre indiqué que Habré a été transféré à son domicile. « Il est sous bonne escorte, il ne pourra pas se déplacer ».